33ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année C
Luc 21,5-19

Références bibliques
- Lecture du livre de Malachie : 3. 19 à 20 : “Le Soleil de Justice se lèvera et apportera la guérison dans son rayonnement. »
- Psaume 97 : “ Acclamez le Seigneur, car il vient. »
- Lecture de la seconde lettre de saint Paul aux Thessaloniciens: 3. 7 à 12 : “Qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné.
- Evangile selon saint Luc : 21. 5 à 19 : “C’est par votre persévérance que vous êtes maîtres de votre vie. »Lecture
En ce temps-là, comme certains parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara :
« Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. »
Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? »
Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : “C’est moi”, ou encore : “Le moment est tout proche.” Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. »
Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel. »
Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. Cela vous amènera à rendre témoignage.
Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer.
Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »
TEMPS DE CRISE
José Antonio Pagola
Dans les évangiles sont rassemblés quelques textes apocalyptiques dans lesquels il n’est pas facile de faire la différence entre le message que l’on peut attribuer à Jésus et les préoccupations des premières communautés chrétiennes, impliquées dans des situations tragiques alors qu’elles attendent la fin des temps dans l’angoisse et les persécutions.
Selon le récit de Luc, les temps difficiles ne doivent pas être des moments de lamentations et de découragement. Ce n’est pas non plus l’heure de la résignation ou de la fuite. L’idée de Jésus en est tout autre. Précisément en temps de crise, dit-il, «vous aurez l’occasion de témoigner». C’est alors que l’on nous offre la meilleure occasion de témoigner de notre engagement envers Jésus et son projet.
Cela fait déjà longtemps que nous souffrons d’une crise qui frappe durement de nombreuses personnes. Ce qui s’est passé pendant ce temps nous permet de connaître déjà de manière réaliste les dommages sociaux et la souffrance que cette crise génère. Le temps n’est-il pas venu de réfléchir à la façon dont nous réagissons?
La première chose à faire est peut-être de revoir notre attitude de base: est-ce que nous nous sommes positionnés de manière responsable, en suscitant en nous-mêmes un sentiment fondamental de solidarité, ou vivons-nous en tournant le dos à tout ce qui peut perturber notre tranquillité? Que faisons-nous à partir de nos groupes et de nos communautés chrétiennes? Nous sommes-nous donnés une ligne d’action généreuse ou vivons-nous en célébrant notre foi indépendamment de ce qui se passe?
La crise a provoqué une fracture sociale injuste entre ceux d’entre nous qui peuvent affronter sans crainte l’avenir et ceux qui sont restés exclus de la société et privés d’une issue décente. Ne sentons-nous pas l’appel à introduire quelques «restrictions» dans notre propre vie pour pouvoir vivre les prochaines années d’une manière plus sobre et solidaire?
Peu à peu, nous connaissons mieux ceux qui deviennent de plus en plus vulnérables et démunis (familles sans aucun revenu, chômeurs de longue durée, immigrés malades…). Sommes-nous soucieux d’ouvrir nos yeux pour voir si nous pouvons nous engager à soulager la situation de quelques-uns? Pouvons-nous penser à quelque initiative réaliste à lancer à partir de nos communautés chrétiennes?
Nous ne devons pas oublier que la crise ne crée pas seulement un appauvrissement matériel. Elle génère aussi l’insécurité, la peur, l’impuissance et l’expérience de l’échec. Elle brise des projets, fait couler des familles et détruit l’espérance. Ne faut-il pas retrouver l’importance de l’aide entre familles, du soutien entre voisins, de l’accueil et de l’accompagnement de la communauté chrétienne…? Peu de choses peuvent être plus nobles dans ces moments-là que de nous appliquer à prendre soin les unes des autres
La source de la violence
par Marcel Domergue
Pourquoi l’union finale du rassemblement de l’humanité dans l’amour est-elle précédée par son contraire, la division généralisée ? Remarquons d’abord que si le Royaume de Dieu, ce règne de l’amour, n’existe pour nous qu’à titre de promesse, par contre nous faisons chaque jour l’expérience de catastrophes apocalyptiques ; il suffit d’ouvrir les journaux pour s’en convaincre. Jésus, à première vue, annonce, dans un style imagé, ces malheurs comme s’ils frappaient l’humanité en venant d’ailleurs, de façon arbitraire. En réalité ils ne sont pas envoyés par Dieu ; ils sont le fruit des comportements de la liberté humaine dans nos relations mutuelles et dans nos manières de dominer la nature, cette création remise entre les mains de l’homme dès le commencement. En ce qui concerne nos conflits, constatons qu’il y a en nous un vertige de la violence, qui provient en fin de compte de la peur qui est le contraire de la foi. Peur de ne pas assez exister, de ne pas trouver sa place. Tentative de se rassurer sur soi-même en cherchant à être le premier, le meilleur. Volonté de domination qui revient à l’ambition d’occuper la place de Dieu, même inconsciemment. Telle est la tentation que Genèse 3 met à la source du malheur de l’homme. Il n’y a pas d’union possible quand chacun nourrit l’ambition de dominer. C’est ce règne de la peur égoïste que vient remplacer le Règne de l’amour qui, loin de détruire, crée.
Vers la guerre déclarée aux artisans de paix
L’Apocalypse est donc actuelle. Elle est de toujours et de partout. Et sans cesse s’établit le Royaume de Dieu. « Les temps sont accomplis », a dit Jésus. Déjà là, le Royaume est pourtant constamment à rétablir. Il dépend en effet de l’accueil de notre liberté, une liberté changeante, capricieuse jusqu’à l’heure de notre mort. Parvenant à la fin de son temps, chacun se voit pour ainsi dire transporté à la fin des temps, au seuil du Royaume. Pourtant, nous pouvons déjà faire exister ce Royaume sur terre. Les auteurs spirituels, non sans quelques excès, ont souvent parlé de « mourir à soi-même ». Traduisons : passer du culte de soi-même au culte de cet Autre qui vient nous rencontrer en tous les autres. Bref, le Royaume de Dieu est là dès qu’un homme se comporte avec bienveillance vis-à-vis d’un autre, familier ou étranger. L’accueil de l’autre est accueil de Dieu. C’est justement cet accueil bienveillant des autres qui fait difficulté. Nous avons en effet peur de nous perdre, de nous oublier et nous nous mettons instinctivement en posture de défense. Nous voici alors au seuil de la violence. Refuser d’entendre l’autre, détourner son regard, vouloir l’ignorer, c’est déjà le supprimer, l’éliminer de notre univers. Mais si vous vous mettez à « prêcher » la paix, la confiance, l’accueil bienveillant des autres, le don de soi mutuel, vous serez pris pour un rêveur, un utopiste. Vous serez ignoré ou méprisé, voire même considéré comme un ennemi à supprimer.
Résilience et persévérance !
Jacques Marcotte, o.p.
Des annonces de catastrophes qui reviennent chaque année. Avouons qu’elles nous troublent un peu. Comme certains disciples de Jésus nous allumons vite sur les scénarios de fin du monde. Et nous avons peur. Et nous voulons savoir quand et comment tout cela va arriver. Or ce n’est pas de ces détails que Jésus veut nous parler. Il s’en défend même à plusieurs reprises. Il nous parle de la fin d’un monde, une fin commencée depuis longtemps, qui dure encore et qui n’est peut-être pas près de finir. Le monde présent va faire place à quelque chose d’autre, de nouveau, qui émerge lentement et sûrement.
Toutes les images utilisées par Jésus ont comme but premier de nous provoquer à renouveler notre regard et notre approche sur ce que nous vivons présentement. Jésus nous exhorte à la patience et à la persévérance au milieu des épreuves : « Mettez-vous dans la tête que vous n’avez pas à vous soucier de votre défense… Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ».
Les événements dont Jésus nous parle ressemblent beaucoup à ce que nous voyons aujourd’hui. Rien de nouveau sous le soleil, dirions-nous. Nous sommes sollicités constamment par des faits qui nous rappellent nos fragilités. Que ce soit au plan de nos vies personnelles, de nos vies familiales. Des drames surviennent. C’est le deuil, une rupture, une maladie, l’impasse dans nos relations, dans nos projets. Au plan personnel donc, mais aussi au plan collectif. Dans la société. Et même dans notre expérience de vie en Église. Nous étions fiers de notre monde, fiers de nos réalisations, fiers de notre générosité, fiers de ce que nous avions bâti ensemble. Et voici que tellement de choses craquent, s’écroulent et nous échappent. Serions-nous en train de tout perdre, de disparaître? Qui peut espérer s’en sortir? Qui est assez solide et capable pour résister à tous les assauts, à toutes ces épreuves ?
C’est pourtant ce à quoi Jésus nous engage : résister, persévérer. Il nous rappelle que nous ne sommes pas seuls. Menacés, nous pouvons tenir. Lui-même n’a-t-il pas connu la souffrance, l’épreuve du rejet, de la persécution et de la mort ? Il n’est pas resté enfermé dans la mort. L’épreuve, il l’a vécue dans l’obéissance et la fidélité de l’amour. Et ce fut pour lui un passage vers la vie. Notre foi nous donne d’en être les témoins après bien d’autres : à la suite du Ressuscité, à son appel, nous vivons de lui. Notre condition de disciple du Christ ne nous dispense pas de l’épreuve, bien au contraire, mais c’est dans la foi, l’espérance et l’amour que nous tenons le coup. S’il y a des temps et des moments où les événements nous bousculent davantage, c’est qu’il nous faut déployer encore plus de foi, d’espérance et d’amour.
La parole de ce jour nous appelle donc à vivre le présent avec un regard et un cœur et des ressources renouvelés dans la grâce du Christ. Vivons donc engagés plus que jamais, mais déjà ancrés dans l’avenir que Dieu nous a préparé en son Fils. Dans nos vieillissements et nos brisures nous sommes amenés à revenir sans cesse à notre vraie jeunesse, la jeunesse éternelle du Christ. N’allons pas considérer notre vie présente comme quelque chose que l’on doit subir en attendant la fin, mais comme une réalité orientée vers le Royaume. L’enjeu n’est pas tant de guetter les signes de la fin que de passer déjà, animé par la foi, l’espérance et la charité, dans le monde nouveau à travers les douleurs de son enfantement. Voilà le sens de notre vie présente et de toutes nos persévérances ! « Ne vous effrayez pas; par votre persévérance vous obtiendrez la vie. »
http://www.spiritualite2000.com
Vers les vraies questions
Pape Francois
L’Évangile de ce dimanche (Lc 21, 5-19) consiste dans sa première partie en un discours de Jésus : celui sur les derniers temps. Jésus le prononce à Jérusalem, près du temple ; et son point de départ lui est justement donné par les gens qui parlaient du temple et de sa beauté. Car ce temple était beau. Alors Jésus dit : « De ce que vous contemplez, viendront des jours où il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit jetée bas » (Lc 21, 6). Naturellement, ils lui demandent : « Quand cela arrivera-t-il ? Quels en seront les signes ? ». Mais Jésus déplace l’attention de ces aspects secondaires — quand cela aura-t-il lieu ? Comment cela aura-t-il lieu ? — vers les vraies questions. Et il y en a deux. Premièrement : ne vous laissez pas tromper par de faux messies et ne vous laissez pas paralyser par la peur. Deuxièmement : vivre le temps de l’attente comme un temps de témoignage et de persévérance. Et nous sommes dans ce temps de l’attente, de l’attente de la venue du Seigneur.
Ce discours de Jésus est toujours actuel, pour nous aussi qui vivons au XXIe siècle. Il nous répète : « Prenez garde de vous laisser abuser, car il en viendra beaucoup sous mon nom » (v. 8). C’est une invitation au discernement, cette vertu chrétienne de comprendre où est l’esprit du Seigneur et où est le mauvais esprit. Aujourd’hui aussi, en effet, il y a de faux « sauveurs », qui tentent de se substituer à Jésus : des leaders de ce monde, des gourous, également des sorciers, des personnages qui veulent attirer à eux les esprits et les cœurs, spécialement ceux des jeunes. Jésus nous met en garde : « Ne les suivez pas ! ». « Ne les suivez pas ! ».
Et le Seigneur nous aide aussi à ne pas avoir peur : face aux guerres, aux révolutions, mais aussi aux catastrophes naturelles, aux épidémies, Jésus nous libère du fatalisme et des fausses visions apocalyptiques.
Le second aspect nous interpelle précisément comme chrétiens et comme Église : Jésus annonce des épreuves douloureuses et des persécutions que ses disciples devront subir à cause de lui. Cependant, il assure : « Mais pas un cheveu de votre tête ne se perdra » (v. 18). Il nous rappelle que nous sommes entièrement entre les mains de Dieu ! Les adversités que nous rencontrons à cause de notre foi et de notre adhésion à l’Évangile sont des occasions de témoignage ; elles ne doivent pas nous éloigner du Seigneur, mais nous pousser à nous abandonner encore plus à Lui, à la force de son Esprit et de sa grâce.
En ce moment, je pense, et nous pensons tous. Faisons-le ensemble : pensons à tous ces frères et sœurs chrétiens qui souffrent des persécutions à cause de leur foi. Ils sont si nombreux. Sans doute beaucoup plus qu’aux premiers siècles. Jésus est avec eux. Nous aussi, nous sommes unis à eux par notre prière et notre affection. Nous avons aussi de l’admiration pour leur courage et leur témoignage. Ce sont nos frères et sœurs, qui, dans tant de parties du monde, souffrent en raison de leur fidélité à Jésus Christ. Nous les saluons de tout cœur et avec affection.
À la fin, Jésus fait une promesse qui est une garantie de victoire : « C’est par votre constance que vous sauverez vos vies » (v. 19). Quelle espérance dans ces paroles ! Elles sont un appel à l’espérance et à la patience, à savoir attendre les fruits certains du salut, en ayant confiance dans le sens profond de la vie et de l’histoire : les épreuves et les difficultés font partie d’un dessein plus grand; le Seigneur, maître de l’histoire, conduit tout à son accomplissement. En dépit des désordres et des catastrophes qui troublent le monde, le dessein de bonté et de miséricorde de Dieu s’accomplira! Voilà notre espérance : aller ainsi, sur ce chemin, selon le dessein de Dieu qui s’accomplira. Telle est notre espérance.
Ce message de Jésus nous fait réfléchir sur notre présent, et nous donne la force de l’affronter avec courage et espérance, en compagnie de la Vierge, qui toujours marche avec nous.
Angelus 17/11/2013
Un Père aimant qui prend soin de nos cheveux…
Romeo Ballan, mccj
La fin du monde, ou bien la finalité (le but, le sens) liée à l’existence du monde? La parole de Jésus (Evangile) est-elle réellement catastrophique, ou s’agit-il plutôt d’une révélation d’un mystère d’amour qui promet la vie du cosmos? La conclusion déjà imminente de l’année liturgique et de l’année civile, inspire le choix de textes bibliques complexes, où différents niveaux de sens se juxtaposent. Ainsi la destruction de la jolie ville de Jérusalem (v. 6), des guerres entre les peuples, des tremblements de terre et autres événements calamiteux, de grands signes dans le ciel peuvent porter à penser que la fin de la planète est imminente (v. 9-11). Luc a recours à un langage aux tons très accentués, on dirait même brûlants, selon l’expression du prophète Malachie (I lecture), qui adresse ses reproches aux impies et aux orgueilleux: ils brûleront comme la paille (v. 19). Tandis que le Seigneur protègera sous ses rayons bénéfiques ceux qui craignent son nom (v. 20). Le genre littéraire connu comme ‘apocalyptique’, typique de ces lectures, est moins destiné à nous faire peur qu’à nous ouvrir sur une révélation d’un message de salut. En effet ‘Apocalypse’ veut dire ‘révélation’, dévoilement. Parce que la Parole de Dieu, même dans son genre apocalyptique, est toujours porteuse de lumière, et évalue la vie des hommes dans le sens du salut et de la consolation. Elle se rend plus proche de nous surtout dans les épreuves qui accompagnent la vie et la foi.
La communauté qui est destinataire de l’Evangile de Luc (dans les années 70-80, environ) vivait une longue souffrance faite de persécution et de mort (de la part de l’empire, la synagogue, les tribunaux…,v.12), mais aussi de fragilités et faiblesses connues à l’intérieur de la communauté même (apostasies, trahisons, haine…). Toujours à cause du nom de Jésus (v. 17). D’où les paroles de Luc, qui nous rappelle l’enseignement de Jésus mettant les croyants sur leurs gardes: attention aux annonces trompeuses et ambiguës (v. 8), attention à ne pas se laisser terroriser par l’avènement de guerres et de révolutions (v. 9). Les persécutions seront plutôt un temps de grâce, un kairòs, une opportunité de rendre témoignage au nom de Jésus (v. 13), dans la certitude de son assistance spéciale: le moment venu, le Seigneur mettra sur leurs lèvres des paroles de sagesse (v. 15). Et pour les rassurer, il a recours à une dernière image, qui n’est vraiment pas banale: même les cheveux de votre tête sont tous comptés, parce que tous importants (v. 18). Dieu qui ‘perd son temps’ à compter le nombre de cheveux que nous avons sur la tête! Si Dieu prend soin même des fragments, s’il met sa toute puissance au service même de petites choses, s’il est un Père qui prend soin des oiseaux du ciel et des fleurs de lys dans les champs (Mt 6,26s), combien plus prendra-t-il soin de ses enfants! D’où l’invitation adressée aux chrétiens à persévérer dans l’épreuve, qui est dure, mais destinée au bonheur final (v. 19), le soutien éternel et providentiel du Père étant promis. L’histoire des martyrs de toute époque (de quelques uns d’entre eux nous faisons mémoire ces jours-ci: Cécile le 22, Augustin Pro le 23, les martyrs du Vietnam le 24) revient comme preuve à l’appui, pour garantir de la vérité et de la fidélité de la Parole de Jésus. C’est Lui le soutien promis à ceux qui lui rendent témoignage.
L’histoire de l’évangélisation du monde connaît de très nombreux signes de cette présence aimante du Seigneur auprès de ses enfants. Les épreuves passent, et la mission s’étend: les fruits demeurent comme des signes de vie. Dans la vigne du Seigneur il y a de la place et du travail pour toutes les bonnes volontés. Paul invite les fidèles de Thessalonique (II lecture) à mettre leurs capacités à contribution, pour le service des autres. Il les invite donc, par là, à ne plus vivre “dans l’oisiveté, affairés à ne rien faire” (v. 11). Et pour finir, l’apôtre n’hésite pas à se proposer “comme exemple à suivre”, parce que “dans la fatigue et la peine, nuit et jour, nous avons travaillé pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous” (v. 8–9). Un rappel à l’ordre, sans doute, et un idéal de conduite pour tout ouvrier de l’Evangile!