Dimanche X du Temps Ordinaire – B

Lectures:

  • Livre de la Genèse. 3 – 9 à 15 : Où es-tu donc ?
  • Psaume . 129 : Oui, près du Seigneur est l’amour.
  • Saint Paul aux Corinthiens : Une demeure éternelle dans les cieux.
  • Evangile : Marc 3. 20-35 : Celui qui fait la volonté de Dieu.

En ce temps-là, Jésus revint à la maison, où de nouveau la foule se rassembla, si bien qu’il n’était même pas possible de manger.
Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient : « Il a perdu la tête. »
Les scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : « Il est possédé par Béelzéboul ; c’est par le chef des démons qu’il expulse les démons. »
Les appelant près de lui, Jésus leur dit en parabole : « Comment Satan peut-il expulser Satan ?
Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir.
Si les gens d’une même maison se divisent entre eux, ces gens ne pourront pas tenir.
Si Satan s’est dressé contre lui-même, s’il est divisé, il ne peut pas tenir ; c’en est fini de lui.
Mais personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller ses biens, s’il ne l’a d’abord ligoté. Alors seulement il pillera sa maison.
Amen, je vous le dis : Tout sera pardonné aux enfants des hommes : leurs péchés et les blasphèmes qu’ils auront proférés.
Mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. »
Jésus parla ainsi parce qu’ils avaient dit : « Il est possédé par un esprit impur. »
Alors arrivent sa mère et ses frères. Restant au-dehors, ils le font appeler. Une foule était assise autour de lui ; et on lui dit : « Voici que ta mère et tes frères sont là dehors : ils te cherchent. »
Mais il leur répond : « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? » Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »

La parole de Dieu nous montre aujourd’hui ce qui souvent nous empêche d’être heureux. Dans la première lecture, au livre de la Genèse, c’est un couple brisé que nous retrouvons. L’homme et la femme qui se perdent de vue. Ils se séparent même de leur Créateur. C’est la peur et l’éloignement qui les font se cacher. Et dans le récit de Saint Marc, dans l’Évangile, nous assistons à une démarche étrange de la part de la famille naturelle de Jésus. À le voir aller, ils se disent qu’il a perdu la tête, en parlant de Jésus. Et par la suite, ils viennent jusqu’à la maison où Jésus se trouve et, restant dehors, ils demandent à lui parler. Que lui veulent-ils? Leur approche a plutôt l’air contrôleuse ou méfiante, comme s’ils n’avaient rien compris de lui..

L’histoire malheureuse du couple originel et la démarche des proches de Jésus qui frappent à la porte de la maison, nous sont peut-être racontées pour nous permettre de mesurer où nous en sommes nous-mêmes dans nos rapports des uns avec les autres, et avec le Christ. Quelle famille formons-nous? De quel bord sommes-nous? Qu’est-ce qui nous tient le plus à cœur? Qu’est-ce qui nous éloigne ou nous rapproche des nôtres et du Christ?

La Parole de Dieu nous a mis en contact avec Adam et Ève et avec deux familles en Saint Marc pour nous dire comment parfois nous sommes et comment il ne faut pas être, pour apprendre enfin comment il nous faut être. Elle nous rappelait d’abord nos premiers parents, autant dire notre toute première ascendance humaine, notre héritage fondamental. L’histoire humaine qui se voulait idyllique et toute de bonheur, mais qui tourne mal aussitôt que nous sommes mis à l’épreuve. La désobéissance nous est viscérale. Nous sommes vite ramenés à reconnaître nos fragilités, notre nudité. Nous allons tout de suite nous cacher. Nous avons peur de Dieu. Nous avons peur des autres. Nous avons honte d’être trouvés nus les uns devant les autres. Il a fallu que Dieu finalement nous remette chacun à notre place dans le Christ et nous montre en lui un chemin de retour, de dignité, d’espérance. Saurons-nous prendre ce chemin?

Et dans l’Évangile nous apprenons que la vraie famille de Jésus, c’est celle dont les membres sont dociles à la Parole, eux qui font la volonté de Dieu en étant simplement là, avec le Seigneur, là pour l’entendre, l’accueillir, se tenir en sa présence. C’est cela faire la volonté de Dieu. Il s’en suivra pour nous une vie renouvelée dans la grâce de l’Évangile : vie d’amour et de justice, de tendresse et de miséricorde, de solidarité et de paix.

Où sommes-nous dans cette galerie évoquée par la parole de ce dimanche? Sommes-nous des gens d’écoute, d’accueil, qui se laissent rassembler par le Fils. Au risque de passer – comme lui – pour des fous, pour des gens qui ont perdu la tête?

La famille naturelle de Jésus se préoccupe de lui, le soupçonne d’avoir perdu la tête; ils veulent le voir pour le contrôler, le récupérer pour eux, l’arrêter de faire ce qu’il fait. Jésus leur donne dans sa réponse de quoi réfléchir. S’ils veulent être avec lui, être véritablement de sa famille, qu’ils se tournent vers lui pour en attendre un enseignement, une rencontre avec le Père. Qu’ils fassent ainsi la volonté de Dieu, en accueillant son Fils. Avec lui ils seront eux aussi enfants du Royaume. Ils composeront la grande famille de Jésus. Jésus ne garde personne pour lui seul. Il ne se laisse pas capter par un petit groupe. Il veut nous conduire tous vers le Père. Et c’est là sa mission, la mission du Christ, la grande mission reçue du Père, qu’il nous confie à son tour : nous conduire tous, en amour et fidélité, vers notre Dieu et Père, vers nos frères et nos sœurs, pour notre joie, pour notre paix.

Jacques Marcotte, o.p.
http://www.spiritualite2000.com

L’heure du choix !

Alors qu’il est chez lui, la bousculade est telle que Jésus n’arrive même pas à manger. Pour sa parenté, Jésus a perdu la tête. Ils cherchent à le soustraire à cette foule qui semble le menacer. Si la réaction de ses proches est bien compréhensible, elle laisse aussi entrevoir qu’ils n’ont pas encore tout compris de Jésus et de sa mission. Pour les scribes, Jésus est possédé. L’accusation est grave. Jésus n’est pas seulement quelqu’un qui a perdu la tête, il est un agent de Béelzéboul. Jésus est accusé d’agir non pas au nom de Dieu mais par la force de Satan.

Devant pareille calomnie, Jésus ne peut se taire. À coup de paraboles brèves et incisives, il invite ses détracteurs et la foule qui l’écoute à la réflexion. Un royaume divisé ne mène à rien d’autre qu’à sa perte. Un homme fort ne peut pas être pillé s’il n’a pas d’abord été ligoté. Jésus entre comme par effraction dans la demeure de l’Ennemi, dont la maison et le règne sont ébranlés et menacés.

Le temps est au choix : il faut décider et prendre parti entre Jésus et Satan. Si, au début de ce passage, la foule se bouscule autour de Jésus, à la fin, quand Jésus parcourt du regard celles et ceux qui sont assis autour de lui, voici sa mère et ses frères. La parole de Dieu trace son chemin. Il en est qui l’accueillent et d’autres qui la rejettent. Reconnaître en Jésus le Messie qui vainc le Mal est une invitation puissante. Y répondent celles et ceux qui font la volonté de Dieu. Ce sont eux que Jésus reconnaît comme étant sa mère, ses frères et ses soeurs.

Père Benoît Gschwind, assomptionniste
http://www.prionseneglise.fr

Un combat jamais fini

Nous remarquerez que le président de la célébration porte une chasuble verte. La couleur verte, synonyme d’espérance, nous accompagnera pour le reste de l’année liturgique jusqu’à l’Avent 2018.

Les dimanches se succéderont avec, dans chaque cas, des textes de la Parole de Dieu qui nous permettront d’approfondir notre foi et notre rencontre de Jésus Ressuscité. En général, la première lecture et celle de l’évangile nous donnent le thème de notre réflexion. C’est le cas aujourd’hui.

Ce matin, les lectures mettent devant nos yeux une réalité assez dure, mais constante dans la Parole de Dieu et dans l’enseignement de Jésus. Cette réalité est celle du combat, de la lutte contre les forces du mal à l’œuvre dans le monde et dans nos vies. Voilà le fil conducteur que nous suivrons. Je l’éclairerai avec la première lecture où Adam est en scène et avec les réflexions de Jésus sur Satan, le leader des forces du mal qu’il nomme Belzébul, et sur le péché contre l’Esprit Saint. Nous laisserons de côté le message sur les frères et soeurs de Jésus dont il est question à la fin de l’évangile.

I – Le combat perdu de notre père Adam

La Bible nous présente dans la réponse d’Adam et Ève aux sollicitations du Serpent une forme de réponse à la question « D’où vient le mal ? ». Une question qui touche tout le monde et qui est aussi une question qui de tout temps a été posée par les générations qui se sont succédé.

Toute une question, me direz-vous. Ce n’est pas ici que j’y répondrai en détail, mais je ne puis l’éviter puisque le récit de la Genèse nous apporte une explication qui a nourri la foi des Hébreux dans l’Ancien Testament et qui nourrit encore notre foi aujourd’hui.

En deux mots : le mal qui est en nous ne vient pas de Dieu. Il est entré en nous par un choix libre de notre père Adam. Ce choix a obscurci la beauté de la nature créée par Dieu et a mis une ombre réelle dans la vie de ses créatures qui se retrouvent ainsi forcées de le combattre à répétition.

On voit dans notre lecture que le péché d’Adam et Ève entraîne un changement qui est comme une peine qu’ils doivent porter et qu’ils transmettent à leurs descendants et descendantes nous dit notre foi. Saint Augustin a fait de cette réalité la base de sa théologie et de sa prédication.

Pour nous disciples de Jésus, on retient ce que saint Paul dit aux Romains : « En effet, de même que par la désobéissance d’un seul être humain la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle rendue juste ». (Romains 5, 19) Le mal est entré dans le monde par un seul et il est vaincu par un seul, le Christ. Le rôle de Sauveur de Jésus ne se comprend qui si on porte notre regard sur cette réalité du mal et de son origine. Face à la présence du mal, nous sommes invités à reconnaître en Jésus Ressuscité celui qui est plus fort que le mal et qui vient nous en libérer.

II – Les forces du mal à l’œuvre

Dans l’évangile de ce jour, la discussion que Jésus a avec les pharisiens, nous permet de faire un pas de plus et manifeste que le mal n’est pas seulement en nous par notre choix. Il est aussi l’œuvre du Malin, de Satan, de Belzébul. Le mal provient alors d’une cause extérieure à nous. Il se propage par toutes sortes d’artifices. Satan met à l’œuvre des forces mystérieuses qui s’en font les moteurs.

Jésus apparaît ici comme celui qui est capable de les reconnaitre. C’est pourquoi, il les dénonce et les confronte. Il est ainsi présenté par saint Marc comme le vainqueur de Satan. Jésus ne se contente pas de dénoncer le mal, il l’écrase par son action, par ses miracles.

Les pharisiens reconnaissent cette puissance à l’œuvre, mais ils se trompent de cible en l’attribuant à Satan lui-même. Jésus leur répond de façon adroite que ce ne peut être le cas car ainsi Satan travaillerait contre lui-même. « C’est par la puissance de Dieu que je fais toutes ces guérisons et ces libérations » dit Jésus.

III – Le refus du salut

Il y a une libération qui paraît quasi impossible à faire. Jésus l’appelle le « péché contre l’Esprit Saint ». De quoi s’agit-il?

On peut penser qu’il s’agit ici d’un choix de vie réfléchi qui ouvre la porte au mal de façon continue et sans remords. Un choix qui s’inscrit comme un refus conscient du salut. Voilà ce que serait le péché contre l’Esprit Saint.

Il est difficile d’aller plus loin, car cette phrase de Jésus reste mystérieuse. Elle se veut toutefois une mise en garde qui a un côté dramatique et une interpellation à enregistrer dans notre mémoire.

Bien sûr la miséricorde de Dieu ne souffre pas de limites, mais ici Jésus laisse entendre que cette miséricorde peut trouver un tel refus qu’elle cesse d’être active et laisse la personne à ses seules ressources humaines.

Conclusion

En terminant, retenons que le mal ne vient pas de Dieu. Les forces du mal se concrétisent dans l’action du Malin et de ses subordonnés. Mais elles restent sans effet si le sujet n’y donne pas son acquiescement.

Le parcours du mal se dessine dans la vie du monde et dans nos vies personnelles. Il est toujours là comme tapi derrière la porte, prêt à se manifester. C’est ce qui arrive trop souvent.

Dans la nouvelle version du Notre Père déjà utilisée en France (et qui le sera bientôt au Canada), on dit à Dieu « Ne nous laisse pas entrer en tentation » et non seulement « Ne nous soumets pas à la tentation ». Cette nuance met le doigt sur ce qui nous est nécessaire dans notre combat contre le mal : un discernement qui nous permet de reconnaître le mal lorsqu’il se pointe.

Je nous souhaite, en terminant, que Jésus soit toujours pour nous Celui vers qui nous nous tournons avec confiance. Et je vous invite à répéter souvent la prière ancienne dite Prière de Jésus « Jésus Christ. Fils de Dieu Sauveur, aie pitié de moi pécheur ».

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
http://www.hgiguere.net