14ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année C
Luc 10,1-12.17-20

Références bibliques :
- Lecture du livre du prophète Isaïe : 66. 10 à 14 : » Le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs. »
- Psaume 65 : » Je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme. »
- Lecture de la lettre de saint Paul aux Galates : 6. 14 à 18 : » Ce qui compte, c’est la création nouvelle. »
- Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc : 10. 1 à 20 : » Le règne de Dieu est tout proche. »
Envoyés devant le Christ
Marcel Domergue, SJ
Nous voici donc en route vers Jérusalem pour la dernière Pâque de Jésus, son « passage » à la Vie. Il est en cela porteur de notre humanité. Cette route figure la marche de notre propre existence. Où que nous allions, nous cheminons avec le Christ. Remarquons que ce ne sont pas simplement les apôtres qui sont envoyés mais des disciples, c’est-à-dire des gens qui acceptent de l’écouter. Soixante douze, nombre qui signifie la multitude. Mais que signifie le fait qu’il nous envoie « devant lui, dans toutes les villes et localités où lui-même doit aller » ? N’est-ce pas lui qui nous précède ? Disons qu’il nous a précédés dans le don de sa vie qu’il a accompli à Jérusalem, mais qu’aujourd’hui nous avons à annoncer son retour, la « venue du Règne de Dieu ». Nous attendons ce dont nous ne pouvons imaginer la forme, mais nous vivons cette attente dans le secret de sa présence actuelle, saisissable seulement dans la foi. Ainsi, le Christ est « derrière nous », puisque nous le précédons, et « devant nous », puisqu’il a déjà traversé la mort. Nous voici donc invités à aller à la rencontre de gens qui ignorent tout du Christ. Ne comptons pas trop sur une hospitalité caractéristique de la culture du temps de Jésus. Traduisons que nous avons partout et toujours à établir des liens. Des liens amicaux, c’est pourquoi la première consigne de Jésus est de se présenter porteurs de paix. Cette paix comporte la sérénité, la confiance, la certitude que la vie a toujours le dernier mot. Peut-être, ceux que nous rencontrerons nous demanderont raison de l’espérance qui est en nous. Alors, « avec douceur et respect », nous pourrons leur parler du Christ (1 Pierre 3,15).
La paix, non le pouvoir
Les soixante-douze disciples doivent se présenter complètement démunis « ni argent, ni sac, ni sandales… » Pourquoi ? Parce que ce n’est pas sur un prestige matériel ou social qu’ils doivent compter. C’est au Christ qu’ils doivent ouvrir la route, non à quelque perspective de réussite humaine. Se mettant à la merci des gens qu’ils visitent, ils les invitent à sortir d’eux-mêmes et, du coup, le Royaume est déjà là. Ils ne peuvent donner qu’en ayant d’abord reçu. Ainsi ils provoquent déjà chez ceux qu’ils rencontrent des attitudes évangéliques.
Notons que l’établissement de la paix et de l’amitié précède l’annonce du Royaume. Il faut vivre avant d’expliquer. Accueillis dans la paix, les disciples peuvent « guérir les malades et chasser les esprits mauvais. » Bien sûr, nous avons à transposer ces manières de dire. Qu’il se soit passé au temps du Christ des choses étonnantes, nous pouvons le croire, mais nous voici parvenus au temps du « croire sans voir » : la foi chrétienne se nourrit non de miracles mais de mystère. De nos jours, guérir des malades consiste à les accompagner en les aidant à comprendre que leur maladie peut devenir participation à la croix du Christ, donc chemin de résurrection. « Chasser les démons » ? Traduisons : prendre le dessus sur toutes les illusions, perversions, tentations de se servir des autres, etc. Les démons sont moins spectaculaires et plus insidieux que dans nos Écrits. Il s’agit de la volonté de puissance sous toutes ses formes, comme on le voit dans le « récit » des tentations du Christ.
« Choisis la vie, afin de vivre »
Les disciples, en cas de refus, n’ont pas à s’obstiner. Qu’ils aillent voir ailleurs. Dieu ne nous force pas la main : « Voici devant toi le bon et le mauvais, la vie et la mort… Choisis la vie afin de vivre… » (Deutéronome 30,15 et 19). À son image, Dieu nous fait créateurs de nos propres vies. Comme Marie, nous avons à dire et à redire le « oui » nuptial qui met le Christ au monde, et nous avec lui. Au bout, se trouve la joie de vivre en vérité. C’est bien cette joie qui habite les disciples à leur retour de « mission ». Jésus leur dit que rien ne pourra leur nuire. Le serpent de Genèse 3 est bien écrasé par la descendance de la Femme initiale. Sa morsure au talon ne nous atteint qu’une fois que nous sommes passés à une vie nouvelle. Jésus met un bémol à ce bel optimisme : la joie de notre pouvoir sur le mal, pour de la vie, peut aussi se pervertir en joie de dominer, d’être meilleurs, de « ne pas être comme les autres ». Alors nous retombons dans l’illusion dont nous étions sortis. Donc, rien de définitif. C’est sans cesse que nous sommes en face du choix fondamental, vital. Soumettre les forces du mal peut amener à retomber sous sa domination, de manière plus subtile. Gardons-nous de vouloir imposer le bien. Nous nous mettrions alors au-dessus de Dieu, qui se contente de proposer.
Le ‘contrat’ pour une mission sans frontières
Romeo Ballan, mccj
Jésus était en route, s’acheminant résolument vers Jérusalem (Évangile de dimanche dernier). Un voyage missionnaire et communautaire, riche d’enseignements en tous genres pour les disciples. Depuis peu de temps Jésus avait envoyé en mission les Douze (Lc 9,1-6). Et voilà que, peu de temps après, Luc (Évangile) nous parle de la mission des soixante-douze disciples: “Le Seigneur en désigna encore soixante-douze et les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller” (v. 1). Le ‘contrat’ et les instructions donnés aux deux groupes de missionnaires -les douze apôtres et les soixante-douze disciples- sont pratiquement les mêmes. Ces deux envois rapprochés nous paraissent donc inhabituels, on dirait que le Seigneur veut souligner l’urgence de la Mission.
Qui étaient donc ces 72? Un nombre qui a, de toute évidence, une signification symbolique, indiquant la totalité de la mission: 72 (quelques codes reportent 70) c’était le nombre des peuples de la terre, d’après la ‘table des nations’ (Gn 10,1-32); le même nombre indiquait les Anciens d’Israël. Mais encore: 72 est un multiple de 12, pour indiquer la totalité du peuple de Dieu. La mission n’est donc pas une charge confiée uniquement à un certain nombre (les 12 apôtres, justement), mais une responsabilité confiée à tous, y compris les laïcs. Ce symbolisme des nombres inspire donc un message d’universalité de la mission, aussi bien dans son origine que dans son étendue et ses destinataires.
Les instructions sont multiples, dans le style de la nouvelle mission que Jésus vient d’inaugurer. Des instructions qui gardent toute leur valeur, même pour nous aujourd’hui, ainsi que pour les évangélisateurs de demain:
– “Il les envoya” (v. 1): l’initiative de l’appel et de l’envoi vient du Seigneur, le maître de la moisson. Aux disciples la responsabilité de répondre: par l’affirmative, ou non.
– “deux par deux”: par petits groupes. Le témoignage n’est crédible que vécut en communion avec une autre personne au moins. C’est le cas de Pierre et Jean (Act 3-4; 8,14); Saul et Barnabé, envoyés par la communauté d’Antioche (Act 13,1-4). L’annonce de l’Évangile n’est jamais laissée à une initiative individuelle et solitaire, mais elle est l’œuvre d’une communauté de croyants. Ne serait-ce que la seule famille, où la communauté est constituée des seuls parents, premiers éducateurs de la foi de leurs enfants. Le devoir d’annoncer l’Évangile en communion avec d’autres n’est pas une simple question de meilleur rendement en termes d’efficacité, mais une garantie de la présence du Seigneur: “Là où deux ou plus… je serai moi même avec eux” (Mt 18,20).
– Il les envoya “devant lui…” ils sont porteurs d’un message venant d’une autre personne. Ils ne sont donc pas propriétaires ou protagonistes, mais précurseurs de Quelqu’un qui est plus important, et qui viendra après. Ils ont la charge de préparer le cœur et l’intelligence des destinataires, en vue de l’arrivée du vrai protagoniste. Cela sur toute l’étendue de la terre.
– “La moisson est abondante, mais peu nombreux les ouvriers” (v. 2) disponibles. Le problème est toujours le même, hier comme aujourd’hui. Les défis qu’affronte la mission peuvent évoluer, changer en partie d’après les temps et les lieux, mais elles ne changent jamais dans l’essentiel ses exigences de fond. Les solutions que Jésus proposait à l’époque ne changent donc pas.
– “Priez.…allez…” (v. 2-3): Jésus propose donc une double solution: “Priez…et allez“. Prier pour vivre la mission en communion, toujours, avec le Maître de la moisson, la mission demeurant une grâce à implorer, pour soi-même et pour les autres. Ensuite aller, parce que dans toute vocation, personnelle ou communautaire, le Seigneur aime, appelle, envoie. Prier et aller: deux moments essentiels et incontournables de la mission.
– Le message à porter est encore double: le don de la paix (le Shalom), dans sa signification biblique la plus profonde, pour les personnes individuelles et pour les familles (v. 5); et encore le message: “le Royaume de Dieu est tout proche de vous” (v. 9.11). Le Royaume de Dieu se construit dans l’histoire, et s’implique lui-même dans l’histoire. Le Royaume de Dieu est d’abord une personne: Jésus Lui-même, plénitude du Royaume. Celui qui l’accueille trouve en Lui la vie, la joie et la mission: il en devient donc l’annonciateur auprès de toute la famille humaine.
– Le style de la mission de Jésus et des disciples est à l’opposé des puissants de toute époque ou des compagnies multinationales. Il n’y est jamais question de volonté de puissance, ni d’arrogance ou de cupidité (comme les loups: v. 3). Il s’agit plutôt d’une proposition totalement libre de toutes ambitions humaines, faite dans l’humilité et le respect (ne prenez ni sac, ni sandales, v. 4). Une proposition qui s’adresse de préférence aux plus faibles (les mlades, v. 9), une offre gratuite, qui ne vise aucune récompense (v. 20).
– L’Évangile de Jésus est un message de vraie vie puisqu’il invite à se fier uniquement à ce Dieu qui est pour nous Père et Mère (I lecture) et à Jésus Christ, crucifié et ressuscité (II lecture), pour le salut de tous.
– Les ouvriers sont peu nombreux, pauvres, faibles, face à l’immensité du monde. Paul, lui, ne trouve sa force que dans la croix du Christ (v; 14)… Des signes qui sont pour nous une garantie : le Royaume n’appartient qu’à Dieu, de même que la Mission.
Les amis de la Paix
Jacques Marcotte, OP
Tout le monde est heureux que l’été soit enfin arrivé. On en profite pour aller dehors et voir les gens. L’Évangile nous parle aujourd’hui d’une grande sortie. Jésus envoie soixante-douze disciples en mission. Et la première chose qu’il leur demande, c’est de prier pour que d’autres ouvriers participent à la moisson. Une façon de nous dire qu’il y a pénurie de mains-d’œuvre et que nous sommes tous concernés. Et que le chantier nous dépasse, qu’il nous attend, comme une moisson inépuisable à engranger.
Le Seigneur envoie les 72 devant lui, là où lui-même allait venir. Ils annonceront la proximité du Règne de Dieu, proclamant cette venue par leur présence, leur témoignage. Ils ont mission d’apporter la paix, l’amour de Dieu, sa miséricorde, produisant même des guérisons. Les disciples ne doivent rien emporter avec eux qui puissent leur permettre de s’imposer. Ils iront pauvres et vulnérables. Jésus ne leur cache pas que leur parcours sera dangereux : ils seront comme des agneaux au milieu des loups.
S’il leur arrive d’être mal reçu, ils iront ailleurs. Ils n’insisteront pas davantage. Ils garderont leur pleine liberté et la paix offerte leur reviendra. Une façon encore de dire que la mission n’est pas vraiment la leur, qu’elle est d’abord celle du Christ, et plus encore la mission du Père, de son dessein d’amour et de miséricorde, l’annonce d’un Salut en train de s’accomplir par la venue de son Fils.
Il est dit que les 72 disciples sont revenus tout joyeux de cette expérience. Ils crient victoire! « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. » Jésus voit-il une ambiguïté dans le bilan qu’ils lui font? Il les invite à considérer plutôt que leurs noms puissent être inscrits dans les cieux. Là est la vraie victoire, leur seul gage de réussite.
La réussite, ce n’est pas le constat que nous portons sur l’aboutissement de notre mission actuelle. Nous voyons bien nos limites, les échecs et les résistances de l’heure. Nous avons de quoi céder au découragement, à la tristesse plutôt que chanter victoire.
Il fait bon, dans la liturgie de ce dimanche, entendre les propos du Prophète Isaïe, lus en 1ère lecture. Ce sont là des paroles qui nous apportent confiance et encouragement. Vers l’an 535 av. Jésus Christ, les Juifs revenaient de l’exil. Après l’enthousiasme du retour, c’était le désenchantement. La Ville sainte, Jérusalem, avait été détruite par l’envahisseur, 50 ans plus tôt. Il fallait tout reconstruire. Les gens étaient découragés. « Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve, leur dit le prophète, et, comme un torrent qui déborde, la gloire des nations. » … Comme un enfant que sa mère console, je vous consolerai. … Vous verrez, votre cœur sera dans l’allégresse ; et vos os revivront comme l’herbe reverdit. Le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs ». Quoi dire de plus réconfortant? Quand Dieu parle ainsi, c’est qu’il a vu une détresse, un besoin de consolation. C’est aussi qu’il va bientôt agir.
Saint Paul nous a rappelé, en 2e lecture, une réalité très importante, à ne jamais oublier : au cœur de notre foi, il y a la Croix du Christ, le mystère pascal. Paul a vécu dans son corps ce mystère. Là était son trésor et sa fierté!
Rappelons-nous aussi le contexte où nous sommes dans l’Évangile, alors que les disciples sont en route vers Jérusalem avec le Christ. C’était au cœur du message de dimanche dernier. Jésus est à la veille de vivre sa passion et sa mort. Ses disciples sont appelés à le suivre sur cette route. Comment échapperions-nous à l’épreuve? L’important, c’est d’être avec le Christ, de prendre notre force dans sa croix glorieuse. Forts de l’amour du Père, tout entier ancrés dans sa miséricorde infinie, nous passerons la mort avec le Fils.
Que cette eucharistie soit pour nous le rappel de cette vérité. Elle nous donne de participer, dans l’intime de notre vie et en communauté sainte, à ce mystère d’amour et de paix, la Victoire du Christ mort et ressuscité pour nous.
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Votre avenir appartient au ciel
Tel concours réussi, telle victoire remportée au niveau sportif ou dans une compétition plus professionnelle ? Tous nous portons en nous de ces souvenirs : une issue heureuse, attendue ou inespérée, qui provoque toujours, longtemps après, un même sentiment de joie et éventuellement de fierté. Mais comment cela se passe-t-il dans le domaine spirituel ? Existe-t-il une sorte de « performance » de la foi de type pastoral ou d’évangélisation dont nous pouvons nous réjouir ? L’Évangile aborde cette question.
Réjouissez-vous, dit le Christ. Cette joie dont témoignent les disciples après leur envoi en mission a toutefois besoin de nuances. Oui, ils ont fait une première expérience heureuse : porter une parole qui s’enracine dans celle du Maître. Mais leur joie s’attache-t-elle uniquement à la force performative de cette parole auprès de leur auditoire ? Jésus rectifie leur compréhension. Cause et effet ne sont pas à confondre. L’efficacité de l’action apostolique ne provient pas des dons naturels ou spirituels des disciples. Sa source est en Dieu lui-même. La seule joie légitime est celle d’un émerveillement : leurs noms à eux sont inscrits dans les cieux, comme le formule le texte biblique.
Qu’est-ce que cela veut dire ? L’expression au passif met les disciples en garde. Ce n’est pas un mérite qui fait d’eux les témoins du Christ, des prédicateurs efficaces ou des thaumaturges exceptionnels. L’Invisible seul est à l’origine de tout ; celui par qui Jésus lui-même reçoit son être et son mandat. Dans un monde ambigu par rapport à son avenir, la seule joie capable de (sup-)porter les réussites comme les échecs, provient de Celui qui envoie. Jésus sait de quoi il parle. Et il ne veut laisser aucun doute pour ses amis, envoyés eux aussi pour attester dans un environnement parfois hostile des initiatives de Dieu. Il se rend proche. Il désire qu’on lui accorde le mot de la fin, le mot de la grâce. C’est cela qu’implique le terme « règne de Dieu ».
Secouer la poussière collée aux pieds pour la rendre aux villes inhospitalières ? Publiquement ? Ce geste n’est pas une malédiction secrète ni un signe de vengeance. Mais un langage dans lequel les messagers retrouveront leur liberté et leur rôle : ils sont envoyés pour apporter la paix, pour guérir les relations sociales, pour oser une parole neuve. S’ils rencontrent un rejet ou une fermeture à cette manière de vivre, celui concerne le Christ. C’est lui qui, au nom du Père, les a mis en route.
Au départ les disciples n’avaient rien avec eux, ni bourse, ni sac, ni sandales. Mais il importe qu’en quittant un lieu, ils ne se chargent pas de ce qui leur est arrivé sur place : un non-accueil, une absence d’écoute, une méfiance spirituelle. Leur mission ne comporte pas une obligation de résultat au sens moderne du mot. Ils ne seront pas renvoyés. Leur chemin ne sera pas différent de celui du maître. La croix infligée au Seigneur barrera aussi la route des disciples.
Et la prière ? Elle précède tout. Le Christ invite à prendre la mesure de ce qui est à faire. Une disproportion importante apparaît entre l’immensité de la tâche à accomplir et le manque de personnes pour la prise en charge. On croirait entendre les responsables actuels de nos Églises. Mais au-delà de la similitude de l’analyse, invitent-ils vraiment à cette prière que Jésus propose ? une prière de confiance, une prière qui procure la paix à celles et ceux qui se mettront à agir. Pas d’effervescence, pas de panique, ni de stress. Ils auront déchargé leurs soucis sur Celui qui est le maître de la moisson. Et qui a osé commencer avec un seul, que ce soit Abraham ou Jésus.
Réjouissez-vous. Votre identité, votre dignité, votre avenir appartiennent au ciel.
Agnès von Kirchbach
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Appel à la joie
Les textes de ce dimanche nous appellent à la joie, à l’exultation, en nous souvenant que nous sommes passés dans un monde nouveau, l’ancien est définitivement dépassé, nous en sommes libérés.
« Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez en elle, vous tous qui l’aimez » nous proclame Isaïe, et Jérusalem est pour nous l’Église universelle. Cette joie vient de la consolation que nous apporte Dieu, « comme celui que sa mère console », de la Paix qu’il nous donne :« voici que je fais couler vers elle la paix comme un fleuve, comme un torrent débordant ».
Nous pouvons alors, avec le psalmiste et avec toute la terre, acclamer Dieu, « Lui qui rend notre âme à la vie » !
Dans la Lettre aux Galates Paul nous montre quel est le cœur de cette joie : la Résurrection, après la Croix, a fait basculer le monde, nous sommes passés de « l’ancien monde » au « nouveau », « La circoncision n’est rien, ni l’incirconcision ; il s’agit d’être une créature nouvelle ».
Enfin l’Évangile de Luc nous rappelle l’urgence dans laquelle nous sommes. « Le Royaume de Dieu est tout proche de vous » (car dès la Résurrection il sera parmi nous qui devons lui faire place, le faire être). Et Jésus de nous envoyer en mission, car la moisson est abondante mais manque d’ouvriers. Notre mission est de témoigner, d’annoncer qu’il « s’agit d’être une créature nouvelle » parce que l’événement de la Croix-Résurrection nous a libérés de nos chaînes. Et Jésus lui-même est saisi par cette joie que nous célébrons aujourd’hui :« Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair », formule remarquable pour dire notre libération du Mal. Cet Évangile est suivi de ce verset :« À cette heure il tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint ».
À nous de vivre de cette joie, de la transmettre, en nous ouvrant au monde qui souvent ne la connaît pas. Ne la gardons pas pour nous, au fond de notre confort. Dans une formulation bien à elle Etty Hillesum écrivait : « Ce ne serait pas sorcier d’avoir une « idylle » avec toi [mon Dieu] dans l’atmosphère préservée d’un bureau, mais ce qui compte, c’est de t’emporter, intact et préservé, partout avec moi… »
Marc Durand
http://www.garriguesetsentiers.org