
P. Manuel João, Combonien
Réflexion dominicale
du ventre de ma baleine, la SLA
Notre croix est la chaire de la Parole
Quel est notre projet de vie : Babel ou Pentecôte ?
Année B – Temps de Pâques – 8ème dimanche – Pentecôte
Actes des Apôtres 2,1-11 : “Tous furent remplis de l’Esprit Saint”
L’Église célèbre aujourd’hui la grande solennité de la Pentecôte, fête de la descente de l’Esprit Saint, cinquante jours après Pâques, selon le récit des Actes des Apôtres (voir première lecture). La Pentecôte, qui signifie “cinquantième” jour (du grec), était une fête juive, l’une des trois fêtes de pèlerinage au temple de Jérusalem. C’était une fête agricole, la fête du début de la récolte des céréales et des premiers fruits, célébrée le 50e jour après la Pâque, également appelée “fête des Semaines” en raison de sa survenue sept semaines après la Pâque. La fête agricole d’action de grâce pour les dons de la terre était alors associée au souvenir du plus grand don fait par Dieu à son peuple : la Loi, la Torah, par l’intermédiaire de Moïse au mont Sinaï.
La Pentecôte, point culminant de la Pâque
La Pentecôte chrétienne est intimement liée à la Pâque, avec laquelle elle forme un tout. En effet, dans les premiers siècles, la période de cinquante jours de Pâques était célébrée dans la joie et l’exultation comme “un grand dimanche” (saint Athanase). La Pentecôte est le point culminant de Pâques. C’est notre Pâques, la naissance de l’Église et le début de la mission. Tout comme le baptême de Jésus a initié son ministère, ce “baptême dans l’Esprit” marque le début de la mission apostolique de l’Église.
La Pentecôte d’Actes 2,1-11
La version de la Pentecôte présentée dans les Actes est très riche et évocatrice. Saint Luc élabore l’histoire en gardant à l’esprit certains textes du Premier/Ancien Testament : la tour de Babel, le Sinaï et le don de la Loi, le séjour d’Elie au Sinaï… Voyons ensuite quelques éléments du récit, sept pour être précis, car le sept, symbole de la plénitude, est la figure de l’Esprit.
1) “Comme le jour de la Pentecôte s’accomplissait…”. La concomitance de la descente de l’Esprit avec la fête juive de la Pentecôte suggère que l’Esprit Saint est le véritable prémices de l’Eglise et de la nouvelle Loi, non plus gravée sur des tables de pierre, mais écrite dans le coeur. “Voici l’alliance que je conclurai avec la maison d’Israël en ces jours-là – oracle du Seigneur – : je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai sur leur cœur. (Jérémie 31,33 ; cf. Ezéchiel 36,2 et Hébreux 8,10).
L’actualisation. Dans le silence et l’intimité de la prière, nous écoutons la voix de l’Esprit qui murmure en nous : Abba, Père ! Nous entendons l’Esprit comme une source d’eau vive qui jaillit dans nos cœurs et qui murmure en nous : “Viens au Père” (Saint Ignace d’Antioche).
2) “Ils étaient tous ensemble dans le même lieu”. Quel était ce lieu ? Sans doute celui dont il a été question plus haut : ” la salle de l’étage supérieur, où ils avaient l’habitude de se réunir ” (1,13).
Actualisation. Sans “fréquentation” de la “salle de l’étage”, il n’y a pas de Pentecôte. Chaque chrétien doit avoir cette “chambre”, un espace et un temps de silence, d’intimité et de dialogue avec “le doux hôte de l’âme”. (Séquence de la Pentecôte).
3) “Tout à coup, il vint du ciel un grondement, presque comme un vent impétueux”. Il s’agit d’une allusion à la révélation de Dieu au Mont Sinaï (Exode 19,16-19), avant le don des “Dix Paroles”, c’est-à-dire des commandements de la Loi, et à la manifestation de Dieu au prophète Élie (1 Rois 19,11-13). Cette impétuosité n’est pas seulement le signe de la théophanie divine, mais aussi le signe de la résistance que l’Esprit doit vaincre en nous. Notons qu’au contraire, la descente de l’Esprit sur Jésus lors du baptême se fait dans la douceur de la colombe (Luc 3,22).
L’actualisation. La visitation de l’Esprit n’est pas indolore. L’Esprit est un tremblement de terre qui ébranle les fondations de nos vies (Ac 4,31), un vent impétueux qui balaie nos égoïsmes, un feu qui brûle nos idolâtries. Quelles sont les résistances que l’Esprit trouve en moi ?
4) “Il remplit toute la maison où ils étaient”. Il ne s’agit pas de n’importe quelle maison. Nous pourrions penser que le mot “maison” fait référence au Temple. Ce Temple, c’est maintenant l’Église. Nous aussi, nous sommes devenus un temple du Saint-Esprit (1 Corinthiens 6,19).
L’actualisation. L’Esprit veut remplir non seulement nos cœurs, mais aussi nos “maisons”, les lieux où nous vivons, travaillons, fréquentons…. Nous sommes les “pneumatophores”, les porteurs de l’Esprit, dans ces lieux, comme la Vierge Marie dans la maison d’Elisabeth.
5) “Des langues leur apparurent, comme des langues de feu, qui se partagèrent et se posèrent sur chacun d’eux ; ils furent tous remplis de l’Esprit Saint et se mirent à parler en d’autres langues, selon la manière dont l’Esprit leur donnait de s’exprimer”. L’Esprit est donné à tous, mais il est différent pour chacun. “À chacun est donnée une manifestation particulière de l’Esprit pour l’utilité commune” (1 Corinthiens 12:7).
L’actualisation. L’Esprit est généreux, il nous a comblés de dons et de charismes. Chacun de nous est unique, parce que l’Esprit est l’imagination de Dieu, il ne se répète pas. Mais bien souvent, nous sommes comme des vitraux dans l’obscurité, fades, sans éclat. Lorsque la lumière de l’Esprit pénètre notre âme, notre vie se révèle dans toute sa splendeur et sa beauté.
6. “Alors habitaient à Jérusalem des Juifs pratiquants, de toutes les nations qui sont sous le ciel. A ce bruit, la foule se rassembla et fut troublée, car chacun les entendait parler dans sa propre langue. Ils étaient dans l’étonnement et dans la stupeur”. Nous trouvons ici une référence au récit biblique de la Tour de Babel (Genèse 10), où la dispersion de l’humanité a eu lieu avec la confusion des langues. À la Pentecôte, c’est le mouvement inverse, centripète, qui se produit, sans créer d’uniformité ou d’homogénéisation. Le langage de l’Esprit est l’amour, un nouveau langage qui étonne et suscite l’émerveillement. L’Esprit est une garantie de communion et d’harmonie.
L’actualisation. Notre vie peut être vécue selon deux plans : Babel ou Pentecôte. Le chrétien est appelé à vivre en sachant que chacune de ses actions peut être une brique dans l’édification de la tour de Babel ou une pierre vivante dans la construction du nouveau projet d’humanité qu’est la Pentecôte : “En tant que pierres vivantes, vous êtes aussi construits comme un édifice spirituel” (1 Pierre 2,5).
7. “Comment se fait-il que chacun de nous entende parler dans sa langue maternelle […] des grandes œuvres de Dieu ?” Il s’agit ici encore d’une allusion au Sinaï. Selon la tradition rabbinique, la Loi/Torah a été proposée en 70 langues, c’est-à-dire à toutes les nations de la terre, mais seuls les Juifs l’ont acceptée. La liste des peuples dressée ici par Luc, autour des quatre points cardinaux, souligne l’universalité du don de l’Esprit, offert indistinctement à tous les peuples, et pas seulement à Israël. C’est ce qui se produira avec l’accueil des païens dans l’Église.
L’actualisation. En célébrant la Pentecôte, chaque juif déclarait qu’il était lui aussi présent au Sinaï pour recevoir le don de la Torah. De même, à la Pentecôte, chaque chrétien est invité à se rendre en pèlerinage dans la “chambre haute” du Cénacle pour être rempli de l’Esprit Saint. Mais combien de chrétiens seront réellement présents à ce rendez-vous ?
Pour la réflexion hebdomadaire :
– Remerciez le Seigneur pour le don de son Esprit ;
– Demandez les sept dons de l’Esprit ou un don spécifique dont vous pensez avoir particulièrement besoin ;
– Relisez la deuxième lecture (Galates 5,16-25) et demandez-vous si votre vie est habituellement conduite par l’Esprit de Dieu ou par l’esprit de la chair.
P. Manuel João Pereira Correia mccj
Pour le texte intégral, voir : https://comboni2000.org/2024/05/17/riflessione-domenicale-quale-e-il-nostro-progetto-di-vita-babele-o-pentecoste/