Noël, fête de la Paix. Cette année nous allons fêter Noël dans un monde inquiet, angoissé, par endroits dévasté. Difficile d’oublier tous ces morts, tous ces assassinés, tous ces blessés, tous ces déportés, tous ces migrants qui ont tout perdu, leurs proches bien souvent et aussi leurs toits, leurs biens. Nous refusons de les accueillir mais il est impossible d’ignorer qu’ils sont là, à notre porte. Noël fête de la Paix ? Qui osera le dire cette année ? Même dans notre pays, hyper-protégé, qui déploie des militaires à chaque coin de rue pour nous faire croire que nous sommes en sûreté, notre pays totalement engoncé dans son refus de l’autre qui lui fait peur, notre pays qui se prépare à voter pour ceux qui le rassurent, le cajolent, quel qu’en soit le prix, même dans notre pays nous repoussons les vraies questions que toute personne devrait poser et se poser pour ne pas perdre sa part d’humanité. Il va être difficile de fêter un Noël de paix.
Noël, fête de la lumière. C’était déjà le cas avant le christianisme avec la fête du solstice, tellement les hommes ont besoin d’être éclairés, et pas seulement par les rayons du soleil, mais sur leur vie, sur l’avenir qu’ils construisent, sur la direction que le monde prend. Le Messie est venu apporter la lumière. Accepterons-nous cette lumière sur le monde et sur nous-mêmes ou le « Prince des ténèbres » va-t-il gagner ? C’est à la lumière de Noël que les chrétiens peuvent mesurer leur relation avec Dieu. La première chose que cette lumière leur montre est que la réponse de Dieu, dans ce monde injuste et cruel, se trouve dans son impuissance. Dieu ne vient pas nous juger, nous apporter la crainte ou la peur, il vient s’offrir dans son impuissance. Cet enseignement éclaire le monde d’un jour nouveau qui va à l’encontre de ce que nous constatons. Cet enseignement vaut aussi pour ceux qui ne croient pas car il touche à la Sagesse du monde. Si la force est nécessaire, la puissance ne peut pas être une réponse aux maux du monde. Si nous l’acceptons, cette lumière va bouleverser nos vies. De même que le bébé de la crèche, totalement impuissant, obtient tout de sa mère, de même Dieu attend tout de nous, mais n’exige rien. Ce n’est que par le don, totalement gratuit, que nous pouvons répondre au monde qui nous entoure.
Noël, fête des cadeaux. Le don que Dieu nous fait de sa personne est symbolisé par les cadeaux que nous faisons à nos enfants… laissons de côté les cadeaux aux adultes qui sont malheureusement souvent des objets de pouvoir ou de séduction, sans gratuité, cadeaux à des adultes qui sont allés jusqu’à organiser des sites pour revendre ce qu’on leur a offert ! Saint Nicolas, dans l’Est de la France, dans les pays d’Europe Centrale, apporte aussi des cadeaux en décembre. Mais il apporte aussi un martinet pour les enfants pas sages ! À Noël il n’en est rien. Les cadeaux ne sont pas une récompense, sage ou pas l’enfant les recevra. Ils sont un don gratuit, signes d’un amour gratuit. Quel malheur d’entendre parfois menacer des enfants de ne rien recevoir à cause de leur comportement ! C’est rentrer dans un marchandage, alors que Noël, fête du don par Dieu de sa personne à tous les hommes, est le jour du don offert sans calcul, sans retour, totalement gratuit.
Ce don gratuit nous a été annoncé par St Paul (Romains 3,23-24) : « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, et tous sont justifiés gratuitement par sa grâce ».
Alors si notre espérance, plus forte que la mort, se trouve dans ce don gratuit que Dieu nous révèle à Noël, si nos cœurs s’ouvrent à la lumière qui retourne nos vies en les ouvrant au don, alors malgré toutes les souffrances évoquées nous pouvons fêter joyeusement Noël, manger, boire, danser, il n’y a pas de limite à l’expression de la joie et de la reconnaissance !
M.D.
Noël 2016