20e Dimanche du Temps Ordinaire
Année C
Luc 12,49-53


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Références bibliques :

  • Lecture du livre du prophète Jérémie. 38. 4 à 10 : “Que cet homme soit mis à mort.” 
  • Psaume 39 :”Il m’a tiré de l’horreur du gouffre, de la vase et de la boue.” » 
  • Lecture de la lettre de saint Paul aux Hébreux. 12. 1 à 4 :”Jésus qui est à l’origine et au terme de la foi. » 
  • Evangile selon saint Luc : 12. 49 à 53 :” Comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! »

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Je suis venu apporter un feu sur la terre,
et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !
Je dois recevoir un baptême,
et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli !
Pensez-vous que je sois venu
mettre la paix sur la terre ?
Non, je vous le dis,
mais bien plutôt la division.
Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées :
trois contre deux et deux contre trois ;
ils se diviseront :
le père contre le fils
et le fils contre le père,
la mère contre la fille
et la fille contre la mère,
la belle-mère contre la belle-fille
et la belle-fille contre la belle-mère. »

Introduction

« Je suis venu apporter un feu sur la terre… »

Jérémie, Jésus, tous deux injustement condamnés à mort, le premier pour avoir démoralisé le peuple en lui prédisant des sanctions pour ses actes de corruption, le deuxième pour être venu accomplir la loi, renverser les fausses valeurs communes (Jésus ce signe de contradiction) et établir dés cette terre un règne de justice et de paix ; en fait tous deux ayant dans leurs actions agi pour le bien de leur peuple.

Or cette paix est la plus difficile à accepter pour beaucoup d’entre nous et peut se traduire par le glaive ou la division aujourd’hui comme jadis.

Pour Jérémie, le roi Sélécias qui adoptait l’attitude qu’aura Ponce Pilate : « Il est entre vos mains et le roi ne peut rien contre vous », va changer d’attitude sur les conseils de l’Éthiopien et faire sortir Jérémie de la citerne de boue où il avait été jeté. Nous pouvons nous demander : Et nous revenons-nous sur nos jugements hâtifs qui condamnent l’autre ?

Jésus lui sera condamné et crucifié.

Les nouveaux convertis sont souvent rejetés par leur propre famille qui ne comprend pas leur changement de comportement et de vision sur le monde.

Parmi les chrétiens d’Orient, beaucoup subissent au nom de leur foi la torture et la mort.

Des chrétiens ainsi que des athées eux-mêmes qui croient en l’homme et qui œuvrent jour après jour dans des associations pour plus de justice subissent parfois aussi le mépris de leur entourage qui n’est pas à leur hauteur et qui traduit ainsi son désaccord.

Le psaume exprime leur plainte, leur souffrance et le secours de Dieu mais aussi quelquefois son silence. Souvenons-nous du cri de Jésus sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Et nous, avons-nous le courage et la persévérance de continuer à agir malgré l’adversité ? N’avons-nous pas souvent envie de baisser les bras et de renoncer  voire même nous mettre du côté de ceux qui rejettent et méprisent ?

Saint-Paul dans sa lettre aux Hébreux nous indique la voie à suivre : « renoncer au péché » ne pas être du mauvais côté, mais encore de tenir bon devant l’hostilité, ne pas se décourager devant l’épreuve que celle-ci soit coupable ou innocente, et ceci est demandé tout au long de la vie.

Curieusement, c’est le président Macron qui a dit au sujet du maire assassiné : « une vie donnée n’est pas une vie perdue ».

En fait on revient toujours au « Aimez votre prochain comme vous-mêmes ».

C’est la seule voie à suivre et à ne pas perdre de vue. C’est la seule réponse à la question posée dans une précédente méditation : « qu’est-ce qu’une vie réussie ? » Et dans cette voie d’aimer son prochain, toute l’humanité y est invitée quel que soit son milieu social, quelles que soient les circonstances ou les situations sans préjugé ni de race ni de religion.

« Je suis venu apporter un feu sur la terre… » ce feu toujours aussi vivace et jamais consumé.

Christiane Guès
http://www.garriguesetsentiers.org

COMMENTAIRE

Si l’évangile d’aujourd’hui nous dévoile la hâte de Jésus à voir s’allumer ce feu qu’il est venu apporter, l’on est surtout frappé par l’opposition que va rencontrer l’accomplissement de ce désir chez lui. Ne vous y méprenez pas, nous dit Jésus, « je ne suis pas venu apporter la paix, mais la division ». Ce qui nous amène à nous poser la question suivante : pourquoi la suite du Christ est-elle si difficile ? Après tout, l’évangile n’est-il pas un message de paix et d’amour. En quoi cette annonce peut-elle provoquer autant de divisions ?

D’une part, Jésus compare son action dans le monde à un feu. On pense spontanément à ces langues de feu qui vont descendre sur les apôtres à la Pentecôte. On pense au feu qui réchauffe, au feu qui purifie, au feu qui éclaire et chasse les ténèbres. À n’en pas douter, ce feu qu’apporte Jésus ne peut être que salutaire.

D’ailleurs, l’image du feu est très évocatrice pour tous les humains puisque le feu remonte à la nuit des temps. Le feu a conduit les êtres humains au travers les millénaires, il leur a permis de survivre aux longs hivers, humanisant leurs relations dans ces maisonnées réunies autour du feu, lors des longues nuits de veille et de palabres, aidant à garder au loin les animaux sauvages, permettant de domestiquer la nature, de travailler le fer, de cuire les aliments, de chauffer la terre et d’en faire des récipients de toutes sortes. Mille et un usages du feu au service de l’Homme. Le feu est sans doute le premier don qui lui est fait pour l’aider à apprivoiser son existence sur terre. Et Jésus adopte cette image du feu. Il est venu sur terre allumer un feu, il est venu nous donner de partager sa vie afin de domestiquer notre vie de tous les jours.

Par ailleurs, ce feu sera en butte à l’incompréhension et au rejet nous dit Jésus. Beaucoup d’entre nous ont fait cette expérience, car il n’est pas inhabituel de rencontrer de l’opposition ou même de l’hostilité quand on affirme sa foi en Jésus Christ. Mais vivre de la Parole du Christ et connaître la persécution, est-ce simplement lié au fait de professer sa foi ? Bien que cela soit fondamental, l’affirmation de notre foi n’épuise pas ce en quoi consiste le témoignage chrétien. Il ne s’agit pas ici de minimiser ou de taire notre foi, mais je crois que les lieux de rencontre et de confrontation de l’évangile avec le monde dépassent largement la question de l’annonce explicite de notre foi au Christ. Je m’explique.

L’Évangile est avant tout un message de paix, d’amour et de justice, dont les disciples sont porteurs à cause de leur attachement au Christ ressuscité. Comme le souligne la lettre aux Hébreux en ce dimanche, Jésus est « à l’origine et au terme de notre foi ». Nos vies portent la marque du Christ, et parce que nous sommes appelés à nous laisser configurer au Christ, à vivre de sa vie à lui, nous connaîtrons nous aussi la confrontation avec le monde au nom de l’évangile, même avec nos plus proches, même avec nos familles.

Toutes les fois que l’amour est violenté, que la paix est menacée, que la justice est méprisée, chaque fois que les pauvres sont humiliés, que les droits des personnes sont bafoués et que les plus faibles parmi nous sont exploités, il y a confrontation de l’évangile avec le monde. Chaque fois que les riches ne pensent qu’à s’enrichir au détriment des autres, que des dictateurs oppriment des peuples et que les artisans de paix sont persécutés, il y a confrontation de l’évangile avec le monde. Jésus n’a pas fait qu’annoncer la venue du Royaume, il a pris fait et cause pour les pauvres et les exclus, et ses disciples sont donc invités à se tenir en première ligne de ce combat.

C’est ce feu qui doit brûler au cœur des disciples, car vivre de l’évangile c’est de ne pouvoir s’endormir tout bêtement quand le tiers-monde est à notre porte, quand des millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont maintenus en esclavage, soumis à la prostitution, spoliés de leurs biens, privés de soins ou d’éducation, alors que des milliers d’autres, dans l’hémisphère sud, meurent de faim tous les jours, tandis que dans l’hémisphère nord on fait bombance et que nos poubelles débordent.

Vivre de l’évangile ça n’a rien de fleur bleue, ça n’a rien à voir avec une piété enfantine où l’on se replierait sur soi et où le prochain serait constamment oublié. Prendre fait et cause pour l’évangile c’est être porteur de ce feu que Jésus est venu allumer, c’est littéralement entrer dans son combat à lui où le but n’est pas d’être les plus forts ou d’imposer notre loi, car ceux et celles qui s’opposent au message évangélique sont tout autant nos frères et nos sœurs. Ce que le Christ demande à ses disciples, c’est de gagner les cœurs un à un au véritable sens de l’amour, de la paix, du partage et de la justice, tout en rappelant au monde l’extraordinaire dignité de toute personne humaine, car tous et toutes sont voulus et aimés de Dieu, car toute vie humaine est une histoire sacrée. Voilà le feu de la Parole de Dieu que Jésus désire voir s’allumer dans tous les cœurs, mais cette bonne nouvelle ne peut que rencontrer beaucoup de résistance et demande donc beaucoup de courage et de confiance de la part des disciples.

C’est Mgr Tutu de l’Afrique du Sud qui disait un jour dans une homélie : « Quand les Européens sont venus en Afrique du Sud, ils nous ont mis dans les chaînes, mais ils nous ont aussi donné la Bible, ne se doutant pas que le don de cette Bible entraînerait leur perte. Ils étaient finis. En effet ! Les Hollandais et les Anglais nous apportaient la Bible afin de nous éclairer, nous les sauvages, afin de nous libérer de notre ignorance et de notre péché, mais cette Bible devint la clé de notre libération de l’esclavage de l’apartheid. Car cette Bible nous appris que Dieu est miséricorde, que Dieu est à l’œuvre, que Dieu entend les cris de ceux et celles qui sont perdus ou opprimés, que Dieu soutient ceux et celles qui luttent pour la justice, et que Dieu va vaincre, parce qu’il est vainqueur.»

Mgr Tutu nous rappelle que cette Parole vivante qui habite le cœur des disciples agit comme un feu dans le monde quand elle est prise au sérieux et qu’elle est vécue. Écoutons un autre témoin, un autre frère dans la foi, Dom Helder Camara, évêque de Recife au Brésil, décédé en 1998 :

« Un jour, écrit-il, une délégation est venue me voir, ici, à Recife : « Vous savez, Dom Helder, il y a un voleur qui a réussi à pénétrer dans l’église. Il a ouvert le tabernacle. Comme il ne s’intéressait qu’au ciboire, il a jeté les hosties par terre, dans la boue… Vous entendez, Dom Helder : le Seigneur vivant jeté dans la boue !… Nous avons recueilli ces hosties et les avons portées en procession jusqu’à l’église, mais il faut faire une grande cérémonie de réparation !… » — « Oui, je suis d’accord. On va préparer une procession eucharistique. On va réunir tout le monde. On va vraiment faire un acte de réparation. » Le jour de la cérémonie, quand tout le monde était là, j’ai dit : « Seigneur, au nom de mon frère le voleur, je te demande pardon. Il ne savait pas ce qu’il faisait. Il ne savait pas que tu es vraiment présent et vivant dans l’Eucharistie. Ce qu’il a fait nous touche profondément. Mais mes amis, mes frères, comme nous sommes tous aveugles ! Nous sommes choqués parce que notre frère, ce pauvre voleur, a jeté les hosties, le Christ eucharistique dans la boue, mais dans la boue vit le Christ tous les jours, chez nous, au Nordeste ! Il nous faut ouvrir les yeux ! »

« Je suis venu apporter un feu sur la terre, nous dit Jésus, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » Ce profond désir a trouvé son accomplissement avec sa mort et sa résurrection, et il a traversé les siècles jusqu’à nous. Depuis lors, ce sont des millions d’hommes et de femmes qui ont porté et témoigné de ce feu. Puissions-nous être de ceux-là nous aussi.

Yves Bériault, o.p.
Dominicains. Ordre des prêcheurs
https://moineruminant.com

LE FEU SUR LA TERRE,
Marcel Domergue

Le feu a quelques références bibliques. Pensons surtout au baptême dans l’Esprit et le feu de Luc 3,16 ; au Sinaï, à l’heure du don de la loi. Notre évangile met en parallèle ce feu sur la terre et le « baptême » que Jésus doit recevoir. Ce baptême brûlant est évidemment le passage par la mort. De fait, la Pâque du Christ va opérer une séparation, un tri, un jugement. Or, dans la Bible, c’est au feu qu’il revient de purifier l’or en le séparant de ce qui n’est pas lui. « Éprouver par le feu » est une expression qui revient souvent (voir par exemple 1 Pierre 1,7; Apocalypse 3,18, pour ne citer que le Nouveau Testament). Une fois de plus nous sommes devant la « crise évangélique », dont le point culminant sera la Passion, qui va « cribler » même les disciples (Luc 22,3 1-32). Ce jugement va bien sûr passer au cœur de chaque homme, révélant en nous ce qu’il y a de foi et ce qu’il y a de non foi (voir le glaive à deux tranchants d’Hébreux 4,12). Et c’est vrai que, dans notre vie, ce sont les heures de crise qui révèlent ce que nous sommes. Mais notre texte parle d’une division, d’une séparation entre les hommes. C’est de cela que je vais rendre compte, même si cela m’entraîne à me répéter.

Au commencement

Au commencement, Dieu crée en séparant, c’est-à-dire en produisant un univers articulé, où les êtres sont à la fois différents et nécessaires les uns aux autres par leurs différences mêmes. La bonne image de la création achevée est le corps tel que le voit Paul en 1 Corinthiens 12. L’unité finale n’est pas une indifférenciation (on ne retourne pas au chaos primitif où tout est dans tout) mais une articulation féconde des différences. De même, puisqu’il s’agit d’hommes, il n’est pas question d’une coordination purement mécanique ou écologique (les insectes nécessaires aux oiseaux, etc.) mais d’une communication totale qui se fait librement, donc qui se choisit et se construit. Cette humanité Une dans et par ses différences, image du Dieu Un, est une humanité construite « selon la loi », c’est-à-dire selon l’amour. La différence est bien le terrain nécessaire à l’amour.

Le péché de l’homme

Pour que l’unité soit le fruit de la liberté, condition pour que l’homme Un soit à l’image du Dieu libre, il faut que l’amour ne s’impose pas. Il se propose. Le péché consiste à prendre prétexte de la différence, de la diversité nécessaire à l’amour, pour faire de la division, contraire de l’amour et par conséquent du « corps articulé ». Ce virus de la division est là, en nous. Il se nourrit de tous les prétextes (les torts de l’autre, la sécurité). Parfois la crise est aiguë et le péché prend son visage dernier : le meurtre. Le plus souvent la division est latente ; elle n’apparaît pas mais reste « tapie à notre porte » (Genèse 4,7). Que va faire Dieu, l’amour, pour continuer la construction du corps qui dit le dernier mot de la création ? Dans un premier temps il va révéler le mal caché, occulté, « tapi » pour que l’homme, mis en face de son mal, puisse librement le renier. Et Dieu révèle la division en séparant (encore !) Israël des autres peuples. Désormais, lutte à mort entre le juif et le païen, cristallisant la lutte universelle de l’homme avec l’homme. Ce combat mortel va atteindre son point culminant dans la passion du Christ. Jésus va porter le mal de l’homme (le péché du monde). Il va attirer sur lui, porteur de la différence absolue parce que juste au milieu des pécheurs, toute la haine, celle du juif et celle du païen. Victime d’un meurtre sans raison (il est le juste), il va faire éclater aux yeux de tous la folie qu’il y a dans nos conduites homicides. Et n’oublions pas que le meurtre est déjà dans des conduites qui peuvent nous sembler banales. Il nous reste à « regarder celui que nous avons transpercé », à nous retourner vers lui.

Et maintenant ?

Revenons à notre texte. Nous y lisons que le Christ, révélant en le vivant le paroxysme de la division, porte cette division à son comble. C’est bien le chemin pour qu’elle prenne fin mais l’acte pascal n’y met pas fin pour autant. Toujours pour la même raison : l’homme doit se construire librement. L’acte pascal nous apporte, entre autres, trois choses :

1) La connaissance de notre mal.
2) L’annonce que notre folie homicide est vaine : le meurtre ne réussit pas puisque la victime ressuscite.
3) L’Esprit est « émis » (Jean 19,30). Le vertige de la division trouve à l’intérieur même de l’homme son contraire : l’Esprit, appel créateur de l’amour.

https://croire.la-croix.com

Dans la page évangélique d’aujourd’hui (cf. Lc 12, 49-53), Jésus avertit ses disciples que le moment de la décision est arrivé. Sa venue au monde, en effet, coïncide avec le temps des choix décisifs: on ne peut plus renvoyer l’option pour l’Evangile. Et pour mieux faire comprendre son rappel, il utilise l’image du feu que Lui-même est venu apporter sur terre. Il dit: «Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé!» (v. 49). Ces paroles ont pour but d’aider les disciples à abandonner toute attitude de paresse, d’apathie, d’indifférence et de fermeture pour accueillir le feu de l’amour de Dieu; cet amour qui, comme le rappelle saint Paul, «a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné» (Rm 5, 5). Parce que c’est l’Esprit Saint qui nous fait aimer Dieu et nous fait aimer le prochain; c’est l’Esprit Saint que nous avons tous en nous.

Jésus révèle à ses amis, et également à nous, son désir le plus ardent: apporter sur la terre le feu de l’amour du Père, qui allume la vie et à travers lequel l’homme est sauvé. Jésus nous appelle à répandre dans le monde ce feu, grâce auquel nous serons reconnus comme ses véritables disciples. Le feu de l’amour, allumé par le Christ dans le monde au moyen de l’Esprit Saint, est un feu sans limite, est un feu universel. Cela s’est vu dès les premiers temps du christianisme: le témoignage de l’Evangile s’est diffusé comme un incendie bénéfique, surmontant toute division entre personnes, catégories sociales, peuples et nations. Le témoignage de l’Evangile brûle, brûle toute forme de particularisme et maintient la charité ouverte à tous, avec la préférence pour les plus pauvres et les exclus.

L’adhésion au feu de l’amour que Jésus a apporté sur terre enveloppe toute notre existence et exige l’adoration à Dieu et également une disponibilité à servir le prochain. Adoration à Dieu et disponibilité à servir le prochain. La première, adorer Dieu, signifie également apprendre la prière de l’adoration, que nous oublions d’habitude. Voilà pourquoi j’invite tous à découvrir la beauté de la prière d’adoration et de la réciter souvent. Puis, la seconde, la disponibilité à servir le prochain: je pense avec admiration aux nombreuses communautés et groupes de jeunes qui, également en été, se consacrent à ce service en faveur des malades, des pauvres et des porteurs de handicap. Pour vivre selon l’esprit de l’Evangile, il faut que, face aux besoins toujours nouveaux qui se profilent dans le monde, il y ait des disciples du Christ qui sachent répondre avec de nouvelles initiatives de charité. Et ainsi, avec l’adoration de Dieu et le service au prochain — les deux ensemble, adorer Dieu et servir le prochain — l’Evangile se manifeste véritablement comme le feu qui sauve, qui change le monde à partir du changement de cœur de chacun.

C’est dans cette perspective que l’on comprend également l’autre affirmation de Jésus rapportée dans le passage d’aujourd’hui qui, au premier abord, peut déconcerter: «Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division» (Lc 12, 51). Il est venu «séparer avec le feu». Séparer quoi? Le bien du mal, le juste de l’injuste. Dans ce sens, il est venu «diviser», mettre en «crise» — mais de façon salutaire — la vie de ses disciples, en brisant les illusions faciles de ceux qui croient pouvoir conjuguer la vie chrétienne et la mondanité, la vie chrétienne et les compromis de tout genre, les pratiques religieuses et les attitudes contre son prochain. Conjuguer, pensent certains, la véritable religiosité avec les pratiques de superstition: combien de soi-disant chrétiens vont voir des voyants ou des voyantes pour se faire lire les lignes de la main! Et cela est de la superstition, ce n’est pas de Dieu. Il s’agit de ne pas vivre de façon hypocrite, mais d’être disposés à payer le prix de choix cohérents — telle est l’attitude que chacun de nous devrait chercher dans la vie: la cohérence — payer le prix d’être cohérents avec l’Evangile. Cohérence avec l’Evangile. Parce qu’il est bon de se dire chrétiens, mais il faut surtout être chrétiens dans les situations concrètes, en témoignant de l’Evangile qui est essentiellement amour pour Dieu et pour nos frères.

Que la Très Sainte Vierge Marie nous aide à laisser notre cœur être purifié par le feu apporté par Jésus, pour le diffuser à travers notre vie, au moyen de choix décisifs et courageux.

Angelus, 18/08/2019