Le Carême, jour par jour, avec Maurice Zundel
Prêtre suisse né en 1897 et mort en 1975, Maurice Zundel a été un prédicateur itinérant, peu connu de son vivant. Invité par le pape Paul VI, son ami, il prêcha une retraite de carême au Vatican en février 1972.
Le pape Paul VI a dit de Zundel qu’il «était un génie, génie de poète, génie de mystique, écrivain et théologien, et tout cela fondu en un, avec des fulgurations». Il est étonnant de constater à quel point la pensée de cet humble prêtre continue de rayonner; il est considéré comme un géant de la spiritualité chrétienne.
Voici 40 ‘mots’ ou ‘pensées’ de Zundel, extraits de ses écrits, homélies et conférences pour nous accompagner pendant ces 40 jours de Carême.
23. Dieu, première victime du mal
Comment la joie peut-elle éclater au sein de la tribulation et pouvons-nous, aujourd’hui, dans ce monde déchiré, nous livrer à la joie, l’hommage le plus essentiel de notre foi en réponse à la tendresse de Dieu ? C’est que derrière l’épreuve il y a l’Amour.
Que veut dire le signe de la Croix sinon que Dieu meurt d’amour pour ceux-là même qui refusent de l’aimer, qu’au fond de toute réalité, derrière toutes les catastrophes, il y a l’Amour, et davantage, que dans le mal, Dieu a mal.
La réponse chrétienne, c’est d’abord de montrer que le mal est infini, que, pour le comprendre, il faut lui donner des dimensions proprement divines. Le mal est finalement le mal de Dieu. Mais si c’est Dieu qui a mal, au coeur du mal, il y a donc cet Amour qui ne cessera jamais de nous accompagner. Davantage, il sera frappé avant nous, en nous et pour nous.
Cela apparaît possible dès que l’on se souvient de l’amour des mères. Une mère en pleine santé peut vivre la maladie de son enfant plus douloureusement que lui-même, en raison même de cette identification d’amour dont son amour est capable. Comment voulez-vous que l’amour de Dieu soit moins maternel?
C’est pourquoi aucun être n’est frappé sans que Dieu le soit en lui, avant lui, plus que lui et pour lui. Mais si le mal a cette dimension, alors il y a une blessure divine qui ne cesse de solliciter notre générosité.