Dimanche de la Pentecôte
Année A


Références bibliques

  • Lecture des Actes des Apôtres. 2. 1 à 11 : « Nous entendons dans nos langues proclamer les merveilles de Dieu. »
  • Psaume 103 : « Tu envoies ton souffle. Ils sont créés; tu renouvelles la face de la terre.»
  • Première lettre de saint Paul aux Corinthiens : 12. 3 à 13 : « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit. »
  • Evangile selon saint Jean : 20. 19 à 23 :  » Il répandit sur eux son souffle et il leur dit : recevez l’Esprit-Saint. »

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 20,19-23. 
C‘était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. 
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » 
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. 
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »


Pentecote

Pentecôte: Tout commence aujourd’hui
Homélie de Maurice Zundel

Vous vous rappelez la dernière question posée par les apôtres au jour de l’Ascension. Tandis que Jésus les invite à se recueillir et à attendre l’Esprit saint qu’il doit leur envoyer, la dernière question qu’ils lui posent, c’est: “Est-ce en ces temps-là que tu rétabliras le règne en faveur d’Israël?”

Et voilà la réponse aujourd’hui, la réponse inattendue et merveilleuse: le règne de Dieu, le royaume dans lequel Jésus veut nous introduire, il ne peut se construire, il ne peut advenir qu’au-dedans de nous. Le ciel, auquel nous sommes appelés, est justement un ciel intérieur à nous-mêmes, comme nous le dit le pape saint Grégoire: “Le ciel, c’est l’âme du juste”.

Et cette lumière est inépuisable; cette lumière est à suivre qui nous conduit du dehors au-dedans. Nous sommes tous esclaves du dehors. Nous voulons jouer un rôle, nous portons un masque, nous désirons exercer une influence, jouir d’une primauté, être loués et admirés et, tandis que nous poursuivons toutes ces exhibitions de nous-mêmes, nous perdons notre substance, nous devenons toujours plus extérieurs à nous-mêmes et nous finissons par n’être plus qu’une apparence d’existence.

Et voilà justement que la lumière de la Pentecôte nous ramène à l’essentiel, nous révèle notre dignité, notre vocation, notre grandeur, notre immortalité, nous révèle notre égalité, notre égalité dans les hauteurs, notre égalité dans l’amour, notre égalité dans le dépouillement, notre égalité dans la pauvreté, notre égalité dans le don de nous-mêmes.

Toute âme – l’âme d’un enfant qui vient de naître -, tout esprit humain est capable de cette immensité, est appelé à cette grandeur et doit devenir le Royaume de Dieu. Chacun de nous est appelé à avoir et à devenir un dedans… un dedans. Ce petit mot de rien du tout, comme il est merveilleux!

Quand Augustin dit à Dieu: “Tu étais dedans et moi j’étais dehors”, il nous fait sentir toute la grandeur de ce petit mot, être dedans, c’est-à-dire être soi-même une source, être soi-même une origine, être soi-même une valeur, un trésor, être soi-même un créateur, être soi-même tout un univers.

Pasternak l’a admirablement compris. Il a une page extraordinaire, bouleversante et magnifique, où il nous montre que les temps nouveaux sont arrivés, les temps de la grandeur. Là où l’on parle, comme dit Tagore, “de l’ivresse pour être”, les temps nouveaux sont advenus.

Jusqu’ici, on voyait des foules, on voyait des armées. Jusqu’ici, on assistait à la migration des peuples, on comptait par le nombre et par la multitude. Et maintenant, qu’est-ce qui se passe? Voilà l’Ange qui s’adresse à Marie, voilà le dialogue de l’Annonciation, voilà une toute jeune fille dont le “oui” est attendu, dont le “oui” est indispensable à l’accomplissement de la création et c’est dans le secret de son cœur que se décide le sort du monde.

Désormais, il ne s’agit plus de multitudes, il ne s’agit plus d’assemblées où l’homme est tumultueux. Il s’agit, maintenant, de ce secret d’amour qui se murmure au fond du coeur. Il s’agit maintenant de ce dedans où chacun est libéré du dehors, où chacun porte en lui son éternité, où chacun peut devenir, pour les autres, un espace illimité, un ferment de libération et de grandeur.

Rien n’est plus merveilleux, rien ne nous atteint plus profondément, parce que rien ne nous libère davantage. Être libre de soi…, mais c’est totalement impossible si on n’a pas trouvé, au fond de son cœur, cette Présence infinie qui est seule capable de nous combler, qui est le seul chemin vers nous-mêmes, le seul chemin vers les autres, la seule signification de tout l’univers. Nous avons donc à recueillir ce merveilleux héritage, à découvrir ce matin ce don infini de l’amour éternel.

Tout commence aujourd’hui. Comme les apôtres sont radicalement transformés quand ils cessent de se regarder, quand ils ne voient plus que le visage du Christ imprimé dans leur cœur!

Comme ils vont partir maintenant jusqu’au martyre, partir à la conquête du monde, nous aussi, nous pouvons aujourd’hui naître de nouveau et entrer dans cette immense aventure qui est de donner le monde à la lumière infinie et à l’amour éternel et de consacrer le monde au Christ qui a donné sa vie et qui la donne éternellement aujourd’hui.

Aujourd’hui, nous pouvons entrer dans cet immense amour dans la mesure, justement, où nous commençons par nous recueillir, où nous commençons par entrer dans ce silence infini où naissent toutes les vies. C’est ce silence qui est l’origine de toute grandeur, c’est dans ce silence que l’on découvre la Présence infinie, c’est dans ce silence que l’on naît à soi, c’est dans ce silence que l’on rencontre toutes les présences, c’est dans ce silence que l’on atteint jusqu’à la racine de soi et jusqu’à la racine des autres.

C’est donc dans ce silence que nous allons nous enfoncer, en demandant au Seigneur de nous communiquer la plénitude de son Esprit et de nous délivrer, enfin, de ce vieux moi qui est usé jusqu’à la corde, de nous donner un point de vue neuf qui soit simplement un regard d’amour vers lui.

Qu’il nous envoie pour donner simplement par notre présence, pour donner au monde cette joie, cette joie de Dieu, cette joie de l’éternel amour, cette joie du visage du Christ après laquelle toute la terre soupire.

Homélie de la messe de Pentecôte, 21 mai 1972, au Carmel de Matarieh, Le Caire.

http://www.mauricezundel.com

Esprit d’amour et de paix !

La fête de la Pentecôte frappe d’abord notre imagination : elle nous rappelle le coup d’éclat du Saint Esprit qui, au tout début de l’ère apostolique, décide de la mise en route de l’Église du Christ. La venue de l’Esprit se fait remarquer; elle est déterminante auprès des apôtres rassemblés à Jérusalem. L’événement fait du bruit. Un pareil coup de vent ne passe pas inaperçu. Les disciples ont vu du feu, des langues de feu, qui se posèrent sur chacun d’eux pour produire aussitôt des effets étonnants de communication en diverses langues.

L’événement de la Pentecôte sonne le coup d’envoi. Il est le signal de départ du grand voyage de la Parole. La mission confiée d’abord aux disciples, se doit d’être portée chez tous les peuples, partout dans le monde. C’est bien là le sens de la demande exprimée par le Christ à ses disciples et apôtres au jour de son ascension.

Nous comprenon que cette mission universelle, ce voyage de la Parole nous concerne tous. Le Seigneur s’étant engagé auprès des disciples à leur envoyer de l’aide, celle de l’Esprit Saint, cet Esprit nous est encore donné à tous et à chacun, chacune, pour l’annonce de la Bonne nouvelle à tout homme et toute femme de bonne volonté.  Oui, les merveilles de Dieu se doivent d’être proclamées dans toutes les langues. À chacun et chacune des croyants de se laisser remplir de l’Esprit Saint, à chacun, à chacune de s’exprimer selon le don de l’Esprit.

Les récits, autant celui de l’Évangile du jour que celui des Actes des Apôtres, nous parlent d’un Esprit qui s’introduit dans les lieux verrouillés; il nous rejoint dans nos prisons intérieures. Voici qu’il touche chacun dans sa propre réalité : Juifs ou étrangers, esclaves ou hommes libres, hommes ou femmes, vieux ou jeunes. Tous sont abordés personnellement; à tous le pardon est offert, en vue d’une totale réconciliation. Nous sommes tous invités à constituer sous l’influence de l’Esprit, le Corps du Christ ressuscité.

Aujourd’hui encore le Ressuscité souffle sur nous pour que nous soyons recréés de l’intérieur par le pardon et la paix. Le sacrement du Pardon et de la Réconciliation en témoigne sensiblement auprès du croyant. Voici que le souffle de Pâques se répercute dans nos vies pour accomplir une guérison.en nous personnellement. Mais ce pardon appelle de notre part un engagement. Le Christ lui-même nous envoie vers les autres. Comme autrefois pour les apôtres, il n’a pas soufflé sur nous pour rien : « Je vous envoie ». C’est bien ce qu’il nous dit à chacun Nous sommes devant lui et grâce à lui responsables de porter cette lumière du pardon dans tous les espaces enténébrés, dans tous les lieux fermés, là où l’espérance est en manque et où le cœur est en panne d’amour.

C’est à une bien grande aventure, toute intérieure d’abord, que nous sommes invités de participer dans l’unique Esprit, l’Esprit de Pentecôte.

Par Jacques Marcotte, o.p.
http://www.spiritualite2000.com

Pentecôte : L’insaisissable Esprit
Marcel Domergue

Quand nous disons que Dieu est Esprit, nous signifions, entre autres, qu’il nous échappe dès que nous voulons le saisir. Personne ne peut dire « j’ai le Saint-Esprit ». On ne le possède pas, il vient sans cesse à nous, toujours nouveau. En un sens, la Pentecôte est permanente avec, bien sûr, la possibilité pour nous de lui fermer nos portes. Il vient d’ailleurs et nous conduit ailleurs. À peine est-il venu sur Jésus, au baptême dans le Jourdain, que celui qui vient d’être déclaré Fils bien-aimé se met en route, « conduit par l’Esprit » vers le désert, ce lieu symbolique où l’homme, mis à l’épreuve, est sommé de choisir entre l’humain et l’inhumain.

À la Pentecôte, visités par ce souffle dont la légèreté et la mobilité prennent la figure de l’oiseau, les disciples voient s’ouvrir les portes de leur ghetto et franchissent leurs peurs pour aller à la rencontre du monde entier. Au départ, pour Jésus, l’Esprit qui fait choisir l’amour au prix de la vie ; solitude du désert et de la Croix. À la Pentecôte, l’Esprit qui arrache au tombeau de la maison verrouillée et enfante à la vie d’un Corps nouveau coextensif de l’univers.

La Pentecôte accomplit ce que promettait le baptême. C’est sans doute pour cela que l’Église a toujours hésité à séparer ou à unir les sacrements de baptême et de confirmation. L’Esprit, effusion de Dieu, est là au commencement, à la fin, et aussi tout au long du parcours. Mais cette fin n’est que l’achèvement d’un être humain désormais en route pour un nouvel avenir.

Jamais seuls

L’Esprit est le souffle de Dieu, ce vent qui, en Genèse 1, vole à la face de l’abîme liquide, figure du néant. Bien sûr, Dieu n’a pas de souffle matériel Souffle est ici symbole de la vie et aussi, si l’on peut dire, de sa sortie de lui-même. Au chapitre 2, voici que ce souffle divin est communiqué à l’homme, encore statue de terre, pour faire de lui un vivant. L’homme vit donc, pour ce texte, uniquement de la vie de Dieu. D’ailleurs ne peut-on dire que tout ce qui existe n’existe qu’en Dieu, que tout ce qui vit ne vit que par sa vie ? Ainsi, nous ne sommes jamais seuls : là où nous sommes, là se trouve Dieu.

Mais alors, que signifie la Pentecôte, si le souffle de Dieu est déjà en nous dès le départ ? Et que signifie la fin de l’évangile du jour, qui nous dit que l’Esprit n’avait pas été encore donné parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié ? Certes, nous avons commencé ce commentaire en disant que l’Esprit vient à nous en permanence, toujours nouveau ; et cela signifie que notre création se poursuit sans cesse, qu’elle nous est contemporaine. Qu’arrive-t-il donc de nouveau avec cette venue de l’Esprit dont parle le Nouveau Testament ? Justement la mise au monde d’un homme nouveau, d’une nouvelle humanité. C’est comme si l’Esprit de Dieu, qui nous fait vivre dès que vie il y a, n’avait pu trouver en nous l’accueil total de notre liberté. Que s’est-il donc passé avec la « glorification » du Christ, le Fils de l’homme ?

Nouvelle naissance

Ce que nous appelons « péché originel » peut correspondre à une sorte de réflexe de défense spontané qui nous visite dès que la conscience humaine s’éveille : peur de la vie, peur de l’autre que même les parents doivent aider l’enfant à surmonter à leur égard. La peur se pourvoit d’armes et c’est pourquoi l’Écriture fait commencer l’histoire de l’humanité par un meurtre. On le sait, cette hostilité mortelle des frères ennemis va courir tout au long du récit biblique : Jacob et Esaü, Joseph et ses frères, David et Saül et, finalement, le juif et le païen dont l’hostilité va cristalliser et figurer toute la violence humaine. Et voici qu’avec le Christ advient un homme qui va refuser de répondre à la violence par un recours à une seconde violence, qui va se soumettre à la volonté meurtrière des hommes. Avec lui, toute violence se trouve donc démentie : violence prédatrice, violence punitive, violence dominatrice, etc. Avec lui l’Esprit est accueilli dans le monde dans sa totalité et nous apprenons que cet Esprit, qui nous faisait déjà vivants, est Amour. Fin de la peur meurtrière! Du coup, l’humanité devient apte à constituer un corps unique en lequel nos différences se conjuguent au lieu de nous opposer (voir la seconde lecture de ce dimanche). À nous d’accueillir en notre liberté les suggestions unificatrices de l’Esprit d’amour.

https://croire.la-croix.com

Esprit de miséricorde, de paix, d’unité, et de Mission
Romeo Ballan mcci

La Pentecôte est la fête des merveilles! “Nous les entendons proclamer en nos langues les merveilles de Dieu”. En ce matin de Pentecôte (I lecture) la surprise met le trouble parmi les gens de Jérusalem et même des Apôtres. Tant de peuples différents (ils sont nommés au nombre de dix-sept), par leur culture mais aussi par leurs langues pourtant ils parlent un seul langage: unanimes ils proclament les grandes œuvres de Dieu (v. 8-11). L’Esprit Saint, qui vient de descendre sur la communauté réunie au Cénacle, est l’auteur de cette merveille, il est à l’origine de ce dépassement de Babel, il est également l’inspirateur de ce passage à une vie de communion fraternelle. A Babel, en effet, la confusion des langues avait provoqué la dispersion des peuples: chaque peuple voulant se construire une ville, se faire une renommée, en partant d’une attitude orgueilleuse et égoïste (Gn 11,1-9). Tandis que maintenant, à Jérusalem, par la présence de l’Esprit, des peuples différents sont en mesure de s’entendre, pour témoigner des grandes œuvres de Dieu. A Babel chaque peuple parlait une même langue, mais personne ne pouvait comprendre les autres. A la Pentecôte ils parlent des langues différentes, et pourtant tous se comprennent, comme s’ils parlaient une seule et même langue. Dans le cœur des hommes l’Esprit déplace leur centre d’ intérêt : ce n’est plus la recherche égoïste d’eux-mêmes ou de leur gloire qui les pousse à l’action, mais plutôt leur vie en Dieu, le désir de témoigner de ses œuvres, pour le bien de toute la famille humaine.

La fête juive de la Pentecôte était devenue, progressivement, le mémorial des grandes alliances de Dieu avec son peuple (avec Noé, Abraham, Moïse, Jérémie, Ézéchiel…). Mais maintenant, au cœur de la Pentecôte (v. 1), il y a surtout le don de l’Esprit, qui nous est donné comme principe définitif de vie nouvelle: Il est l’Esprit d’unité, de foi et d’amour, dans la pluralité des charismes et des cultures. La et la II° lecture intègrent bien l’unité et la diversité, qui sont deux dons du même Esprit: des peuples différents qui remplissent le monde entier comprennent un langage qui leur est devenu commun. Pour St. Paul, c’est clairement à l’Esprit que nous devons cette capacité de rendre l’Église une et multiple dans la pluralité des charismes, des ministères et des activités (v. 4-6). L’Esprit veut une Église riche de dons multiples, et unie; une Église qui n’efface pas, mais qui sait au contraire mettre en valeur les différences. Elles sont une richesse! L’Esprit met en œuvre la fraternité conviviale des différences: elle ne les annule pas, elle ne les aligne pas non plus, mais les purifie, les enrichit, les harmonise, les garde et les sauve.

L’Esprit Saint est le meilleur fruit de la Pâque mort (Jn 19,30) et résurrection de Jésus (Évangile). En effet le Seigneur Jésus le répand par son souffle sur les disciples: “Recevez l’Esprit Saint. Tous ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront pardonnés” (v. 22-23). C’est l’Esprit de la miséricorde de Dieu pour le pardon des péchés. Il est donc aussi l’Esprit de la paix: avec Dieu et avec les frères. Il est également l’Esprit de l’unité dans la pluralité. Il est l’Esprit de la mission universelle, ou plus précisément il est le protagoniste (RMi cap. III; EN 75s.) de cette mission que Jésus confie aux Apôtres et à leurs successeurs: “Comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie” (v. 21). Ces paroles lient pour toujours la mission des Apôtres et des fidèles chrétiens à la vie de la Trinité, le Fils étant lui-même le premier missionnaire que le Père a envoyé pour sauver le monde dans l’amour (Jn 15,9). (On peut revenir, utilement, sur les commentaires des dimanches II et VI de Pâques).

Le souffle de Jésus sur les Apôtres le soir de Pâques (v. 22) pour Jean c’est déjà Pentecôte. L’évangéliste veut évoquer par là la nouvelle création, oeuvre de l’Esprit. Un exégète renommé nous fait cette remarque: “ Le geste de souffler veut nous rappeler, en image, l’apparition d’une humanité nouvelle. Pourtant les apôtres, destinataires du geste de Jésus, sont considérés ici non comme point de départ d’une création nouvelle, mais plutôt comme les coopérateurs du Christ et de l’Esprit Saint dans la réalisation de ce projet grandiose. En effet, c’est bien en passant par leur médiation que les hommes sont appelés normalement à la vie nouvelle de Dieu, ainsi arrachés à la domination du péché” (A. Feuillet). En vérité, et même par des chemins qui nous sont inconnus, -nous dit le Concile- c’est l’Esprit qui agit dans les cœurs des personnes, même les non chrétiens, en vue de l’indispensable rencontre rédemptrice avec le Christ.

Dans le cadre de cette œuvre de l’Esprit, qui crée et renouvelle, son action peut aussi purifier et guérir aussi bien l’âme que le corps des personnes. Il s’agit d’une énergie réelle et efficace, et le monde missionnaire s’y relie, grâce à une sensibilité toute particulière qui lui est propre. Bien qu’elle soit souvent difficile à discerner. La guérison atteint souvent le corps, mais bien plus souvent l’esprit de la personne humaine. Ce sont les blessures intérieures qui sont surtout touchées, pour être guéries par le baume de la réconciliation et de la paix. Sur ce sujet si sensible, peut-être que l’Église, dans sa mission, devrait s’exprimer avec plus de courage et une plus grande créativité. Dans ce contexte de craintes si souvent excessives devrait s’imposer une plus large confiance en l’Esprit de Dieu.