«Toujours plus… vite ! » Vertige de l’instantané et de l’immédiateté, fatigue due au flux tendu de certains agendas ? Certes, mais rien ne peut plus attendre : tel dossier à rendre le jour même, tel message électronique auquel il est de bon ton de répondre dans l’heure qui suit, tel lieu à atteindre en un temps record… Les journées ne sont plus assez longues, nos rythmes s’accélèrent frénétiquement. Nous devenons ainsi de plus en plus « pressés », aux deux sens du terme. Bien que certaines choses se fassent plus vite, il y a toujours plus à faire et l’urgence semble être partout.

Face à cela, nous connaissons pourtant l’infinie patience de Dieu à notre égard, qui s’inscrit dans la plénitude de notre temps. Pourquoi Dieu s’arrête-t-Il donc, le septième jour ? Pourquoi institue-t-Il ainsi un sabbat en signe d’alliance entre Lui et son peuple ? Pourquoi Jésus attend-il trente ans avant d’accomplir sa mission (sans compter les jours de désert…) ? Être davantage…, n’est-ce pas, à certains moments, savoir perdre du temps, s’arrêter, attendre, en faire moins, prendre du recul et un peu de repos pour devenir davantage capable de voir si, vraiment, tout cela est très bon ?

« Toujours plus… loin ! Toujours plus… haut ! » Nous faisons des expériences et menons des recherches, dans tous les domaines. Il est d’ailleurs de notre responsabilité de chercher à comprendre ce monde puisque, comme le dit St-Ignace, « les autres choses sur la terre sont créées pour l’homme, et pour l’aider dans la poursuite de la fin pour laquelle il est créé. » Néanmoins nous sommes souvent tentés de croire, après chaque record battu, que nous pouvons tout maîtriser, tout essayer, agissant même parfois comme si nous n’avions ni foi ni loi, au risque de nous égarer ou de nous perdre. Mais vient toujours un moment où nous touchons nos limites, qu’elles soient physiques ou intellectuelles, qu’elles soient personnelles ou propres à ceux qui nous entourent… Nous mesurons alors notre finitude, inscrits que nous sommes dans un espace et un temps donnés. Il nous arrive pourtant de découvrir que nous cherchons très loin ce qui est très près : Dieu, infiniment présent, non pas dans un ciel inaccessible, mais à hauteur d’homme, au cœur de chacun. Pour cela, il nous faut abandonner nos fuites chimériques vers ces lointains ailleurs, arrêter nos courses aux performances, pour nous laisser davantage rejoindre par l’essentiel du quotidien de nos vies. Il ne s’agit pas d’une résignation passive, faute de moyens, mais d’un changement radical de cap, d’une conversion active qui renonce à l’exploit humain pour la gloire de Dieu.

« Plus blanc… » Il n’y a pas que pour la lessive que nous sommes tentés par le « toujours plus» de la toute puissance (rien ne résiste) et de la perfection (plus aucune tache !)… alors que Dieu nous invite au davantage de la sainteté… « Que nous désirions et choisissions uniquement ce qui nous conduit davantage à la fin pour laquelle nous sommes créés» (c’est-à-dire : « louer, respecter et servir Dieu»), tel est le Principe énoncé par Ignace de Loyola : une invitation à considérer nos vies, non pas comme une accumulation croissante d’une quantité de choses à faire, mais comme une manière dynamique d’être orienté vers Dieu, où le « davantage » est de l’ordre de la tension, de l’intensité et de l’amplitude, d’un cœur large et généreux qui s’ouvre toujours et encore.

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