« De nombreuses communautés de base centrent sur la Bible leurs réunions et se proposent un triple objectif : connaître la Bible, construire la communauté et servir le peuple. Ici aussi l’aide des exégètes est utile pour éviter des actualisations mal fondées. Mais il y a lieu de se réjouir de voir la Bible prise en mains par d’humbles gens, des pauvres qui peuvent apporter à son interprétation et à son actualisation une lumière plus pénétrante, du point de vue spirituel et existentiel, que celle qui vient d’une science sûre d’elle-même (cf Mt 11,25) » (Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l’Eglise, IV C 3)
LECTURE COMMUNAUTAIRE
(Méthode Suisse)
Cet itinéraire a été proposé par l’Équipe œcuménique d’Animation Biblique de la Suisse Francophone. Il a été conçu pour la conclusion d’un dimanche biblique (à l’intérieur ou en dehors de l’Eucharistie), dans le but d’éveiller dans la communauté paroissiale l’intérêt pour la Bible. Il peut cependant être pratiqué aussi dans d’autres contextes. A son origine il a eu une dimension œcuménique claire, parce qu’en même temps que l’équipe présentait cette façon de s’approcher à la Parole de Dieu dans les paroisses catholiques, elle la menait à bien dans les communautés évangéliques. Cet itinéraire peut être réalisé de deux manières :
a) Si l’on veut consacrer tout le temps disponible au texte choisi, il peut servir pour un groupe qui se réunit périodiquement autour de la Parole de Dieu.
b) Mais il peut aussi arriver que pas tout le temps soit disponible pour la lecture biblique (comme à la fin d’une célébration liturgique ou sacramentelle). Dans ce cas, le passage choisi peut être plus bref et les groupes, dans l’assemblée, plus réduits. Nous avons donc un itinéraire flexible : sur un fonds commun, il peut être appliqué à différentes situations, selon l’objectif et les nécessités de chaque groupe. Il s’adresse à toute personne adulte qui accepte d’entrer en dialogue avec la Parole de Dieu, disposée à se laisser interpeller par elle et à travailler en groupe les passages bibliques. Les objectifs de cet itinéraire, en bref, sont deux :
– Établir un dialogue entre la Parole Dieu et la vie.
– Redécouvrir la dimension communautaire et universelle de la Parole.
L’Equipe œcuménique d’Animation Biblique, pour réaliser ces deux objectifs, propose la formation d’une équipe d’animation qui a pour but de prendre en charge la préparation, l’exécution et l’évaluation du projet. Si l’itinéraire est réalisé en une grande assemblée, et/ou lors de la conclusion d’une action liturgique, il serait bien que la personne qui présidera, participe à la préparation.
3.1 ITINÉRAIRE
Cet itinéraire est composé de quatre étapes : projection, analyse, appropriation et conclusion. On part de la vie pour retourner à elle après une réflexion sur le texte biblique. À la fin, la réflexion devient prière. Ces quatre étapes sont clairement signalées dans la brochure-guide qui est distribuée aux participants au début de la réunion.
Pour commencer l’animateur indique dans les grandes lignes les quatre étapes qui composent l’itinéraire et ce qui est demandé en chacune d’elles, de sorte que les participants aient une vision globale de ce qu’ils vont faire.
Première étape : Projection
On part du présupposé que personne ne s’approche de la Bible les mains vides. Nous allons vers elle avec notre histoire personnelle, les expériences de vie, les préoccupations du moment. Par conséquent, il s’agit ici de prendre conscience de notre situation vitale pour ensuite accueillir ce que le passage biblique nous dit. Dans cette première étape on peut commencer avec :
– Une image (une diapositive, un poster …), qui ait une relation avec le passage biblique.
À partir de cette image on formule une ou deux questions, qui aident à situer notre vie face au texte choisi. Par exemple, devant une image qui représente la salutation de Marie à Elisabeth : Quelle est la salutation la plus habituelle que nous adressons à nos parents, et à nos voisins ? L’impact de l’image permet de rompre facilement la glace et de mettre en jeu des dimensions de la personne normalement peu utilisées : les émotions, les sentiments, la sensibilité…
– On peut aussi partir d’une question. Par exemple, dans le passage de la Samaritaine (Jn 4,1-42) : De quoi ont-elles soif les personnes avec lesquels tu te mets en rapport quotidiennement ? Et, toi de quoi as-tu soif ?
La dynamique à suivre dans cette première phase est simple :
– Présentation par l’animateur.
– Temps de réflexion personnelle.
– Partage en petits groupes.
– Proclamation du passage biblique.
Une fois que l’animateur a posé la question initiale, en partant ou non de l’image, on laisse des moments de réflexion personnelle. L’objectif est que chacun pense à quelle expérience il va partager avec le groupe comme réponse à la question formulée. Ensuite on passe aux petits groupes (quatre ou cinq personnes proches) pour partager l’expérience évoquée par l’image et/ou par la question.
Après l’échange en petits groupes, on passe à la proclamation du passage choisi (si on est en une assemblée liturgique, il serait opportun que la proclamation soit faite en commun, pour tous les groupes à la fois).
Il est très recommandé que chaque petit groupe (soit que l’itinéraire se réalise dans le contexte d’une célébration liturgique ou bien en dehors de la célébration), ait un animateur. Sa fonction est celle de coordonner, motiver à participer, éviter que quelques membres du groupe parlent trop et que d’autres ne puissent pas intervenir, orienter le dialogue en évitant la dispersion, etc.
Il serait souhaitable aussi que quelqu’un prenne note des idées qui apparaissent, pour la mise en commun dans le grand groupe. Cette étape aura une durée approximative de 10 minutes.
Deuxième étape : Analyse
Dans cette étape le groupe entre dans le monde de l’histoire biblique, un monde éloigné dans le temps et du point de vue de la culture. En s’approchant à ce monde on cherche à découvrir quel sens avait ce passage pour ses premiers destinataires.
Les questions, formulées dans la brochure-guide qui a été distribué aux participants au début de la réunion, visent deux objectifs qui concernent le texte :
– Observation : Il s’agit de « scruter » le texte pour découvrir ce qu’il dit. Il peut être utile souligner certains mots ou certaines expressions, étudier les personnages…
– Compréhension : On essaye de découvrir ce que voulait dire le texte biblique aux premiers destinataires. Il faut que l’animateur lise les questions de cette étape et de toutes les autres aussi, à haute voix pour que les participants du groupe entendent bien.
Les questions doivent être très bien formulées, de sorte quelles aident à pénétrer dans les aspects les plus significatifs du texte en laissant de côté ce qui est secondaire. Même s’il y a dans le passage plusieurs points d’intérêt, et nous sommes à la conclusion d’une liturgie, on peut partager l’assemblée en deux ou trois grands groupes, de sorte que chacun étudie un aspect. Ce qui importante n’est pas de tout comprendre avec le risque de disperser, mais de se concentrer et faire ressortir clairement, une idée que nous porterons ensuite dans notre vie.
Par exemple, si nous avons choisi le passage de la Samaritaine (Jn 4,4-42), on pourrait proposer quelques-unes unes des questions suivantes :
– Quels sont les personnages qui interviennent dans le dialogue ?
– Où se déroule ce dialogue ?
– De quoi parlent Jésus et la Samaritaine?
– Est-ce que la femme comprend Jésus ?
– Comment réagit Jésus? Qui a vraiment soif, Jésus ou la Samaritaine?
À ce point l’animateur joue un rôle clef, parce qu’il doit être celui qui aide pour que le sens du texte jaillisse du groupe. Il doit faire en sorte que tous participent ; et éviter que le groupe n’aille par des chemins secondaires. Pour cela il doit, si c’est nécessaire, réorienter le groupe avec ses suggestions, et poser les questions opportunes … Dans le déroulement de cette étape d’analyse, il y a trois moments:
– L’animateur présente cette étape aux participants, en précisant que ce qui est important est de savoir ce que dit le texte, et que pour le découvrir ils peuvent se servir des questions de la brochure-guide, en les lisant toutes calmement.
– Temps de silence pour le travail personnel des participants : relire le texte, l’observer, le comprendre à partir des questions formulées.
– Dans le groupe on partage les réflexions personnelles.
Ceci se fait en petits groupes, mais si l’itinéraire se déroule lors de la conclusion d’une action liturgique, cette étape peut être remplacée par l’homélie dans laquelle on explique le texte, en suivant ces mêmes démarches. Le temps prévu pour cela pourrait être environs 20 minutes.
Troisième étape : Interprétation- appropriation
Dans cette troisième étape on lit le texte comme Parole de Dieu qui interpelle notre existence individuelle et communautaire aujourd’hui.
L’animateur du groupe (ou le président de l’assemblée) explique brièvement le but de cette troisième étape : découvrir ce que le texte biblique dit à moi personnellement, et ce que nous dit le texte ici et maintenant.
Les questions de la brochure-guide orienteront le dialogue autour de ces deux points :
– Se confronter : Il s’agit de découvrir le message de la Parole de Dieu pour nous aujourd’hui. Par exemple, si nous avons choisi d’utiliser une image, on peut se retourner vers elle pour la compléter avec ce qui a été découvert dans l’étude du texte: Le tableau est inachevé. Il faut que tu le complètes, à partir de la réflexion sur le texte, qu’est-ce que tu y ajouterais? Si au lieu de l’image nous avons entamé l’itinéraire avec une question, maintenant on en formule une autre qui, à partir du texte, soit orientée à la vie. En reprenant le texte de la Samaritaine, que nous avons proposé au début, on pourrait poser la question suivante :
Est-ce que tu expérimentes Jésus comme l’eau vive qui étanche ta soif ?
– S’engager : Il ne faut pas seulement réfléchir, mais aussi réaliser ce qui a été découvert, en prenant quelque engagement concret : Est-ce que le texte, sur lequel nous avons réfléchi, nous demande une prise de décision, un engagement concret pour la vie ? Lequel ?
Après les étapes de Projection, Analyse et Interprétation-Appropriation il peut y avoir ou non un retour au grand groupe, pour communiquer les principales conclusions auxquelles on est arrivé. S’il s’agit d’une assemblée liturgique, on peut demander que quelques secrétaires des petits groupes présentent les résultats de leur réflexion. Cette étape peut durer environs 20 minutes.
Quatrième étape : Célébration-prière
Le grand groupe s’adresse au Seigneur de manière spontanée, ou avec quelques prières qui se trouvent dans la brochure distribuée au début et que tous récitent ensemble. Si cet itinéraire a été développé au cours d’une liturgie, on peut faire des prières spontanées. La durée prévue pour cette étape est d’environ 10 minutes.
3.2 SCHÉMA DE L’ITINÉRAIRE
Projection
- – Présentation de l’animateur
- – Temps de réflexion personnelle
- – Partage en petits groupes
- – Proclamation du texte biblique
Analyse
- Présentation de l’animateur
- Temps de réflexion personnelle
- Mise en commun en petits groupes
Interprétation- Appropriation
- Présentation de l’animateur
- Temps de réflexion personnelle
- Mise en commun en petit groupe
- Mise en commun en assemblée (grand groupe)
Célébration – Prière
