17e dimanche
du Temps Ordinaire – A


Références bibliques

  • Premier livre des Rois : 3. 5 à 12 : “ Donne à ton serviteur un coeur attentif.”
  • Psaume 118 : “J’aime tes volontés plus que tout l’or le plus précieux.”
  • Lettre de saint Paul aux Romains : 8. 28 à 30 : “Destinés à être l’image de son Fils.”
  • Evangile selon saint Matthieu : 13. 44 à 52 : “Ayant trouvé une perle d’un grand prix, il va vendre tout ce qu’il possède.”

Évangile selon saint Matthieu (Mt 13, 44-52)

Jésus disait à la foule cette parabole :
« Le Royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l’homme qui l’a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète ce champ.
Ou encore : Le Royaume des cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines.
Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète la perle.
Le Royaume des cieux est encore comparable à un filet qu’on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons.
Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s’assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien.
Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges viendront séparer les méchants des justes et les jetteront dans la fournaise : là il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Avez-vous compris tout cela ? — Oui », lui répondent-ils.
Jésus ajouta : « C’est ainsi que tout scribe devenu disciple du Royaume des cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. »


zundel-cezanne

Le trésor du Royaume
Homélie de Maurice Zundel

Homélie à des enfants, Lausanne en 1962

J’ai connu une jeune fille ‑ qu’est‑ce qu’elle avait, dix-sept, dix-huit ans? – qui perdait la tête. Et c’était affreux de penser, qu’à l’âge où elle était, elle allait être condamnée, toute sa vie, à vivre dans la folie.

Et une femme médecin, admirable de générosité, s’est émue. Elle l’a prise chez elle, elle l’a soignée génialement. Et, surtout, elle l’a tellement aimée, elle a donné à cette jeune fille un amour si dévoué et si maternel que, finalement, la lumière est revenue dans l’âme de cette jeune fille, elle a retrouvé la raison, elle était sauvée! C’est admirable!

Est‑ce que ça ressemble à l’Evangile? Est‑ce là que l’Evangile veut nous conduire? Est‑ce que notre Seigneur veut nous apprendre, justement, que le plus grand trésor qu’il y ait au monde, c’est la pensée, c’est le cœur de l’homme? Mais bien sûr, bien sûr.

Que nous dit l’Evangile? L’Evangile nous dit que le Royaume de Dieu, c’est une perle, c’est un trésor caché. Et où ce trésor est‑il caché? Mais notre Seigneur le dira à la Samaritaine: il est caché dans notre cœur. C’est là, justement, qu’est le Royaume de Dieu.

Il est caché comme un soleil invisible dans notre cœur. Et la perle du Royaume, cette perle qu’il faut acheter en donnant tous ses biens, cette perle du Royaume, c’est nous-même, c’est nous-même quand nous recevons la lumière de Dieu et, comme un merveilleux diamant, nous laissons passer en nous tout ce feu de la présence et de l’amour de Dieu.

C’est ça qui est capital. Vous êtes ici pourquoi? Justement pour apprendre à connaître l’homme, pour croire en l’homme, la chose la plus difficile du monde.

Il y a des tas de gens qui disent qu’ils croient en Dieu, mais c’est un faux Dieu car, pour trouver le vrai Dieu, il faut d’abord croire en l’homme, il faut croire que c’est en l’homme que tout se passe.

C’est dans l’homme qu’est caché le trésor du Royaume. Et que, c’est pour sauver ce Royaume, au-dedans de nous-même, que Jésus est venu, que Jésus a souffert, que Jésus est mort, que Jésus nous rassemble, ce matin, et qu’il nous attend.

Ecoutez! Chaque fois que vous manquez  de bonté pour un de vos camarades, pour un de vos frères ou une de vos sœurs, à plus forte raison pour votre père ou pour votre mère, vous êtes aussi loin que possible de l’Evangile.

Il y a un grand peintre qui s’appelle Cézanne. Il était un petit garçon comme vous et il y avait dans son école un autre petit garçon qui était malingre, faible, mal fichu et tous ses camarades se jetaient sur ce petit faiblard et le rouaient de coups.

Et Cézanne qui était bon, qui était courageux, prit parti pour ce petit camarade persécuté. Il entra dans la bataille et il l’arracha aux mains de ses camarades qui le persécutaient. Et, le lendemain, ce petit camarade que Cézanne avait sauvé lui apporta un magnifique panier de pommes.

Et plus tard, quand Cézanne fut devenu un grand peintre, il peignit une nature morte, il peignit un compotier chargé des plus belles pommes du monde. Et c’est un des plus beaux tableaux de Cézanne.

Et tous ceux qui connaissent l’histoire de Cézanne pensent que, dans son souvenir, c’est le panier de pommes du camarade qu’il avait délivré qui s’était transfiguré et qui avait donné lieu à ce chef-d’œuvre.

Eh bien! Voilà, l’Evangile, c’est cela. Il faut respecter la vie. Il faut découvrir en nous le trésor du Royaume, cette perle d’un prix unique. Et, c’est dans la mesure où vous serez chics et généreux pour vos camarades, où vous aurez le respect de vos parents et de vos maîtres, c’est dans la mesure où, à cause de vous, on sentira que la vie humaine a une valeur infinie, que vous serez chrétiens.

http://www.mauricezundel.com

Précieux trésor

Le trésor caché dans un champ et la perle fine convoitée par un négociant nous révèlent les conditions d’accès au vrai bonheur dont parle Jésus.  Le Royaume des cieux est un bien si précieux que rien ne peut vraiment lui être préféré.  Il est pour nous une opportunité qu’il ne faut absolument pas manquer. Il convient même d’investir toutes nos ressources pour acheter cette perle unique, pour posséder finalement le trésor.  Ce marché n’est pas conclu à la légère, il ne nécessite pas non plus de pénibles sacrifices. Il se présente comme une chance inattendue qui nous est donnée. C’est la découverte d’un appel, l’annonce d’une Bonne Nouvelle, une merveilleuse évidence, une certitude inouïe, celle que donne la foi. Il est normal de ne rien vouloir d’autre que d’acquérir ce trésor ou cette perle suite à la connaissance qu’il nous est donné d’en avoir, soudainement dans notre parcours quotidien, par hasard peut-être ou au terme d’une longue recherche.

Il s’agit donc pour nous d’être sage, de savoir discerner, reconnaître le Règne de Dieu annoncé, d’opter sans détour et sans retour pour ce trésor enfoui dans le champ du monde : et ce trésor c’est le Christ, le Sauveur, le Seigneur, le Rédempteur. Avec lui notre vie ne peut qu’être bouleversée, transformée, bonifiée. Avec lui tout nous est donné. Le Royaume des cieux n’est-il pas radicalement la joie, la paix, l’amour et la liberté ?

La religion chrétienne nous a peut-être parue parfois lourde d’exigences, de pratiques difficiles et tatillonnes. Ce n’est pas là la vérité de notre foi. Le salut apporté par le Christ est gratuit, il est donné, il est œuvre de grâce, de miséricorde et de tendresse de la part de notre Dieu. Ce qu’il nous coûte, c’est rien ! C’est le simple et nécessaire dépouillement requis pour l’accueil du salut, l’humilité qu’il faut pour nous laisser sauver. C’est d’accepter de répondre à l’amour par l’amour. Si nous entrons dans l’univers de la foi et du Royaume, c’est pour vivre le plein régime de la gratuité, de la générosité, de la communion et de l’amour.

Frères et sœurs, ayons du respect et de l’admiration pour nos amis des autres traditions spirituelles. Rappelons-nous toutefois notre héritage, notre trésor, la perle, le Christ, et la chance merveilleuse que nous avons de le connaître et de pouvoir témoigner partout de son amour et de son universel salut.

Par Jacques Marcotte, o.p.
http://www.spiritualite2000.com

Jésus Christ, trésor à découvrir, aimer, partager
Romeo Ballan mccj

La recherche d’un trésor caché est un jeu toujours passionnant. L’enchantement d’une perle précieuse déchaîne l’imaginaire… Trésor et perle (Évangile), découverts comme dons gratuits, renvoient immédiatement à la parole de Jésus: “là où tu as ton trésor, là se trouvera aussi ton cœur” (Mt 6,21). Le langage de Jésus en paraboles, un ensemble de sept paraboles (Mt. 13), se termine par celles que nous méditons aujourd’hui: le trésor caché (v. 44), la perle précieuse (v. 45-46) et le filet de pêche (v. 47-48). Le trésor et la perle reprennent l’idée de fond qui liait les paraboles (précédentes) du semeur, celles de la graine de moutarde et du levain. Tandis que les paraboles de l’ivraie et du filet sont semblables entre elles. Les sept images constituent des chemins didactiques qui permettent à Jésus d’accompagner ses disciples à la compréhension du Royaume dans sa réalité mystérieuse de Royaume de Dieu, ou Royaume des Cieux. Il s’agit de sept chemins qui amènent le disciple à un choix de valeur: il doit se compromettre e faire son choix !. L’enjeu de l’option n’est autre que Jésus lui-même: c’est lui la plénitude du Royaume! Il est la bonne semence, la Parole que le Père sème dans le champ du monde et qui est en mesure de le transformer de l’intérieur grâce à la force qui est intime à la graine même, ou à la pincée de levain. Il est le trésor caché et la pierre précieuse, qui est à rechercher à tout prix, et en tout cas à préférer à n’importe quelle autre valeur. Il faut lui ouvrir notre cœur, et à lui seul, pour éviter ainsi le danger d’être jetés comme l’ivraie, ou les mauvais poissons (v. 48).

Les images du trésor et de la perle permettent à Jésus de retrouver les traditions de beaucoup de peuples, habitués à de telles images de trésors et de perles précieuses. D’après l’Évangile et la tradition chrétienne, le Royaume des Cieux est pensé et exprimé comme une réalité multiple: pour Jésus, le Royaume des Cieux est d’abord Dieu-même, aimé et annoncé. Le Royaume est aussi la beauté de la grâce divine, qui nous configure à l’image du Fils (II lecture). Il est aussi la mission à porter aux peuples qui ne connaissent toujours pas le Christ. Et il est encore la fidélité de l’amour à l’intérieur de la famille, ou la vocation de consécration, ou un projet de bien à accomplir. Il est aussi la sagesse du cœur que Salomon demande et reçoit de Dieu, un don bien plus important qu’une longue vie, que la richesse ou la victoire sur les ennemis (I lecture)… C’est donc la valeur suprême, le Christ justement, qui a poussé les martyrs à sacrifier leur vie, les missionnaires à quitter leur famille et leur patrie, le chrétien à renoncer à beaucoup de choses. Le tout dans la joie et sans hésitations! (v. 44).

Bref! nous pouvons conclure que le trésor, c’est le Christ, don absolument gratuit; également le Royaume, en toute sa plénitude, c’est encore le Christ: connu, aimé, annoncé. Le Pape Paul VI nous en a donné un témoignage passionnant dans son homélie missionnaire du 29 novembre 1970, devant deux millions de personnes au “Quezon Circle” de Manille (Philippines): «‘Malheur à moi si je ne prêchais pas l’Évangile!’ (1Cor 9,16)… Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant. Il est le Maître de l’Humanité, et son Rédempteur. Il est le centre de l’histoire et du monde entier. Il est aussi celui qui nous connaît et nous aime, le compagnon et l’ami de notre vie, l’homme des douleurs et de l’espérance… On pourrait continuer indéfiniment, parlant de lui sans arrêt. Il est la lumière et la vérité, Il est même ‘le chemin, la vérité, la vie’ (Jn 14,6). Jésus est le pain et l’eau vive qui apaisent en nous la faim et la soif. Il est notre pasteur, notre guide, exemple, réconfort, Il est notre frère… A tous les hommes j’annonce que Jésus est alpha et oméga, début et fin. Il est le roi du monde nouveau, le secret de l’histoire des hommes, la clé de nos destins. Il est le médiateur, qui unit la terre au Ciel, le ‘Fils de l’homme’ qui est Fils de Dieu, infini, éternel. Il est encore le Fils de Marie… Jésus Christ! Rappelez-vous: c’est notre annonce éternelle, la voix que nous faisons résonner sur toute la terre, et pour les siècles des siècles» (cf. Liturgie des Heures, II lecture, Dim. XIII T.O.). Aujourd’hui encore, Jésus Christ est le thème essentiel de l’annonce missionnaire, parce que la plus grande partie de la famille humaine ne le connaît toujours pas. Beaucoup d’autres témoins et annonciateurs sont toujours nécessaires!