« De nombreuses communautés de base centrent sur la Bible leurs réunions et se proposent un triple objectif : connaître la Bible, construire la communauté et servir le peuple. Ici aussi l’aide des exégètes est utile pour éviter des actualisations mal fondées. Mais il y a lieu de se réjouir de voir la Bible prise en mains par d’humbles gens, des pauvres qui peuvent apporter à son interprétation et à son actualisation une lumière plus pénétrante, du point de vue spirituel et existentiel, que celle qui vient d’une science sûre d’elle-même (cf Mt 11,25) » (Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l’Eglise, IV C 3)

En 1977 la Conférence Épiscopale d’Afrique du Sud a chargé l’Institut Catholique de Pastorale Missionnaire de Lumko, dans la ville de Desmonville, d’assumer la tâche de la catéchèse biblique. Comme conséquence de cette demande, a été créé en 1978 cette méthode (appelé aussi Méthode Lumko), en visant des groupes de méditation, composés par des personnes qui ne pouvaient pas disposer d’animateurs avec une formation biblique-théologique, mais qui avait besoin d’accéder à la Bible, par une méthode à la fois simple et efficace, où il serait possible de conjuguer la foi et la vie.

La méthode vise, avant tout, à renforcer la confiance mutuelle des membres du groupe à travers l’expression de la foi de chacun. À la fin de la réunion on programme une action à réaliser. Il ne s’agit pas simplement de former un groupe de prière, mais de former une petite communauté chrétienne, qui planifie des actions, en les menant à bien selon ce que l’Esprit lui suggère. Le groupe veut vivre cette Parole du Seigneur : « La où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18,20). Par conséquent, on insiste beaucoup sur la rencontre cordiale, existentielle avec le Christ Ressuscité, en évitant toute analyse intellectualiste, et pour cela on propose une très grande ouverture à l’Esprit, de sorte qu’il agisse dans tous et dans chacun des participants.

6.1 ITINÉRAIRE

L’itinéraire est composé de sept étapes, comme l’indique son nom. Dans toutes les réunions le service d’un animateur/ice est indispensable, c’est lui qui donne le rythme et introduit les différentes étapes. Dans aucune de ces étapes l’animateur n’est le protagoniste, il est seulement un serviteur de la Parole – la seule et véritable protagoniste -, qui encourage, anime et oriente discrètement le groupe. Au début ou à la fin, comme il sera décidé par tous, on pourra clarifier et approfondir certains aspects du texte en question :

Première étape : Invitation

Comme préparation on peut faire un peu de silence ou une prière – chantée ou récitée- que tout le monde connaît.

Ensuite l’animateur/ice invite – sans le déterminer – un membre du groupe ( n’importe lequel) a faire spontanément une prière, dans lequel on exprime que nous croyons que le Seigneur est présent parmi nous.

Cette première étape marque déjà l’orientation spirituelle, qu’aura toute la réunion, en évitant tout ce que n’est pas une authentique rencontre personnelle au plus profond du cœur, et en laissant pour d’autres moments toute préoccupation de caractère scientifique ou purement intellectuel. Ce qui est visé maintenant est que chacun se laisse »toucher” par la Parole de Dieu, sans opposer des résistances d’aucun genre à son action en nous.

Deuxième étape : Lecture

L’animateur/ice annonce au groupe uniquement le livre et le chapitre desquels on va prendre la lecture. Par exemple : »Cherchons dans notre Bible le chapitre 24 de l’Evangile de Saint Luc”. Quand tous l’ont déjà trouvé, l’animateur/ice indique aussi les versets : »Nous prendrons maintenant pour notre lecture du verset 13 au 35″. Cela permet de chercher calmement, sans la préoccupation que des informations nous échappent et qu’on doive les demander au voisin, en perturbant le climat de prière.

Comme dans l’étape précédente l’animateur/ice invite un volontaire à lire, avec recueillement, calmement et en articulant bien le texte proposé. On peut occasionnellement répéter la lecture en prenant une autre traduction, pour découvrir de nouvelles nuances dans le texte.

Troisième étape : S’arrêter sur le texte

Le groupe s’arrête pour scruter et contempler le texte lu.

Les participants disent à haute voix, une ou plusieurs fois, une Parole ou une courte phrase, qu’ils leur ont touché le cœur, en faisant des pauses de silence suffisamment longues comme pour que les paroles s’enracinent dans les auditeurs. Il y a là ce qu’on appelle communément »faire échos”.

Les participants ne se concentrent pas sur une parole déterminée, bien qu’elle semble très importante, mais laissent résonner en eux le texte complet, avec toute sa richesse. Ceci aide à éviter toute manipulation du texte. Cette étape si elle est bien faite, permet la plus profonde forme de prière : la contemplation. Par la lente répétition de paroles et par la contemplation du texte on entre dans le texte, en restant ainsi unis à Jésus.

Ici ce qui importe n’est pas spéculer intellectuellement, mais de laisser la Parole parler au cœur, s’approcher de Jésus (Mc 1,40 ; 10,50), » se laisser toucher par Lui” (Mc 1,41 ; 7,33). Ainsi il peut arriver qu’une parole déjà connue nous offre de nouvelles perspectives et nous ouvre de nouveaux horizons. Quand tout le texte a été contemplé, l’animateur/ice invite quelqu’un à relire de nouveau le texte. On y trouvera alors plus facilement son sens plénier. Seulement maintenant, quand le texte est relu de nouveau intégralement pour tous, chacun décide dans son cœur quelle a été la Parole plus importante pour lui.

Quatrième étape : Silence

L’animateur/ice invite au silence par des mots simples, en indiquant le temps précis qu’il durera (p.e : 10 minutes). Déterminer préalablement le temps permet de détendre le groupe, le mettre à son aise, sans attendre que termine le silence, ou savoir s’il reste peu ou beaucoup de temps. L’animateur/ice se charge du contrôle de la montre. Etablir la durée du temps permet au groupe de déterminer si, à l’avenir, on doit le raccourcir ou le prolonger.

Le silence de cette étape ne doit pas être un »silence de cimetière”. C’est un silence pour nous mettre à la présence de Dieu, en approfondissant le texte écouté et en laissant Dieu nous parler.

Cinquième étape: Partager

La personne chargée de l’animation invite les participants à exprimer, en toute liberté et confiance, leur expérience spirituelle après les dernières étapes. Cela pour beaucoup de gens n’est pas habituel et c’est le plus difficile. Si pour certains cela s’avère très dur, dans un premier temps, ou dans un jour particulier en une certaine circonstance spéciale, qu’ils restent tranquillement en silence et prennent part aux autres étapes.

Une fois de plus, aussi dans cette étape il faut éviter à tout prix toute »intellectualisation” de la communication, et éviter les discussions ou les prédications moralisantes. Il est très important écouter l’autre et parler de ce qui sort du cœur, bien qu’on ne doive pas arriver à une »confession publique”. Il s’agit, avant tout et surtout, d’une action de grâce pour ce que Dieu a fait en nous. Ici il n’y a pas un temps préétabli.

Quand on considère que cette étape est achevée, l’animateur/ice, avant de passer à l’étape suivante, propose de choisir une »Parole de vie”, qui soit comme une devise qui illuminera la vie quotidienne des participants, pendant les jours qui suivront jusqu’à la rencontre suivante. Cette »Parole” doit être tirée du texte lu et doit avoir une signification spéciale pour le groupe. Elle sera une compagne très particuliere sur la route (Lc 24,15).

Sixième étape pas : Agir

Le groupe, le long des étapes précédentes, a découvert le lien entre le texte biblique et sa propre vie. Ceci se répercute nécessairement sur son action. Pour cette raison, calmement, sans tension, le groupe doit chercher, parmi les nécessités et les difficultés quotidiennes du milieu dans lequel il se vit, quelle serait la plus urgente à résoudre en ce moment, même si elle n’a pas de lien direct avec le texte qui a été lu.

C’est maintenant, que l’animateur/ice propose au groupe de chercher un engagement, assumée par tous comme propre, qui devra être réalisé dans les jours qui nous séparent de la prochaine réunion.

Mais avant de choisir un autre engagement, l’animateur/ice demande au groupe si on a réalisé celui qui avait été choisi lors de la réunion précédente et comment il à été porté a bon terme, de sorte qu’on fasse une brève évaluation communautaire.

L’engagement se concrétise grâce à trois questions : en quoi consiste cet engagement? qui va le faire? quand et où sera-t-il réalisé?

Ces petites actions simples et très concrètes, qui seront réalisées avec un esprit évangélique, vont transformer le groupe en une petite communauté chrétienne. Quand on a déterminé la tâche à réaliser, l’animateur/ice demande comment va l’expérience avec la »Parole de vie” dont nous avons parlé dans l’étape précédente.

Septième étape : Prier

L’animateur/ice invite à prier spontanément. Dans cette étape on peut prendre tout le temps nécessaire pour donner à tous l’opportunité de faire une prière personnelle : sur un aspect du texte ; sur les engagement, (passés ou futurs) ; sur les difficultés, (passées ou présents) ; sur les demandes, (personnelles ou communautaires) ; prière de louange, ou d’action de grâce, etc..

Pour terminer, comme au début, tous ensemble font une prière – récitée ou chantée – connue par cœur.

Pour préparer la rencontre suivante

Cette préparation doit tenir compte de ces quatre aspects :

  • Qui va assumer, dans la prochaine réunion, le service d’animateur/ice, qui ne doit jamais être fixe, mais toujours assuré à tour de rôle.
  • Quel texte biblique va-t-on lire (l’Evangile du dimanche suivant ; un texte quelconque ; un texte sur un sujet concret, choisi par tous ; etc..)
  • Quelle méthode va-t-on suivre ( parfois il est bien d’utiliser d’autres méthodes).
  • On établit le lieu, le jour et l’heure de la prochaine rencontre.

6.2 SCHÉMA DE L’ITINÉRAIRE

Première étape : invitation

  • Préparation préalable par un moment de silence ou une prière/chant communs.

Deuxième étape: lecture

  • Un volontaire lit le mieux possible le passage choisi.

Troisième étape : s’arrêter sur le texte

  • Les membres du groupe disent à haute voix les Paroles ou les phrases qui les ont touchés davantage.

Quatrième étape : silence

  • Pendant un temps fixé et contrôlé par l’animateur/ice, le groupe approfondit en silence la Parole écoutée.

Cinquième étape : partager la Parole

  • Les participants expriment spontanément leur expérience spirituelle mûrit lors des étapes précédentes.
  • On choisit une »Parole de vie”, prise de la lecture et qui sera comme une devise jusqu’à la prochaine réunion.

Sixième étape : agir

  • Au moyen des questions : quoi ?, quand ?, qui ? et où ? on choisit une activité comme réponse.
  • On révise brièvement la tâche précédente.

Septième étape : prier

  • Sans limites de temps on exprime librement des prières spontanées.
  • On termine la rencontre par une prière (récitée ou chantée) que tous connaissent.

Préparation de la rencontre suivante

  • Qui sera l’animateur/ice ?
  • Où et quand ?
  • Quelle méthode sera suivie ?
  • Selon la méthode, quelle lecture sera faite ?

Questions pour l’évaluation

En accord avec tout le groupe on peut poser au début ou mieux à la fin de la réunion, les questions suivantes.

  • Est-ce que notre action à été animée un esprit évangélique ? Quelque chose a gêné cet esprit ?
  • Est-ce que quelqu’un connaissait le texte, avant sa lecture pendant la réunion ?
  • Dans la troisième étape, avons-nous laissé aux Paroles et aux phrases choisies suffisamment d’espace et de silence? Les avons-nous lues dans une attitude d’ouverture à Dieu et dans la contemplation?
  • Le temps de silence dans la quatrième étape a-t-il- été long ou court ?
  • Dans la cinquième étape, avons-nous exprimé une communication personnelle ou avons-nous »prêcher” aux autres ?
  • Dans le choix de notre engagement, avons-nous laissé agir l’esprit de la Parole?
  • A la fin, avons-nous laissé suffisamment de temps pour que tous puissent librement exprimer une prière personnelle ?
  • Est-ce que notre animateur/ice à bien animé la réunion ? Pourrait-il/elle améliorer son service ?
  • Quelqu’un n’a pas encore exercé le service d’animateur/ice ? Qui se propose pour ce service lors de la prochaine réunion ?

Dans la plupart des cas il ne sera pas nécessaire de faire cette évaluation pour toutes les rencontres. Au fur et à mesure que le groupe avance, il suffira de la faire de temps à autre.

6.3 ÉVALUATION ET SUGGESTIONS

Cette méthode donne une très grande importance à l’ouverture du cœur face à la Parole pour, à partir de cela, créer un climat d’ouverture aussi envers les autres, ce qui va constituer, petit à petit, une véritable communauté chrétienne. Cela signifie qu’on privilégie la dimension communautaire et la dimension croyante. Cette méthode valorise et permet de se laisser »toucher” par la Parole, sans intellectualisation. La Parole, en tant que sacrement de la présence vivante du Ressuscité, est la véritable protagoniste, et par la »La Parole de vie” elle l’est encore tout au long des jours suivants.

La méthode demande beaucoup de simplicité et une franchise cordiale, et peu de connaissances bibliques. En soi elle postule que toutefois certaines connaissances bibliques soient acquises en d’autres moments et lieux, mais sans trop insister sur cela.

Peut-être sa démarche paraît trop systématique (excessive ?). Pour certains, cette programmation méthodique avec tant d’étapes, peur être gênante. Toutefois d’autres groupes peuvent trouver précisément en cela une aide remarquable pour ne pas se perdre et pour suivre un processus ordonné dans la lecture et la méditation de la Bible.

Probablement le plus valable en cette méthode est la grande importance accordée au monde affectif, très discrédité et réprimé dans la culture occidentale. Il y a là, sans doute, une caractéristique propre au lieu et à la culture d’origine de cette méthode. Toutefois il n’y a pas seulement la dimension affective du groupe qui soit sollicitée, il y a aussi une action à l’extérieur qui engage le groupe. Comme il a été dit dans la présentation, la méthode a été conçue spécialement pour des gens simples, qui n’ont pas la possibilité d’avoir une culture biblique et, par conséquent, elle requièrent pas de compétences particulière de la part de l’animateur/ice.

Parfois la méthode peut donner l’impression que le texte biblique ne reçoit pas l’attention qu’il mérite et que sa lecture est, en réalité, un prétexte pour avoir une expérience de prière et pour traiter quelques sujets qui préoccupent tous.

Sans doute il y a ici le point le plus faible de cette méthode : à savoir le manque d’une orientation critique et scientifique. Il peut arriver que l’interprétation d’un mot, d’une phrase, ou de tout un passage ne soit pas correcte, et alors le groupe pourrait arriver à des conclusions très éloignées de l’esprit de la Parole de Dieu. C’est pourquoi, nous suggérons de renforcer la deuxième étape dans laquelle on fait la lecture, avec une étude attentive du texte, comme cela se fait dans d’autres itinéraires. Pour des groupes bibliques d’étude il peut être utile de pratiquer cette méthode de temps à autre, pour éviter le risque d’une approche trop scientifique de la Bible.

On suggère aux groupes qui pratiquent habituellement cette méthode, de changer de temps en temps, en suivant d’autres itinéraires

6.4 FICHE DE LECTURE

Dans cet itinéraire il n’est pas facile de préparer à l’avance une fiche de lecture sur un passage concret. La meilleure préparation pour l’animateur consistera à lire attentivement un commentaire du texte choisi pour la réunion. Il pourra ainsi aider le groupe pour qu’il ne tombe pas à coté dans son interprétation. Quant au reste, la seule chose ce qu’il doit faire est d’être attentif pour savoir quand il faut introduire l’étape suivante.