22ème Dimanche du Temps Ordinaire (C)
Luc 14,1.7-14

Références bibliques :

  • Lecture du livre de Ben Sirac le Sage 3, 1-29 : « Accomplis toute chose dans l’humilité. »
  • Psaume 67 :  « Béni soit le Seigneur ! Il élève les humbles. »
  • Lecture de la lettre de saint Paul aux Hébreux 12, 18-24 : « Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur de l’Alliance nouvelle. »
  • Evangile selon saint Luc : 14, 1.7-14 :  « Tu seras heureux car ils n’ont rien à te rendre. »

Un jour de sabbat,
Jésus était entré dans la maison d’un chef des pharisiens
pour y prendre son repas,
et ces derniers l’observaient.
    Jésus dit une parabole aux invités
lorsqu’il remarqua comment ils choisissaient les premières places,
et il leur dit :
    « Quand quelqu’un t’invite à des noces,
ne va pas t’installer à la première place,
de peur qu’il ait invité un autre plus considéré que toi.
    Alors, celui qui vous a invités, toi et lui,
viendra te dire : ‘Cède-lui ta place’ ;
et, à ce moment, tu iras, plein de honte, prendre la dernière place.
    Au contraire, quand tu es invité,
va te mettre à la dernière place.
Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira :
‘Mon ami, avance plus haut’,
et ce sera pour toi un honneur
aux yeux de tous ceux qui seront à la table avec toi.
    En effet, quiconque s’élève sera abaissé ;
qui s’abaisse sera élevé. »
    Jésus disait aussi à celui qui l’avait invité :
« Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner,
n’invite pas tes amis, ni tes frères,
ni tes parents, ni de riches voisins ;
sinon, eux aussi te rendraient l’invitation
et ce serait pour toi un don en retour.
    Au contraire, quand tu donnes une réception,
invite des pauvres, des estropiés,
des boiteux, des aveugles ;
    heureux seras-tu,
parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour :
cela te sera rendu à la résurrection des justes. »


Invite les pauvres

La scène évoquée par la parabole de notre évangile a peu de chances de se produire de nos jours. Et du temps de Jésus ? Ce n’est pas sûr. Peu importe, l’essentiel n’est pas là. Bizarrement Jésus nous invite à enfreindre la justice et la logique, car enfin il n’est pas normal que cet invité aille prendre la dernière place puisque son hôte juge qu’il doit « monter plus haut ». Les hommes ont mis de l’injustice dans le monde. Dieu va-t-il autoritairement rétablir l’ordre ? Pas du tout, il va au contraire entrer dans l’injustice humaine, se faire injuste. En effet, si Dieu s’en tenait à la justice, nous serions tous condamnés. L’injustice de Dieu s’appelle pardon, pardon sans raison, injustifié. C’est pourquoi le Fils, qui devrait logiquement occuper la première place, vient prendre la dernière. Une fois de plus il faut se souvenir de Philippiens 2,5-11 : « Lui, de condition divine, n’a pas voulu faire valoir son égalité avec Dieu mais il s’est anéanti lui-même, prenant condition d’esclave… » C’est pourquoi, continue le texte, Dieu lui a donné le nom au-dessus de tout nom, le nom divin, imprononçable. Remarquons que ce passage de la lettre aux Philippiens est construit selon un schéma absolument identique à celui de notre parabole. L’injustice des hommes va conduire à la crucifixion de Jésus, l’injustice de Dieu va consister à venir prendre, en son Fils, cette place choisie pour lui par l’injustice humaine.

L’orgueil est un faux remède à la crainte

La première place ? Qu’est-ce qui se cache derrière la recherche de la première place ? La première lecture nous dit : l’orgueil. Mais qu’est ce que l’orgueil ? Dans bien des œuvres littéraires, l’orgueil est loué comme une vertu. En fait, l’orgueil est le résultat d’une démarche mentale pour conjurer la peur primordiale de manquer, de ne pas être assez, de n’avoir pas assez de consistance. L’orgueil est un faux remède à la crainte, le vrai remède étant la foi. L’orgueil nous donne l’illusion de valoir par nous-mêmes alors que la foi nous fait compter sur un autre, sur d’autres. L’orgueil isole, la foi relie. L’orgueil nous fait croire que notre valeur dépasse celle des autres (première place), que ce que nous ne connaissons pas ou connaissons mal est méprisable. L’orgueilleux a toujours raison.

Le plus grand est celui qui écoute

Pour lui, tous les autres sont en quelque sorte des vassaux. Nous retrouvons tout cela dans nos lectures, mais la dernière phrase du texte de Sirac peut nous déconcerter : « L’idéal du sage est une oreille qui écoute. » C’est que l’orgueilleux, contraire du sage, trouve tout, croit tout trouver, en lui-même. Le sage, lui, sait qu’il a besoin de l’autre, du différent, et se laisse instruire, modifier, par la parole de l’autre. Nous sommes loin d’une leçon de morale sur l’orgueil et l’humilité ; il s’agit d’exister en vérité ou d’être aveuglés par l’erreur. Le plus grand est celui qui écoute.

Retour à l’équilibre

L’orgueilleux a sa récompense : lui-même en sa valeur. Comment peut-il perdre de vue qu’il est promis à la mort et qu’il ne pourrait trouver permanence que dans un Autre ? Prenons le mot récompense en son sens de compensation, de rétablissement d’une équité perdue. Il est évident que le premier qui se fait le dernier, le seigneur qui se met en condition d’esclave mettent au monde une « injustice ». La balance, dont les plateaux devraient s’équilibrer, penche d’un côté. La conduite de celui qui, à l’image du Christ, se met dans la situation de celui qui sert, crée un déséquilibre qui doit être compensé pour que tout retrouve sa juste place, un vide qui doit être comblé, comme va se trouver comblé le vide qui précède, si l’on peut dire, la création. Dieu va compenser, re-compenser, la béance creusée par celui qui n’a pas voulu prendre ce à quoi il avait droit. Ainsi pour l’invité qui se met à la dernière place. Ce thème est largement développé dans le discours sur la montagne, en Matthieu 6,1-18. Ceux qui font l’aumône, prient ou jeûnent pour se faire admirer obtiennent l’admiration désirée : ils ont leur compensation. Au contraire ceux qui agissent dans le secret pour Dieu et les autres créent un déséquilibre. C’est le Père qui compensera. Ainsi sera rétablie la justice. Mais pour cela, on l’a dit, il faudra que le Père se soumette à notre injustice. Imitons-le.

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Notre évangile comporte deux parties. L’une concerne l’invité, l’autre l’invitant. Dans les deux cas, il s’agit d’un repas, de nourriture, c’est-à-dire du rapport à la nature qui nous alimente, et aux hommes avec lesquels nous partageons le pain (signe de fraternité, d’unité) quand nous ne nous battons pas avec eux pour nous en emparer. Manger ou ne pas manger, là est la question. C’est dans ce contexte, fondamental, que Jésus va parler. Dans la première partie il s’agit donc des invités. Celui qui va se mettre à la première place est, littéralement, déplacé : il n’est pas là où il devrait être. Celui qui va prendre la dernière place est, lui aussi, « déplacé ». Conclusion : il ne nous appartient pas de décider nous-mêmes de notre place, de nous préoccuper de notre valeur réelle ou aux yeux des autres. Nous devons nous libérer de ce souci et laisser au Maître invitant le soin de nous placer ou de nous déplacer. Cela suppose de notre part une attente. Où que nous soyons, nous sommes dans le provisoire : nous ne trouverons notre vraie place que dans la « vie éternelle ». N’imaginons pas que Dieu va nous « élever » au cours de notre histoire. Notre vie actuelle doit être vécue sous le signe du service. Notons que seul celui qui a pris la dernière place se trouve en fin de compte là où le maître voulait qu’il soit. Bien entendu nous avons à transposer tout cela dans le concret de notre existence, de nos relations avec les autres. Décidons-nous de dominer ou de servir ? La question n’est pas si simple, car la volonté de dominer se cache souvent sous le masque du service.

La place de celui qui sert

La première attitude caractéristique de l’esprit de service, esprit qui n’est autre que celui de Dieu, est de permettre aux autres d’être tels qu’ils sont, tels que l’hérédité, l’éducation, les épreuves les ont constitués. Chacun de nous est comme le point de convergence de tous ces apports extérieurs qui nous construisent dans la mesure où nous les faisons nôtres, ce qui peut d’ailleurs se faire à notre insu. Nous avons donc à les accueillir chez les autres comme en nous-mêmes. Cela dit, l’esprit de service peut quelquefois nous amener à inciter quelqu’un à changer. Ainsi Jean Baptiste, quand il reproche à Hérode son adultère. Pour nous, cela suppose réflexion et consultations. Et du courage : on sait ce que cela a coûté à Jean Baptiste. En règle générale, il s’agit avant tout de rendre service, d’aider à vivre. Comprenons que nous ne pouvons nous dire disciples du Christ que s’il ne s’agit pas là d’une préoccupation parmi d’autres, mais si la volonté de servir occupe le premier plan. Par là, nous commençons à ressembler à Dieu, donc à exister pour de bon. Nous voici du coup à la première place, puisque nous ne faisons qu’un avec celui qui est venu occuper la dernière. Précisons : dès qu’il est question dans nos textes de repas, de nourriture, nous pouvons y voir une allusion au dernier repas du Christ, qui récapitule tous les autres repas. Là, Jésus prend la dernière place : il se fait le serviteur qui lave les pieds des convives. Il se donne lui-même en nourriture. Sur la Croix, il prend place parmi les coupables rejetés et finalement descend « aux enfers », plus bas que terre. C’est pourquoi Dieu lui donne le Nom au-dessus de tout nom et l’installe à la première place.

Lorsque tu invites…

Après nous avoir assimilés aux invités, Jésus nous met à la place de celui qui invite. En principe, celui-ci a le beau rôle et fait passer les convives au rang de débiteurs. Ne devront-ils pas renvoyer la balle ? Il le faut en effet, pour que les partenaires se retrouvent à égalité, libres les uns par rapport aux autres. Une invitation sans réciproque crée une sorte de vide. Or voici que Jésus nous demande de cultiver ce vide, d’inviter ceux qui ne peuvent pas rendre. À travers le thème du repas, il est question de tout ce qui fait vivre et de la communion à la table prophétique du « banquet du Royaume », des noces de l’Agneau. Là, en effet, nous sommes invités sans rien avoir à donner en échange. Or Jésus nous invite à imiter la gratuité du don de Dieu, donc à créer ce vide de reconnaissance. C’est que nous ne pouvons rien donner que nous n’ayons nous-mêmes déjà reçu. Nous ne faisons que transmettre. Cependant, le retour à sa source du don que nous faisons passer transite aussi par nous et nous sommes en quelque sorte en état de manque, même s’il n’est pas ressenti, quand ce retour ne se produit pas. Jésus nous dit que l’équilibre sera rétabli « à la résurrection des justes ». C’est que donner sans espoir de retour nous met dans la situation de Celui qui prend la place du serviteur pour donner sa vie et c’est cette vie donnée qui nous fait vivre. Donner à celui qui n’a rien n’est pas pure générosité mais justice, cette justice qui rétablit l’égalité entre nous.

Le conflit des deux sagesses

La course aux premières places, aux fortunes colossales, au podium, au record du monde, à l’empire économique, et même, pour des nations, au contrôle du monde entier, tel est le contraire de « la folie de la croix, sagesse de Dieu ». La parabole que nous venons de lire annonce l’échec de ces conduites de domination. En elles, aucun espoir de bonheur, d’accomplissement pour les individus, les collectivités, l’humanité entière. En chemin comme à l’arrivée, la violence, cette violence qui ne pourra rien contre celui qui, Seigneur, s’est fait serviteur, faisant mourir en lui toute volonté de puissance. La « Sagesse de la croix », aujourd’hui comme aux temps de Jésus et comme toujours, vient infliger un démenti à nos prétentions, à notre folie des grandeurs. Message dur à entendre, même pour des disciples du Christ, tâche jamais terminée, toujours à reprendre. Il y va de l’humain, de la vérité de l’homme qui n’est autre que la vérité de ce Dieu qui, dépossession, ne retient pas pour lui sa condition divine. Nous touchons là à l’essentiel de la révélation de lui-même que Dieu nous fait dans le Christ, révélation qui trouve son achèvement indépassable à la croix. Manifestation d’un amour tel que les hommes n’avaient pu l’imaginer : « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme… » (1 Corinthiens 2,9). Ce qui, pourtant, nous est donné à reproduire pour que nous devenions image de Dieu.

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Ils élisaient la première place
P. Bernard Podvin

«Je vous connais », dit volontiers Jésus à ses auditeurs. Sa fine perception de ce qu’il y a en l’homme est lumineuse ce dimanche. Il ne lui échappe pas que, chez le chef des pharisiens, les convives « se poussent du col » pour accéder à ce qu’il y a de premier.

Le naturel n’est-il pas ce qui révèle le mieux qui nous sommes ?

Plusieurs exégètes soulignent que la forme verbale employée par Saint Luc est : « ils élisent » les premières places. Autrement dit, ils font choix pour eux. Il ne leur viendrait pas à l’idée que le « plan de table » les rétrograde. Pas de doute, le « pour soi » prédomine. Non seulement chacun s’estime digne du plus haut rang, mais une réciprocité intéressée habite les esprits : être, ce soir, un commensal gratifié de vaine gloire consiste à vivre un « prêté pour un rendu » le soir suivant. L’obséquiosité est reine. Le système clôt sur eux-mêmes des êtres imbus.

Jésus déploie sa remarquable parabole en deux percussions : toi qui te crois le plus grand, as-tu seulement songé qu’il puisse y avoir plus honorable que toi ? Toi qui honores autrui parce qu’autrui t’honore, sais-tu à quoi ressemble le Royaume ? Double interpellation de la part du Christ ! En premier lieu, ta suffisance t’aveugle sur les qualités de tes frères. En second lieu, le repas du Royaume conviera ceux qui ont rang aux yeux de Dieu. Par sa mort et sa résurrection, Jésus élève, à l’infini de son Amour, ceux que son cœur choisit parce que… nul ne les choisit : pauvres, estropiés, boiteux, aveugles… Aucun d’eux n’a capacité à rendre ce qu’il n’a jamais eu. La parabole renverse toute perspective.

Le « retour » dont parle ici Saint Luc est sans commune mesure avec le protocole mondain qui, finalement, ne réserve aucune autre surprise que la réplique flatteuse du privilège. Ce que Dieu « rend » au petit est incomparablement ineffable : vie surabondante, tendresse, dignité, justice, éternité ! La Mère de Jésus chante Dieu qui élève les humbles ! Parce que Jésus a consenti pour sa personne un abaissement, que la sagesse humaine ne sait concevoir, il lui est donné de réaliser en son « être abaissé » le relèvement du plus petit. Jésus, que le rang égale à Dieu, a pleine autorité pour nous exhorter, par la voix de l’apôtre, à considérer autrui supérieur à nous-mêmes. Disant cela, il ne fait pas une morale théorique aux mondains que nous demeurons viscéralement. Bien plus ! Par sa Vie, plus forte que tout, il incarne le Royaume désiré par son Père.

Ne commettons donc pas l’erreur de réserver la parabole aux pharisiens endurcis. Dans une Église qui a indéniablement pris un chemin de simplicité évangélique depuis quelques décennies, la tentation serait grande de croire qu’est achevée, une fois pour toutes, cette conversion décisive. L’abus de pouvoir, la quête de notoriété, le centrement sur nous-mêmes de certitudes novatrices, l’art de se rendre indispensable, la non-estime des vocations différentes de soi, l’autoritarisme, la séduction, sont autant de manières contemporaines de laisser le pharisaïsme des premières places s’insinuer en nos cœurs. « Se voir d’un œil trop flatteur fait perdre tout sens du bien », dit le psalmiste. Convertissons notre personne. Elle est trop préoccupée d’elle-même. Où que nous allions, l’important est que ce soit en Dieu. Une supérieure venait d’être élue pour sa Congrégation. Elle insistait lourdement sur le fait que ses Sœurs avaient choisi la dernière. Elle finit par en agacer une. « Certes, Dieu ne choisit pas les meilleures. Mais être choisies par Lui doit rendre meilleures. » À bon entendeur ! La parabole du festin est pour tous les hommes. Nous ne témoignerons de leur grandeur aux yeux de Dieu qu’en communiant de toute notre personne à l’abaissement de Jésus.

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À trois reprises Luc indique que Jésus est invité à manger chez les pharisiens. L’invitation est faite habituellement un jour de Sabbat. Ce jour-là, le repas du midi a une importance particulière et succède immédiatement à l’office de la Synagogue. Il prend un caractère plus festif, et plus joyeux, que celui des jours de travail.

Au cours de la rencontre d’aujourd’hui, Luc souligne que tout le monde observe tout le monde : les invités observent Jésus pour voir ce qu’il va faire et ce qu’il va dire et Jésus observe le comportement des invités. Ces derniers sont en grande partie des scribes, des pharisiens et des légistes.

Ces éminents représentants de la Loi défendaient leurs prérogatives et leurs privilèges en affirmant que cela répondait au désir du peuple. Ils disaient que les honneurs qu’on leur rendait dans les synagogues, dans les festins et sur les places publiques, n’étaient pas d’abord un hommage destiné à eux-mêmes mais à la Loi qu’ils incarnaient.

Ce genre de discours, nous l’avons entendu autrefois dans la bouche d’éminents ecclésiastiques, justifiant ainsi les décorations colorées de leurs soutanes, les longues traînes de leur collerettes, les prie-Dieu en velours rouge, les places réservées dans les rencontres publiques, les titres ronflants, et les courbettes qu’on leur prodiguait.

Jésus observe l’arrivée des invités. Ailleurs dans l’évangile, il avait critiqué certains scribes « qui se plaisaient à circuler en longues robes, qui aimaient recevoir les salutations sur les places publiques, occuper les premiers sièges dans les synagogues et les premiers divans dans les festins » (Luc 20, 46). Sans doute regarde-t-il d’un oeil amusé ceux qui vont maintenant prendre place aux endroits stratégiques.

Dans toutes les sociétés, y compris la nôtre, on constate cette course aux premières places. Il y a, aujourd’hui, mille signes distinctifs, et pas seulement à table, pour se mettre en valeur : la tenue vestimentaire, certaines marques d’autos, les résidences de luxe, le snobisme de certains sujets de conversation tels les grands thèmes politiques, les sports d’élite, les voyages à travers le monde, les restaurants quatre étoiles, etc.

Dans cette course aux postes de prestige, que ce soit sur le plan social, économique, culturel ou politique, trop souvent tous les coups sont permis, même s’il s’agit de salir la réputation de la concurrence et de démolir sa crédibilité. Ce qui compte, c’est d’obtenir le poste convoité, gagner ses élections, favoriser sa carrière et se tailler une place dans la classe dominante.

C’est la logique de l’affirmation de soi et de l’égoïsme individuel et collectif. C’est la loi de la survie dans notre jungle humaine.

À cette logique du monde de compétition effrénée, Jésus propose la logique du Royaume de Dieu. Il affirme que la recherche des premières places ne pourra jamais construire la société nouvelle voulu par Dieu. C’est ce qu’il enseigne à ses disciples tout au long de son ministère en Galilée et en Judée.

Les disciples ont pris beaucoup de temps à comprendre l’enseignement de Jésus. Au moment du dernier repas d’adieu, le soir du jeudi saint, Luc nous dit qu’ils « en arrivèrent à se quereller pour savoir lequel d’entre eux était le plus grand ». Jésus reprit de nouveau ce thème important : « Les rois des nations dominent sur elles, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler Bienfaiteurs. Mais pour vous, il n’en va pas ainsi. Au contraire, que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus jeune, et celui qui gouverne comme celui qui sert… Et moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert ! » (Lc 22, 24-27). Le Christ se présente comme celui qui est au service des autres, comme celui qui est « doux et humble de coeur ».

En observant les efforts des invités qui recherchent les premières places, Jésus saisit l’occasion pour indiquer la vraie grandeur de l’être humain. Il ne s’agit pas de choisir la dernière place pour être ensuite propulsé plus haut, mais de reconnaître nos limites et d’utiliser nos talents pour le bien des autres.

Notre monde serait meilleur si, au lieu de lutter toute notre vie pour obtenir une première place bien éphémère, nous cherchions la place la plus utile pour le bien de tous.

« Les rois des nations dominent sur elles… Mais pour vous, il n’en va pas ainsi. Au contraire, que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus jeune, et celui qui gouverne comme celui qui sert… Et moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert ! »

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