La Sainte Famille (B)
Luc 2,22-40

Références bibliques :

  • Livre de la Genèse.15.1 à 6 et 21. 1 à 3 : « Ne crains pas Abraham, tu recevras de cette Alliance un merveilleux salaire. »
  • Psaume 104 : «  Le Seigneur s’est souvenu de son Alliance. »
  • Lettre de saint Paul aux Colossiens. 3. 12 à 21 : « C’est lui qui fait l’unité dans la perfection. »
  • Évangile selon saint Luc. 2. 22 à 40 : « Rempli de sagesse, la grâce de Dieu était sur lui. »

Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.
Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l’Esprit l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentait l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face de tous les peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »

On disait autrefois que la famille est le lieu où l’être humain apprend l’amour. C’est vrai qu’en général, les bébés sont cajolés et que leurs premières expériences du contact avec autrui sont de caresses et de soins divers. Quand cela fait défaut, la blessure peut faire souffrir toute la vie. Question : Jésus a-t-il lui aussi appris l’amour dans sa famille ? Certes, l’amour qui habitait Marie et Joseph était, comme pour nous tous, participation à Dieu lui-même, donc au Verbe. En un certain sens, leur amour fut « incarnation ». Pourtant, Jésus a dû apprendre lui aussi à être un homme, donc il a dû faire l’expérience de l’amour reçu et redonné. En 2,40, Luc écrit que « l’enfant grandissait, se développait et se remplissait de sagesse…» (répété en 2,52). Bien sûr, la sagesse dont il s’agit ici est l’art de discerner, l’aptitude à évaluer le bon et le mauvais. Si Jésus a « grandi » dans ce domaine-là, c’est bien qu’au départ il ne disposait pas de cette sagesse. Prenons au sérieux l’humanité du Christ. Il découvre le monde, ce monde qui vient de lui. Il s’extasie devant la beauté des fleurs des champs (Matthieu 6,28), il est surpris de constater la croissance du minuscule grain de sénevé et la dilatation de trois mesures de farine sous l’action du levain (Luc 13,18-21). Bref, il découvre toutes les réalités naturelles et humaines auxquelles « le Royaume des cieux est semblable. »

Quelle famille !

A part la visite des bergers et des mages, les évangiles de l’enfance nous racontent et nous annoncent surtout des événements redoutables : la persécution d’Hérode, la fuite en Égypte (chemin de l’Exode libérateur parcouru à l’envers), l’annonce au Temple, par Syméon, que cet enfant n’est pas pour eux mais pour les nations et la gloire d’Israël, l’annonce du glaive qui transpercera l’âme de Marie, la «fugue» inquiétante et lourde de significations de Jésus au Temple… Seules paroles de Marie et de Jésus citées dans les évangiles de l’enfance : celles du dialogue échangé à cette occasion, reproches de Marie, réponse dure à entendre de Jésus affirmant en substance qu’il n’appartient pas à ses parents, mais qu’il se doit «aux affaires de son Père». Le mot « père » du verset 49 désigne une autre personne que le même mot au verset 48. Littéralement, Jésus leur échappe. Tout au long de ces pages, Joseph reste muet : aucune parole n’est citée. Il est comme absent, « virtuel », bien qu’en Matthieu, il reçoive les messages de l’ange et prenne les décisions en conséquence. Sans parole. Donner la famille de Jésus, telle que les évangiles la présentent, comme le modèle de la famille chrétienne demande quelques nuances. En fait, nos textes ne veulent pas nous présenter une famille à imiter, ils sont faits d’anticipations, d’allusions à la Passion et à la Résurrection : « l’œuvre du Père », celle pour laquelle le Christ est venu en ce monde, sera bien l’œuvre pascale.

Et pourtant, une famille exemplaire

Ce qui vient d’être dit ne signifie pas qu’il n’y ait aucune «leçon» à tirer des évangiles de l’enfance. Répétons-le : il y a dans cette famille quelque chose qui la rend exemplaire. Quoi ? Le respect total de chacun pour la personnalité et l’itinéraire des autres. En Matthieu 1,18-23, nous voyons Joseph se soumettre au mystère de Marie. Chaque être humain vit avec Dieu le secret d’une relation unique. Quant à Joseph, les songes symboliques qui lui dictent sa conduite – trois songes liés aux événements majeurs de la vie de la famille – traduisent le dialogue incommunicable qu’il entretient avec Dieu. Jésus et Marie se soumettent à ses décisions. En ce qui concerne Jésus, il se doit aux affaires de son Père. Marie et Joseph ne comprennent pas, mais respectent la voie qu’il doit suivre (Luc 2,50). De son côté, dans le détail de la vie, « il leur est soumis » (verset 51). Tout cela est très important pour nous. Dans beaucoup de couples, en effet, le mari peut être déconcerté par la manière de se comporter de sa femme, et réciproquement : on n’avait pas prévu la manière dont il ou elle évoluerait. Bref, on s’était lié à un conjoint imaginé, rêvé. Accepter l’autre tel qu’il est et tel qu’il devient suppose un accès à l’amour véritable, ce qui ne se fait pas tout seul. Même évolution nécessaire vis-à-vis des enfants, dont on a tendance à pré-programmer l’avenir, à les rêver autres qu’ils ne sont. Tous ces dérapages, parfois funestes, nous pouvons les conjurer en méditant sur la « Sainte Famille ».

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ABRAHAM ET SARAH

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La figure d’Abraham a de quoi impressionner. Ce n’est pas sans raison que la tradition lui a donné le titre «de Père des croyants ». Sa vie familiale est marquée par l’épreuve. Non seulement, in ne peut avoir d’enfant, mais plus encore les promesses de Dieu (« Tu auras une terre et une descendance ») seront impossibles  à réaliser sans ce descendant. Quand enfin vient l’enfant si longtemps attendu, Isaac, voici qu’Abraham juge être de son devoir de l’offrir en sacrifice ! Le refrain de la lettre aux Hébreux montre bien le cœur de l’attitude d’Abraham : «Grâce à la foi… grâce à la foi… grâce à la foi…» L’enfant tant attendu deviendra pour lui l’enfant risqué pour être ensuite l’enfant rendu, fils de la promesse plus que jamais. «Il pensait que Dieu peut aller jusqu’à ressusciter les morts : c’est pourquoi son fils lui fut rendu ; et c’était prophétique.» Prophétie de Jésus lui-même, le Fils unique mis à mort et rendu à la vie par la résurrection.

JOSEPH ET MARIE

Comme Abraham et Sara, Joseph et Marie ont été affrontés à l’épreuve de la confiance : «Comment cela se fera-t-il… ?», demande Marie à l’Ange. « Ton fils provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée », lui dit Siméon. La note dramatique de cette prophétie ne doit pourtant pas masquer la joie de la rencontre du Messie reconnu et confessé dans ce visage nouveau-né : « Mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé à la face des peuples : lumière pour éclairer les nations païennes et gloire de ton peuple Israël » Tout est déjà donné, y compris l’appel adressé à tous les peuples du monde pour entendre l’évangile et vivre de la foi, comme Abraham, père d’une multitude. Mais aussi comme Marie, la femme du oui, la femme de la foi forte et active, qui, dès le départ, accepte les joies et les épreuves de son choix. Comme Joseph, enfin, l’homme juste, ajusté à la volonté de Dieu, pour assumer avec dignité et autorité la mission envers sa jeune épouse et envers le Fils de Dieu à qui il donne un nom qui l’inscrit dans une lignée humaine.

NOS FAMILLES

La foi et la confiance, même dans les jours d’obscurité, telle est la caractéristique de la famille d’Abraham et de celle de Nazareth. Nos familles d’aujourd’hui, prises dans bien des turbulences souvent, sont tout autant provoquées à la foi et à la confiance. Pour cela, elles ne peuvent se passer de cette source de grâce que sont la prière et la liturgie. Elles ne peuvent se dispenser de la vie sacramentelle et de l’écoute de la Parole de Dieu.

C’est par là qu’elles pourront recevoir la grâce d’un amour qui tend plus à donner qu’à recevoir, d’un amour fait d’attention à l’autre et de respect qui lui permet de grandir en devenant responsable.

Que la famille des patriarches, que la famille de Jésus, nous inspirent et nous donnent le courage de relever un tel défi !

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« L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. »  Après les péripéties des événements reliés à la naissance de Jésus et aux rites religieux qui le concernent, nous retrouvons donc l’enfant et ses parents, Marie et Joseph, à Nazareth, en Galilée. C’est là qu’il va grandir auprès de ceux qui, on peut le penser, l’aiment plus que tout au monde. 

À part le bref épisode de son escapade au temple à l’âge de 12 ans, nous perdons de vue pendant 30 ans celui que nous retrouvons auprès de Jean-Baptiste avant qu’il ne s’engage avec des disciples dans la tournée missionnaire que l’on sait, d’abord en Galilée, puis en Judée jusqu’aux événements tragiques de Jérusalem. Et on connaît la suite…

La sainte famille de Nazareth, il nous est proposé de la contempler pour qu’elle nous soit l’exemple, le modèle qui nous guide dans notre expérience de la vie familiale. La famille de Jésus, Marie et Joseph pourtant n’a rien en apparence de bien spécial. Elle a été comme bien des familles juives, à l’époque, fortement marquée par la tradition ancestrale, la religion, dans un équilibre relationnel et social de type patriarcal, c’est-à-dire dans un cadre de vie dominé par la figure du père.

Nous constatons évidemment une grande différence de ce modèle familial de Nazareth avec ce qui se vit de nos jours, du moins chez nous au Québec. Nous avons d’ailleurs de la peine à nous y retrouver, tellement notre société a changé. Les couples n’ont plus la stabilité d’autrefois. On se sépare facilement pour recomposer autrement la famille. Les enfants vont et viennent d’une maison à l’autre. On trouve des parents adoptifs qui sont du même sexe, des femmes célibataires vivant seules avec un ou plusieurs enfants. Nos repères sociométriques ont  bien changé. Est-il approprié de parler encore de l’humble et bien classique famille, menant une vie cachée et sans histoire, à Nazareth? Peut-elle vraiment nous servir de modèle?

Si c’était par nostalgie, pour revenir au bon vieux temps, pour pleurer sur notre sort et déplorer nos possibles maladresses d’aujourd’hui, une telle référence serait sans doute mal venue et inutile. Si c’est pour nous recentrer sur l’essentiel, pour nous accompagner dans nos désirs de redressement, pour nous parler de miséricorde, d’amour, de foi, de rédemption, alors ce recours fait du sens et peut grandement nous inspirer et nous aider.

            Permettez-moi de citer ici pour terminer ces mots parmi bien d’autres du pape François, lui qui fait tellement pour rejoindre les gens d’aujourd’hui aux prises avec des situations inédites et des défis immenses. Le pape prenait la parole à Philadelphie, aux USA, le 26 septembre 2015, lors d’une fête des familles organisée pour sa visite là-bas : « Dieu est entré dans le monde par une famille, disait le pape. Et il a pu le faire parce que cette famille était une famille qui avait le cœur ouvert à l’amour, qui avait les portes ouvertes. Pensons à Marie, jeune fille ! Elle ne pouvait le croire : « Comment cela peut-il arriver ? » Et quand on le lui a expliqué, elle a obéi. Pensons à Joseph, rêvant de former un foyer, et il se trouve devant cette surprise qu’il ne comprend pas. Il accepte, il obéit. Et dans l’obéissance par amour de cette femme, Marie, et de cet homme, Joseph, se forme une famille dans laquelle Dieu vient. Dieu frappe toujours aux portes des cœurs. Il aime à le faire. Cela lui vient du cœur. Mais savez-vous ce qu’il aime le plus ? Frapper aux portes des familles. Et trouver les familles unies, trouver les familles qui s’aiment, trouver les familles qui aident leurs enfants à grandir et les éduquent, et qui les font progresser, et qui créent une société de bonté, de vérité et de beauté. »

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