IV Dimanche de Carême – Année C
Luc 15,11-32

Un troisième fils
Pape François
Dans le chapitre 15 de l’Évangile de Luc, nous trouvons les trois paraboles de la miséricorde : celle de la brebis retrouvée (vv. 4-7), celle de la monnaie retrouvée (vv. 8-10), et la grande parabole du fils prodigue, ou mieux, du père miséricordieux (vv. 11-32). Aujourd’hui, il serait beau que chacun de nous prenne l’Évangile, ce chapitre 15 de l’Evangile selon Luc, et lise les trois paraboles. Au sein de l’itinéraire quadragésimal, l’Évangile nous présente précisément cette dernière parabole du père miséricordieux, qui a comme protagoniste un père avec ses deux fils. Le récit nous fait comprendre certains traits de caractère de ce père : c’est un homme toujours prêt à pardonner et qui espère contre toute espérance. Ce qui frappe avant tout est sa tolérance face à la décision de son plus jeune fils de quitter le foyer : il aurait pu s’opposer, le sachant encore peu mûr, un jeune garçon, ou chercher un avocat pour ne pas lui donner l’héritage, étant encore vivant. Au contraire, il lui permet de partir, bien qu’en prévoyant les risques possibles. C’est ainsi que Dieu agit avec nous : il nous laisse libres, même de nous tromper, parce qu’en nous créant, il nous fait le grand don de la liberté. C’est à nous d’en faire bon usage. Ce don de la liberté que Dieu nous donne me surprend toujours !
Mais le détachement de ce fils n’est que physique ; le père le porte toujours dans son cœur ; il attend son retour confiant ; il scrute la route dans l’espoir de le voir. Et un jour, il le voit apparaître au loin (cf. v. 20). Mais cela signifie que ce père, chaque jour, montait sur la terrasse pour voir si son fils revenait ! Alors il s’émeut en le voyant, il court à sa rencontre, le serre dans ses bras, l’embrasse. Combien de tendresse ! Et ce fils en avait fait des bêtises ! Mais le père l’accueille ainsi.
Le père réserve la même attitude également au fils aîné, qui est toujours resté à la maison, et à présent est indigné et proteste parce qu’il ne comprend pas et ne partage pas toute cette bonté envers son frère qui avait commis des erreurs. Le père va à la rencontre de ce fils et lui rappelle qu’ils ont toujours été ensemble, qu’ils ont tout en commun (v. 31), mais il faut accueillir avec joie le frère qui qui est enfin rentré à la maison. Et cela me fait penser à une chose : lorsqu’on se sent pécheur, on se sent vraiment peu de choses ou, comme je l’ai entendu dire par certaines personnes — beaucoup de personnes — : « Père, je me sens sale ! », alors, le moment est venu d’aller vers le Père. En revanche, lorsque l’on se sent juste — « J’ai toujours fait les choses correctement… » —, le Père vient également nous chercher, parce que cette attitude de se sentir juste est une mauvaise attitude : c’est l’orgueil ! Cela vient du diable. Le père attend ceux qui se reconnaissent pécheurs et va chercher ceux qui se sentent justes. C’est ainsi qu’est notre Père !
Dans cette parabole, on peut entrevoir également un troisième fils. Un troisième fils ? Où cela ? Il est caché ! C’est celui qui « ne retient pas jalousement le rang qui l’égalait [au Père], mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave » (Ph 2, 6-7). Ce fils-esclave, c’est Jésus ! Il est l’extension des bras et du cœur du Père : c’est Lui qui a accueilli le prodigue et a lavé ses pieds sales ; c’est Lui qui a préparé le banquet pour la fête du pardon. C’est Lui, Jésus, qui nous enseigne à être « miséricordieux comme le Père ».
La figure du père de la parabole dévoile le cœur de Dieu. Il est le Père miséricordieux qui, en Jésus, nous aime au-delà de toute mesure, il attend toujours notre conversion chaque fois que nous nous trompons ; il attend notre retour quand nous nous éloignons de lui en pensant pouvoir nous passer de lui ; il est toujours prêt à nous ouvrir ses bras, quoi qu’il arrive. Comme le père de l’Évangile, Dieu continue lui aussi à nous considérer comme ses enfants lorsque nous nous sommes égarés, et il vient à notre rencontre avec tendresse quand nous revenons à Lui. Et il nous parle avec beaucoup de bonté quand nous croyons être justes. Les erreurs que nous commettons, même si elles sont grandes, n’affectent pas la fidélité de son amour. Dans le sacrement de la Réconciliation, nous pouvons toujours repartir à nouveau: Il nous accueille, il nous restitue la dignité de ses enfants et nous dit : « Va de l’avant! Sois en paix! Lève-toi, va de l’avant ! ».
En ce temps de Carême qui nous sépare encore de Pâques, nous sommes appelés à intensifier le chemin intérieur de conversion. Laissons-nous toucher par le regard plein d’amour de notre Père, et retournons à Lui de tout notre cœur, en rejetant tout compromis avec le péché. Que la Vierge Marie nous accompagne jusqu’au baiser régénérant avec la Divine Miséricorde.
Angelus, 6 mars 2016
L’amour inconditionnel
Marcel Domergue
Les paraboles du chapitre 15 de Luc ne nous parlent pas d’abord de nous-mêmes, de ce que nous devons faire ou ne pas faire, elles nous parlent de Dieu et nous aident à améliorer notre réponse à la question que nous ne cessons de nous poser mais qui nous dépasse infiniment : « Comment est Dieu ? » Bien sûr, comme dit Paul, le Christ est l’icône du Dieu invisible, la visibilité de Dieu, si l’on veut. Pourtant il ne suffit pas de regarder Jésus, il faut encore le comprendre et c’est pour cela qu’il s’explique, en paraboles notamment. Ici nous apprenons que Dieu est comme un père dont l’amour serait inconditionnel. En demandant sa part d’héritage, le fils cadet se comporte comme si son père était déjà mort. Il le tue, en quelque sorte. Mais c’est le fils prodigue lui-même qui, sans s’en douter, choisit de mourir. En effet, partant en dépouillant son père, il sort de l’humain, et la suite de son aventure ne fera qu’actualiser cette déshumanisation. L’enfant se relèvera quand il retournera vers son origine, le père, ce qui équivaudra à une nouvelle naissance, et c’est la conclusion de la parabole : « Ton frère que voilà était mort, il est revenu à la vie. » Notons que les trois paraboles de ce chapitre 15 nous parlent avec insistance de la joie de Dieu. Pas de colère, pas de jugement, mais du bonheur qui couronne tout ce que Dieu vit avec l’homme.
Les trois personnages
Quand nous lisons une parabole, nous nous identifions d’instinct à l’un des personnages mis en scène. Dans la parabole du fils perdu et retrouvé, nous nous identifions facilement à cet enfant. Nous apprenons alors que mettre de la distance entre Dieu et nous est source de déchéance et de souffrance. L’Écriture parle souvent de l’opposition fils-esclave, par exemple en Galates 4,1-7. Dans notre parabole, le cadet a perdu sa condition de fils pour se retrouver dans le statut d’esclave : « Je ne mérite plus d’être appelé ton fils, traite-moi comme l’un de tes journaliers. » Notons que le père ne le laisse pas achever cette phrase (v. 21). Nous avons tous à retrouver, sans cesse, notre filiation divine. Mais nous pouvons tous nous identifier aussi au Père, totalement ouvert pour l’accueil du coupable : « Aimez vos ennemis (…) afin de vous montrer les fils de votre Père des cieux (…). Soyez parfaits comme votre Père est parfait » (Matthieu 5,44-48). Et le fils aîné ? Comme les ouvriers de la première heure en Matthieu 20, il s’indigne au spectacle d’une générosité qui surclasse toute justice. Cette jalousie fait penser à ce que Paul explique à propos d’Israël et des païens dans l’épître aux Romains, en particulier au chapitre 11. De fait, il est possible de voir dans le fils aîné le juif, premier appelé, lié à Dieu par une Alliance irréversible ; le cadet, figure du païen né du même Dieu, s’est égaré loin de son origine (cf. Romains 1,18-25).
Le fils perdu et retrouvé
Rares sont les passages d’évangile qui ne fassent allusion à la Pâque. Ici, les expressions perdu-retrouvé et mort-revenu à la vie doivent nous alerter, car elles correspondent parfaitement à ce qui est arrivé à la crucifixion et résurrection du Christ. Alors, cet enfant perdu serait-il figure du Messie ? À condition de ne pas prétendre faire entrer tous les détails de la parabole dans cette interprétation, on peut souligner que le Christ n’a pas retenu jalousement sa « forme » divine, qu’il est venu prendre la condition de l’homme pécheur. Paul a des formules saisissantes à cet égard, par exemple 2 Corinthiens 5,21 : « Celui qui n’avait pas connu le péché, Dieu l’a fait péché pour nous, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu. » D’une certaine façon, le cadet de la parabole parcourt cette trajectoire, qui n’est autre que celle de Philippiens 2,5-11. Jésus n’était-il pas, d’une certaine manière, loin du Père, séparé de lui, quand, reprenant le Psaume 22, il dit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Mais non, Dieu ne l’a pas abandonné, il l’attend, comme le père de la parabole, pour une communion nouvelle quand il aura traversé et surmonté le mal du monde. Revenons à ce qui a été dit au début de ce commentaire : Jésus veut nous faire comprendre que nous sommes en marche vers la joie, que nous soyons l’enfant perdu ou le fils jaloux.
L’Amour du Père miséricordieux régénère la personne et la société
Romeo Ballan, mccj
Bonne nouvelle! “La fête dans la maison du Père vient juste de commencer… Venez tous!” C’est l’invitation de Jésus (Évangile), qui manifeste l’amour sans limite de Dieu père et mère, dans cette très grande page, mieux connue comme “la parabole de l’enfant prodigue”. Titre trop partiel, qui tient compte du seul fils cadet et oublie l’aîné. Celui-ci méritant autant de reproches de la part du Père, sinon plus. Il serait plus indiqué de dire “la parabole du père miséricordieux”. En effet, c’est bien lui le vrai protagoniste, son amour étant le centre de toute la narration. Déjà le livre de Luc est connu comme l’Évangile de la miséricorde, mais plus particulièrement ce chapitre 15 (avec les trois paraboles) est défini, ‘un évangile dans l’Évangile’. La meilleure nouvelle qui soit!
De cette parabole, déjà universellement connue et si souvent commentée, on se limitera à ne mettre en évidence que quelques aspects essentiels. On remarque tout d’abord que le passage évangélique, choisi comme lecture liturgique aujourd’hui, contient opportunément les premiers versets de Luc chapitre 15: cela nous met dans le contexte de la parabole où Jésus fraternise avec publicains et pécheurs et partage avec eux la table. En même temps les destinataires sont les pharisiens et les scribes qui s’opposent à Jésus (v. 1-3). Ces derniers sont indiqués plus explicitement à la fin, dans le personnage du frère aîné.
On fait remarquer aussi les cinq verbes que Luc utilise pour exprimer l’amour total du père à l’égard du fils qui revient: “il le vit (de loin) et tout ému il courut à sa rencontre, il se jeta à son cou et le couvrit de baisers (v. 20). Les ordres du père suivent immédiatement, pour souligner la réhabilitation pleine et entière de l’enfant retrouvé: le meilleur vêtement (qui marque la dignité dans la famille), la bague au doigt (signe du pouvoir), les chaussures aux pieds (indiquant l’homme libre). Et encore: le veau qui marque l’occasion absolument solennelle, pour une fête ouverte à tous (v. 22-23). C’est justement celle-ci qui est le premier élément en cause dans le dépit du fils aîné revenant des champs (v. 25.29.30). Le père sort pour l’inviter à comprendre la raison de tant de joie: la fête s’impose absolument, car celui qui est revenu, c’est ton propre frère! (v. 32).
Dans la conscience de chacun de nous vivent en même temps les deux frères, le cadet et l’aîné: les deux avec leur mauvaise conduite, les deux ayant également besoin de conversion. Jésus nous dit qu’il nous faut nous convertir au point de ressembler même au Père miséricordieux: il nous accueille tous sans limites, son pardon est gratuit, son désir est que tous viennent vivre dans sa maison. Sur cet itinéraire de conversion, Henri J. M. Nouwen a écrit un livre admirable de méditation, «le retour de l’enfant prodigue», s’inspirant du tableau très renommé de Rembrandt. Voici un de ses messages suggestifs: “Je suis appelé à prendre dans l’avenir la place de mon père, pour donner aux autres la même compassion qu’il a su avoir pour moi. Le retour au Père n’est finalement que le défi à devenir soi-même père à son tour”.
La parabole de Jésus reste ouverte, sans conclusion. Il n’est pas acquis que le frère aîné soit rentré pour prendre part à la fête. Nous ne savons pas non plus si le cadet a su mettre fin à ses bêtises. On sait par contre qu’il y a de la place pour tout le monde dans cette maison-là, et que les places disponibles demeurent toujours très nombreuses… Et en tout cas on est sûr d’une chose: personne n’a le droit de douter du Père et de son amour pour nous, ses serviteurs, ses enfants! Nous avons tous compris également qu’il n’aime pas avoir des serviteurs dans sa maison, mais uniquement des fils. Ce qui veut dire des personnes qui partagent son projet d’amour, et pas seulement des serviteurs qui n’ont que des corvées à faire (v. 31). Notre seul chemin de bonheur est donc de vivre dans la maison du Père: il sait ce qui est le vrai bien pour nous, il sait également ce qui peut nous amener à notre plein épanouissement. Nous ne sommes nullement les créateurs, ni les maîtres de notre destin. Aucune chance pour nous de trouver vie et bonheur en poursuivant notre succès personnel loin de la maison du Père. Joie et bonheur qui seront possibles, par contre, si nous nous mettrons à la suite du Seigneur en toute simplicité et confiance.
Dans la maison de notre Père aimant on a inauguré une nouvelle manière de vivre, une vie de fils, non pas d’eslave. Une expérience que l’Écriture compare à celle du peuple d’Israël (I lecture) qui, au terme des 40 ans vécus dans le désert, et une fois traversé le fleuve Jourdain, prend possession d’une terre fertile, la terre promise. C’est la nouvelle situation: l’homme ne vivra plus la condition précaire de l’étranger, mais aura droit aux fruits de sa propre terre! Il les aura lui-même cultivés! St. Paul nous rappelle d’ailleurs que toute expérience positive doit être partagée avec les autres (II lecture).Celui qui a fait l’expérience de la miséricorde de Dieu, en vivant une relation nouvelle avec lui, celle du fils et de l’ami (v. 17), celui-là voudra inviter aussi les autres à vivre la même expérience de vie et de réconciliation (v. 18-19). Voilà donc comment définir la mission: accueillir dans sa propre vie, pour la partager avec d’autres, l’expérience de l’amour miséricordieux et régénérant de Dieu! La mission est annonce de la miséricorde du Père, en oeuvrant pour que la miséricorde devienne un tissu de relations nouvelles entre les personnes et parmi les peuples. Voilà donc un service missionnaire de qualité pour le développement d’une humanité nouvelle.
La paternité de Dieu
Maurice Zundel
« Il faut voir toute l’Histoire sous l’aspect d’une tragédie divine où le mal est d’abord le mal de Dieu, où Dieu souffre en toute agonie, en toute maladie, en tout désespoir, en toute solitude, en toute mort, où Il est le premier frappé parce que le mal finalement est d’abord une blessure faite à Son Amour.
C’est par là que toute l’histoire s’éclaire, c’est par là que s’affirme de la façon la plus profonde et la plus délicate la paternité de Dieu, le chef-d’oeuvre de la paternité en effet étant déjà dans les rapports humains le respect de l’autonomie.
Jamais un père n’est davantage père que lorsqu’il est à genoux devant la conscience de son enfant et qu’il veut la laisser mûrir dans une entière liberté et qu’il ne l’appelle au Bien que par le rayonnement de sa présence aimante et droite : à l’infini Dieu est ce Père qui nous remet à l’arbitre de notre propre liberté et nous livre Sa Vie comme le trésor que nous avons à garder car le Bien, c’est précisément Sa Vie au coeur de la nôtre. Rien ne peut nous stimuler davantage que cette vision !
Il ne s’agit pas pour nous de nous assujettir à des commandements et de nous soumettre à une Loi mais bien plutôt de prendre soin de cette Vie Divine qui est confiée à notre amour, qui peut constamment s’affirmer à travers nous, et qui malheureusement aussi peut continuellement être défigurée par nos comportements. Mais la pensée qu’il s’agit de Quelqu’un, et que Dieu nous a fait ce crédit, ne peut que réveiller notre générosité et, lorsque nous prenons conscience qu’il en est ainsi, que c’est vraiment Dieu qui est remis entre nos mains et confié à notre amour, il est impossible que nous n’arrivions pas à resurgir dans un élan de véritable amour.
Tout cela d’ailleurs, nous le devons à Jésus-Christ : c’est dans la Vie de Jésus-Christ sinon dans Sa Parole, c’est dans la tragédie qu’il a vécue et qu’il vit depuis le commencement du monde jusqu’à sa fin, que nous apprenons finalement à reconnaître le vrai visage de Dieu.. »
Retraite avec Maurice Zundel, 4ème jour, 4ème rencontre.
http://www.mauricezundel.com
Le mal maintenant ne peut plus être ressenti comme un problème ou une question parfaitement insolubles, mais seulement comme une invitation permanente à la compassion : on souffre avec Dieu des blessures de l’homme que le mal peut tuer, et on souffre avec l’homme parce que Dieu est blessé et va jusqu’à mourir du mal, mais cette souffrance n’est plus un poids, bien au contraire, elle allège le poids de la vie et de la misère humaine pourtant plus sensiblement ressentie dans cette compassion.
– Relire ici la parabole du Père infiniment aimant en Luc, 15, 11-32.
Ce Père infiniment aimant qui a sinon livré sa vie, du moins remis à son fils qui le lui demande, son bien …. et celui-là le gaspille … Et ce gaspillage dans l’absence, l’éloignement et la débauche va révéler l’infinité de l’amour du Père à tel point que lorsque l’absence aura pris fin à la suite d’une décision courageuse du prodigue, une nouvelle joie devra régner dans la maison du père, parfaite et partagée par tous.
Et l’infinie bonté du père va se révéler davantage encore dans son comportement avec le fils aîné qui se fâche, refuse même d’entrer dans la salie des réjouissances ! et son père le supplie d’entrer (15, 28). Aucun reproche devant cette dureté de coeur et cette jalousie qui l’ont mené jusqu’à la colère. Au contraire une parole merveilleuse : Pour toi, tout ce qui est à moi est à toi !
« Jamais père n’est davantage père que lorsqu’il est à genoux devant la conscience de son enfant. »
Ce père qu’on peut voir à genoux devant la conscience du cadet revenu à la vie, d’abord bourrelé de remords (« Père, j’ai péché contre Toi .. verset 18) mais ensuite couvert de baisers par son père qui se jette à son cou !
Peut-on imaginer comment ces deux fils ont vécu par la suite dans la maison de leur père? Leur comportement que l’on peut supposer peut modeler le nôtre.
La tragédie divine que constitue toute l’histoire des hommes est racontée ici : l’humanité est à la fois ce fils perdu et retrouvé, mort et maintenant vivant ET ce fils aîné, fidèle mais au coeur dur qui refuse de reconnaître l’amour, et qui lui aussi hérite de la bonté du père de façon magnifique, et tout se termine dans la joie des retrouvailles. L’un et l’autre ont fait souffrir le père, infiniment si son amour est infini, et l’un et l’autre finalement se réjouissent ensemble avec le Père clans Sa maison.
On peut penser aussi que les pécheurs auxquels Jésus fait bon accueil, et les pharisiens qui Le rejettent, sont racontés dans cette parabole, ces pharisiens qui pourtant étaient d’honnêtes gens respectés de tous ! Ce sont pourtant eux, des hommes éminemment religieux, qui ont condamnés Jésus ! Une telle dérive ne reste-t-elle pas toujours possible à nous autres, hommes d’Eglise, respectés encore beaucoup dans le monde contemporain?
Retraite au Mont des Cats, décembre 1971, début de la 5ème conférence.
http://www.mauricezundel.com