Solennité de l’Ascension du Seigneur – Année C
Luc 24, 46-53

- Actes 1,1-11
- Psaume 46
- Hébreux 9,24-28; 10,19-23
- Luc 24,46-53
Ascension : « Il vous est bon que je m’en aille »
Marcel Domergue
Nous voici au terme de ces quarante jours mystérieux pendant lesquels Jésus, à la fois présent et inaccessible, a préparé ses disciples au temps où il faudra croire sans voir En fait la Résurrection était déjà un bond dans la vie de Dieu et l’Ascension ne fait que révéler une réalité qui était déjà là. Quand les disciples ont eu l’évidence que Jésus avait traversé la mort, ils n’ont pas forcément compris que la vie nouvelle qui l’animait désormais n’était plus celle d’avant la Passion. Ils vont maintenant devoir accepter d’attendre le retour du Christ. Combien de paraboles nous parlent du maître qui s’absente, confiant la maison à ses employés !
Cependant, si Jésus n’est plus là pour nos sens corporels, nous ne sommes pas seuls pour autant. Nous voici habités par son Esprit et pris dans l’unité d’un corps aux membres multiples : «Il vous est bon que je m’en aille» disait Jésus en Jean 16,7 et, en 17,11 : «Je ne suis plus dans le monde, mais eux sont dans le monde, tandis que je m’en vais à toi, Père saint (…) Qu’ils soient Un comme nous.» C’est pourquoi Luc termine son récit en disant que les disciples sont remplis de joie en rentrant à Jérusalem. Telle est notre situation actuelle. Nous n’avons de contact visuel et auditif avec Jésus qu’à travers les Écritures ; et pourtant il est là, plus près, plus intime qu’au temps de sa vie « terrestre ».
Le nom au-dessus de tout nom
Parce que le Christ a su aimer jusqu’à se soumettre à notre mort, «Dieu l’a souverainement exalté et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse, aux cieux, sur terre et aux enfers, et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur…».
L’Ascension n’est pas seulement une disparition assortie d’un nouveau mode de présence, elle est aussi une élévation. Même dans le langage courant, la hauteur géographique est symbole de l’excellence. L’image de Jésus montant aux cieux et disparaissant dans la nuée est à prendre en ce sens. Le voici pourvu du Nom qui est au-dessus de tout nom, donc qui n’est plus un nom. Le Nom imprononçable, le nom divin dont il est question dans le récit du buisson qui brûle sans se consumer en Exode 3,14. Désormais, continue le texte de Paul, le nom divin, jadis imprononçable, devient Jésus. Au-dessus de quoi Jésus est-il élevé ? Dans la 2e lecture, Paul dit que Dieu l’a «établi au-dessus de toutes les puissances et de tous les êtres qui nous dominent.» Il l’a établi, dit-il, plus haut que tout et lui a tout soumis.
Tous, nous avons part à ce pouvoir, parce que le Christ devient «la tête de l’Église qui est son corps (…), l’accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble totalement de sa plénitude.» Au fond, les cieux auxquels le Christ monte, c’est nous, l’Église.
L’Ascension et la victoire de la croix
Les termes employés par Paul pour dire tout ce que le Christ surmonte, tout ce qui nous est contraire, restent pour nous un peu abstraits ; essayons de préciser. Quand Jésus accepte d’aller à la mort de la croix, il surmonte la peur et le doute pour se fier à l’Écriture. La croix est déjà une victoire de la foi, victoire laborieuse si l’on en croit le récit de Gethsémani. Victoire également sur tout ce qui, en nous, engendre la violence : désir de rendre le mal pour le mal, désir d’opposer la force à la force : les légions d’anges ne seront pas convoquées (Matthieu 26,53) ; le besoin de défendre son honneur, sa dignité. Jean a raison de dire que par la croix Jésus a été élevé de terre : il s’est élevé au-dessus de toutes les tentations de puissance qui nous dominent et nous dressent les uns contre les autres.
C’est dans ce consentement à la faiblesse que s’affirme la puissance de Dieu. Cette puissance n’est pas une puissance «contre» mais une puissance «en faveur de», comme au premier jour de la création. La croix est une victoire de la vie sur les forces de mort, et la Résurrection ne fera qu’expliciter ce triomphe de Jésus sur tout ce qui voudrait le persuader de refuser le don de sa vie, donc de l’amour. Il ressuscite parce que c’est l’amour qui fait vivre. Parvenu au comble de l’amour, Jésus est déjà entré dans la vie de Dieu et l’Ascension nous en donnera le signe et la révélation. On le voit, le mystère du Christ est d’un seul tenant.
Inquiétante disparition
Le jour de l’Ascension, quarante jours après le dimanche de Pâques, jour de la Résurrection, et dix jours avant la Pentecôte, l’Église célèbre l’élévation du Christ : Jésus entre dans le ciel avec son corps.
Dans les Actes des apôtres, il est dit que Jésus, sous le regard de ses apôtres, “s’éleva” et qu’ “une nuée le déroba à leurs yeux”. Jésus a disparu. Il s’est évaporé en quelque sorte, laissant ses disciples ébahis… et désolés. Encore une fois, il a fallu les rassurer, les consoler, les tourner vers l’avenir. Deux hommes vêtus de blanc (des anges ?) leur furent envoyés : “Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel ?” Il nous arrive aussi parfois de rester à contempler le ciel et de nous lamenter parce que nous ne voyons plus rien. Tout est noir, et vide. Jésus “monté” au ciel est absent et les anges, hélas, ne viennent pas nous rassurer. Mais ce que nous disent aussi les textes, c’est que Jésus, qui connaissait bien ceux qui l’entouraient, ne les laisse pas se morfondre trop longtemps : “Il commença d’une manière mystérieuse, à être plus présent par sa divinité, alors qu’il était plus éloigné quant à son humanité” explique Léon le Grand. Et cette perception de la présence divine de Jésus nous est aussi permise. C’est sans doute cela la belle leçon de cette fête de l’Ascension : Jésus, “monté au ciel”, invisible et immatériel, nous reste mystérieusement présent. Bonne fête à tous, y compris et surtout, à ceux qui doutent de cette présence !
Lever le regard vers le ciel, pour le tourner ensuite vers la terre
Aujourd’hui, [nous célébrons] la solennité de l’Ascension du Seigneur. Cette fête contient deux éléments. D’une part, elle dirige notre regard vers le ciel, où Jésus glorifié est assis à la droite de Dieu (cf. Mc 16, 19). D’autre part, elle nous rappelle le début de la mission de l’Eglise: Pourquoi? Parce que Jésus ressuscité et monté au ciel envoie ses disciples diffuser l’Evangile dans le monde entier. Par conséquent, l’Ascension nous exhorte à élever le regard vers le ciel, pour le tourner ensuite immédiatement vers la terre, accomplissant les tâches que le Seigneur ressuscité nous confie.
C’est ce que le passage de l’Evangile nous invite à faire aujourd’hui: l’événement de l’Ascension y vient immédiatement après la mission que Jésus confie aux disciples. C’est une mission sans limites — c’est-à-dire, littéralement «sans limites» — qui dépasse les forces humaines. En effet, Jésus dit: «Allez dans le monde entier, proclamez l’Evangile à toute la création» (Mc 16, 15). Cette tâche que Jésus confie à un petit groupe d’hommes simples et sans grandes compétences intellectuelles semble vraiment trop audacieuse! Pourtant, cette petite compagnie, sans importance face aux grandes puissances du monde, est envoyée pour apporter le message d’amour et de miséricorde de Jésus aux quatre coins de la terre.
Mais ce projet de Dieu ne peut être réalisé qu’avec la force que Dieu lui-même accorde aux apôtres. En ce sens, Jésus les assure que leur mission sera soutenue par l’Esprit Saint. Et il dit: «Mais vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre» (Ac 1, 8). C’est ainsi que cette mission a pu se réaliser et que les apôtres ont commencé cette œuvre, qui a ensuite été poursuivie par leurs successeurs. La mission confiée par Jésus aux apôtres s’est poursuivie à travers les siècles, et continue aujourd’hui encore: elle requiert notre collaboration à tous. Chacun, en effet, en vertu du baptême qu’il a reçu, est habilité en ce qui le concerne à proclamer l’Evangile. C’est précisément le baptême qui nous habilite et nous pousse à être des missionnaires, à annoncer l’Evangile.
L’Ascension du Seigneur au ciel, tout en inaugurant une nouvelle forme de présence de Jésus parmi nous, nous demande d’avoir des yeux et un cœur pour le rencontrer, le servir et en témoigner auprès des autres. Il s’agit d’être des hommes et des femmes de l’Ascension, c’est-à-dire des chercheurs du Christ sur les chemins de notre temps, qui portent sa parole de salut jusqu’aux extrémités de la terre. Sur cet itinéraire, nous rencontrons le Christ lui-même dans nos frères, spécialement dans les plus pauvres, dans ceux qui souffrent dans leur chair de l’expérience dure et mortifiante de pauvretés anciennes et nouvelles. De même qu’au commencement, le Christ ressuscité a envoyé ses apôtres avec la force de l’Esprit Saint, ainsi, aujourd’hui, il nous envoie tous, avec la même force, pour apporter des signes concrets et visibles d’espérance. Parce que Jésus nous donne l’espérance, il est allé au ciel et a ouvert les portes du Ciel et l’espérance que nous arriverons là.
Que la Vierge Marie qui, en tant que Mère du Seigneur mort et ressuscité, a animé la foi de la première communauté des disciples, nous aide nous aussi à garder «haut les cœurs», comme nous exhorte à le faire la liturgie. Et en même temps, qu’elle nous aide à avoir «les pieds sur terre» et à semer avec courage l’Evangile dans les situations concrètes de la vie et de l’histoire.
Pape François
Regina Coeli 13.5.2018
ASCENSION
Marc Durand
Les évangiles synoptiques ne parlent pas de quarante jours d’attente, c’est presque immédiatement que le Christ quitte ses apôtres. Jean n’évoque même pas l’Ascension. Ce sont les Actes qui parlent de quarante jours. Leur auteur s’intéresse aux premiers pas des Chrétiens, à la compréhension qu’ils devaient avoir pour être à mêmes de suivre le Christ. S’il évoque cette quarantaine, c’est évidemment en référence à d’autres qui les ont précédés sur la route de la rencontre de Dieu.
Dieu a accompagné son peuple en fuite pendant quarante ans au désert pour qu’enfin il le reconnaisse comme son protecteur unique et soit alors à même de s’installer en terre promise. Élie a marché quarante jours pour Le trouver sur l’Horeb. Il fuyait ses responsabilités, menacé par Achab, mais Dieu l’a rattrapé, a pris soin de lui pour qu’il puisse enfin le rencontrer :
« L’ange du Seigneur le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange! Autrement le chemin serait trop long pour toi. » Élie se leva, mangea et but. Puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu (1 Rois 18, 7-8). »
Quarante jours au désert dans l’intimité du Père pour que Jésus se sente prêt à commencer sa mission après avoir rejeté les autres idoles, qui sont encore les nôtres, soif de possession, soif de pouvoir, soif de nous-mêmes. Cela lui permettra de ne pas fuir comme Élie lorsque le drame arrivera. Il faut enfin quarante jours après Pâques pour que les Apôtres, en fuite eux aussi, retournés à leur vie de pêcheurs galiléens ou s’éloignant de Jérusalem comme les disciples d’Emmaüs, acceptent de faire leur deuil de toutes leurs illusions, de leurs espoirs bien concrets (ils se disputent encore les places et comptent sur l’instauration d’un royaume en Israël). Alors ils reviennentà Jérusalem, centre de la mort-résurrection, d’où ils pourront partir en mission et non pas pour revenir sur leurs pas à leur vie antérieure.
Ce temps après Pâques est celui de la rencontre de Jésus qui tente de faire comprendre aux disciples qu’il n’est pas venu pour établir un royaume terrestre et leur ouvrir l’esprit sur le sens de sa mission. Quarante jours pour les accompagner dans la compréhension des voies du Père. Leur faire comprendre que la Croix est le centre du mystère : elle manifeste la relation entre le Père et le Fils qui Lui confie l’humanité, elle est le chemin nécessaire pour faire de nous des fils comme Jésus est le Fils. Il faut passer de la religion du Père tout-puissant auquel tout est soumis, à celle du Fils et du Dieu faible qui invite les hommes à vivre dans son amour. La résurrection n’a pas de sens sans la Croix, elle est l’achèvement du processus de l’Incarnation qui permet à Dieu de nous faire entrer dans sa vie, dans sa relation trinitaire. On sort d’une relation de dépendance, finalement assez confortable si on se soumet, à une relation d’amour libéré qui prend toute la vie, qui chamboule tout, qui détruit les repères habituels, qui exige tout en n’exigeant rien.
Les disciples étaient repartis à leurs affaires, mais Jésus vient les prendre les uns et les autres par la main, de façon plutôt incognito, pour les remettre sur le bon chemin en leur ouvrant les yeux. Et l’autorité qu’il leur octroie pour la mission est légitimée par l’amour qu’ils ont pour lui (on ne parle pas d’obéissance) :
« Pierre, m’aimes-tu ? Oui, Seigneur. Pais mes brebis » (Jn 21, 15).
Cette démarche, Jésus la fait avec nous aussi, de façon tout aussi discrète. Pour faire le deuil de tous nos espoirs de puissance, de réussite1, pour pouvoir nous mettre en chemin avec lui . Qu’est-ce qui dirige nos vies ? A la fin de ce temps pascal qui nous a fait revivre l’essentiel de notre foi, il est temps de savoir où nous voulons nous diriger. Il est temps de savoir écouter, d’être attentifs. Il est temps de nous déprendre pour recevoir. Il est temps d’entrer dans l’intimité de Dieu, et non dans sa dépendance.
Bientôt nous serons envoyés en mission, avec la venue du Paraclet. La route se déroule dans le brouillard et l’obscurité. Comme pour les disciples d’Emmaüs, c’est en marchant que nous serons éclairés.
http://www.garriguesetsentiers.org
Témoins d’une Espérance !
Jacques Marcotte, o.p.
« Jésus les emmena au-dehors… et levant les mains, il les bénit. Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel. » Il était donc en train de leur parler, de leur dire du bien, de les louanger. Il les bénissait, et il fut emporté. On comprend l’émotion dans laquelle les disciples se retrouvent. Un mélange de bonheur, dans la joie de voir leur maître ainsi glorifié, et de tristesse, dans la peine de voir qu’il les quitte, qu’il s’en va vers le Père.
Ça ressemble au départ d’un parent ou d’un ami qui nous quitte pour un ailleurs, pour l’autre vie, après un temps peut-être de souffrances ou d’une existence bien remplie. Nous pleurons son départ. Mais nous nous disons qu’il ne part pas vraiment. Il laisse en nous sa marque comme une bénédiction, une bonne et douce influence. Nous savons que désormais notre vie ne sera plus pareille à cause de lui, à cause d’elle. Nous nous disons aussi qu’un grand bonheur, un grand amour attend notre parent, notre ami par-delà les nuages et les souffrances de la vie terrestre. La vie présente a tellement de limites. Nous espérons bien qu’un avenir meilleur nous est préparé dans l’autre monde.
Or, le mystère de l’Ascension du Seigneur Jésus est au cœur de notre expérience chrétienne. Il se situe au point de jonction entre deux mondes, le nôtre et celui de Dieu. Jésus, le Fils de Dieu, nous a été tellement proche, inséré qu’il était dans notre chair, vivant notre condition en tout point sauf le péché. Et c’est ainsi qu’il s’est livré pour nous. Sa résurrection nous a montré l’aboutissement de son sacrifice.
Avec ses disciples émerveillés, le Ressuscité fait lui-même la relecture de son parcours. Il fallait, dit-il, que le fils de l’homme souffre beaucoup et qu’il ressuscite, et qu’une conversion soit proclamée en son nom pour le pardon des péchés. Son ascension vient marquer une transition, le passage d’une étape à une autre. C’est comme si Jésus disait : j’ai fait tout ce qu’il fallait. Ma victoire sur le mal et sur la mort vous a été manifestée. Je pars vers mon Père et votre Père, et je vous confie la suite de la mission qui a été la mienne : annoncer la bonne nouvelle que Dieu aime toute l’humanité. J’en ai témoigné par mes paroles et mon service jusqu’à donner ma vie. Oui, j’assumais votre état de misère et de péché dans ce que j’ai enduré pour vous. Maintenant vous êtes purifiés dans mon sang versé, vous êtes sanctifiés par mon corps livré pour vous. Gardez-en fidèlement la mémoire dans les rites de mon eucharistie. Vous participerez ainsi à ma victoire et vous serez en communion avec votre Dieu et Père.
Jésus ressuscité fut emporté au ciel. Si son ascension nous est rapportée, c’est pour nous dire deux choses :
La première, c’est que nous avons une mission qui nous est confiée, celle de témoigner de l’œuvre du Christ, d’annoncer le salut de Dieu pour tous et la conversion qui fait entrer dans cette miséricorde offerte à tous. « À vous d’en être les témoins », dit Jésus. Cette mission s’accomplit d’abord dans notre chair, par notre connaissance du Christ et de son mystère, dans une intimité qui nourrit l’amour fraternel et la pratique chrétienne. C’est le témoignage d’une vie d’amour et de service au nom du Christ vivant.
Le deuxième message de l’Ascension, c’est la promesse du Seigneur : « Vous serez revêtus d’une puissance venue d’en-haut ». L’Esprit viendra vous aider, vous donner force et courage. L’Esprit de Pentecôte vous réconfortera pour le témoignage à donner au Christ. Il sera là pour vous défendre et vous consoler.
Esprit du Dieu vivant! Esprit de feu, d’amour et de Paix! Qu’il nous garde dans la force et la joie de l’Espérance! Puissions-nous être tous animés de cet Esprit!
http://www.spiritualite2000.com
Les “pieds” de l’Église missionnaire vers “tous les peuples”
Romeo Ballan, mccj
L’Ascension de Jésus au Ciel se présente à notre méditation sous trois aspects qui sont complémentaires: 1°. comme une glorieuse manifestation de Dieu (I lecture), d’où la nuée; hommes tout de blanc vêtus, références au ciel… (v. 9-11); 2°. comme accomplissement d’une œuvre difficile et paradoxale, mais qui a réussi (II lecture); 3°. comme envoi des apôtres (Évangile), qui sont les “témoins” pour une mission qui est grande comme le monde: prêcher au nom de Jésus, “à toutes les nations la conversion et le pardon des péchés” (v. 47-48).
L’événement pascal de Jésus confirme toute l’espérance joyeuse de l’Église, ainsi que la “sereine confiance” des fidèles de le rejoindre un jour pour “partager sa gloire” (Préface). L’engagement apostolique et l’optimisme qui animent les missionnaires de l’Évangile ont leur racine dans la certitude d’être porteurs d’un message et d’une expérience de vie réussie, qui porte le sceau de la Résurrection. Vie pleinement réussie d’abord dans le Christ ressuscité; mais aussi une vie déjà réussie dans les membres de la communauté chrétienne, bien que en forme encore embryonnaire. Les fruits de la nouvelle vie sont là: le tout est d’être en mesure de les voir et savoir les apprécier.
Les Apôtres, mais aussi les missionnaires de tous les temps deviennent “témoins (du Christ) à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre” (Act 1,8; Lc 24,48). Leur parcours s’ouvre progressivement en mouvement de spirale, depuis le centre (Jérusalem) vers une périphérie qui a les dimensions du monde. Le monde entier est en effet le champ où Jésus, avant de monter au ciel, envoie ses disciples-témoins (Évangile): “à tous les peuples!” pour prêcher la conversion au Dieu de la miséricorde, qui pardonne les péchés et sauve (v. 47).
La mission de témoignage est radicale et efficace, comme il apparaît dans l’histoire de l’évangélisation, depuis les débuts (Actes des Apôtres) jusqu’à nos jours. Elle est confiée aux adultes en âge et dans la foi, mais aussi aux jeunes.. L’engagement missionnaire des jeunes se justifie surtout à partir du sacrement de la Confirmation, étape significative de leur cheminement chrétien, qui les prépare au témoignage de la foi, et donc à la mission. La Confirmation amène les jeunes à l’engagement apostolique pour devenir les évangélisateurs des autres jeunes.
Les dernières paroles des Évangiles correspondent au lancement de l’Eglise en mission –une Église qui est «en situation permanente de mission»- pour continuer l’œuvre de Jésus. Partout, toujours! Le regard tourné vers le ciel (Actes 1,11), destin final qui inspire le grand voyage de la vie, ne doit pas distraire ou diminuer les énergies. Au contraire il encourage les chrétiens et les évangélisateurs à porter toujours un regard d’amour sur le monde, un engagement missionnaire sensible aux réalités de la vie, généreux et créatif pour la vie de la famille humaine. Toute forme de spiritualisme aliénant est donc à fuir, dans le but de se maintenir bien enracinés dans la vie et dans l’histoire des hommes: c’est dans ce contexte que le Christ réalise notre salut. C’est une mission à accomplir dans l’espérance et avec réalisme, rendus forts par la ‘force de l’Esprit Saint’ (Actes 1,8). Dans la certitude de la présence durable de Jésus qui bénit les siens, en portant sur eux son regard de bienveillance, et les remplit de sa “grande joie” (Lc 24,50-52). L’Ascension ne signifie pas que le Seigneur est absent, mais qu’Il est présent d’une façon différente (Mt 28,20; Mc 16,20): chaque jour Il agit ensemble avec ses disciples et confirme par des signes la Parole qu’ils annoncent.
Certaines images présentent le mystère de l’Ascension avec une nuée qui couvre le corps de Jésus, sauf ses pieds: ce sont les pieds de l’Église missionnaire, les pieds des chrétiens, évangélisateurs et évangélisatrices, qui, sur les routes du monde, portent à tous les peuples l’Évangile. À chaque personne humaine, groupe ou catégorie. Ils annoncent l’Évangile par sa propre vie, par sa parole, ainsi que par les modernes médias de la communication sociale (presse, cinéma, vidéo, internet, sms, blog, sites web, et d’autres formes de messages digitaux), qui constituent de nouvelles voies pour l’évangélisation et la catéchèse. Voilà des chances et des défis bouveaux de la mission!