Vingt-sept petits cailloux noirs et blancs pour ne pas se perdre en forêt…

  1. COMME devant un puzzle découpé dans le bois, la foi consiste à admettre que toutes les pièces étalées devant soi forment un tout, que toutes les pièces sont données, et que ce tout fait sens. Dès lors, on se laisse guider par la certitude que chaque inflexion dans le bois, chaque angle a son correspondant, que chaque couleur se prolonge ailleurs, là, quelque part sous nos yeux, dans le flot des formes offertes. C’est l’œuvre de toute une vie, et on peut passer des années sans placer une seule pièce, et pourtant, c’est là, sans piège et sans repentance.
  2. ATTENTION ! ça a l’air comme ça d’un exercice innocent, mais ça peut mener loin : on apprend quelques règles, on se laisse prendre au jeu, et on se retrouve bientôt dans un désert de rocaille et de sueur où on croise des anges… Fuir sans honte, il en est encore temps : la partie n’est pas égale. Éviter même de croiser son regard. Danger ! Qu’il dévoile à d’autres ses boniments, à d’autres moins vulnérables, moins sensibles, … moins prêts à se laisser séduire.
  3. TOUT prendre : profiter d’un moment d’euphorie pour dire oui à tout. – avec une parfaite inconscience, oui aux articles les plus secs du Credo, oui aux exigences les plus folles de l’Evangile, oui à l’aventure la plus insensée, oui à la perte de tout ce qui nous entoure, si nécessaire, oui à tout désir, même le plus inavouable, comme la réalisation du royaume dès ici-bas.
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  4. TOUT prendre : dire oui quand le cœur est sans rien, ni personne, sous les mailles d’un filet lesté de plomb, dans l’agonie des sens. Oui à la mort du Fils de l’homme, oui à Celui-là et à ses choix qui l’ont conduit à cette mort très amère et très ignominieuse, qui l’a atteint en pleine heure de midi et en la force de sa jeunesse, trouver un souffle de voix pour dire oui, parce que c’est tout ce qui est en notre pouvoir, parce que c’est tout ce qui nous est demandé tout est déjà accompli.
  5. RESTER éveillé et en tenue de combat. Tenir sa lampe allumée. Ne jamais se croire sûr de ses défenses, car c’est un malin, et il connaît l’art d’enlever les places-fortes. C’est un séducteur. Il se met à l’affût, à distance et de nuit, muscle et velours, et malheur ! à qui s’endort un instant : il bondit dans la place !
  6. LUI demander des comptes – haut et fort – pour ses perpétuelles absences. Pourquoi lui seul peut-il entrer et sortir chez nous/aller et venir comme il l’entend/s’attarder un instant/tout bouleverser, et repartir sans un mot d’explication. Pourquoi se conduit-il en maître et seigneur? – Parce qu’il l’est, en vérité? – Et alors ! la belle excuse !
  7. MANIFESTEMENT, il n’écoute rien! Il entend, mais n’écoute pas: nuance! Dès lors, pourquoi se fatiguer à l’appeler, à se plaindre, à lui demander de réaliser ses promesses? Il ne changera rien au cours des choses ni un iota à la loi: les aveugles restent aveugles. Qui l’a déjà vu se mettre au travail? On croirait vraiment que ça y est, que tout est prêt, que tout est réalisé, qu’il n’y a rien à ajouter, que son œuvre est parfaite! A l’en croire, il suffirait d’ouvrir les yeux pour s’en apercevoir, … même les aveugles !
  8. ATTENTION ! il entend tout. Tout est noté, même les demandes faites dans le secret, sans témoins, portes closes. (Sinon, on ne pourrait faire confiance à personne, et rien n’aurait plus de sens). J’ai mis dans ma liste au fil des ans beaucoup plus de choses que vous ne sauriez croire, depuis mon ours en peluche jusqu’à mes dernières amours, et ce ne sera pas une mince affaire le jour où il faudra accomplir tout cela ! Car je ne parle pas ici d’un royaume de pacotille, mais d’un vrai palais, construit de pierres de justice et de vérité, dans un pays où la mort – enfin se désespère. Certains m’ont fait savoir, qu’à leur avis, il s’agirait d’une simple métaphore. Mais où ont-ils la tête ? Il suffit pourtant de regarder autour de soi !
  9. QUAND il nous regarde d’un drôle d’air, pour nous faire comprendre qu’on est en train de tout gâcher, d’en faire trop, ou de travers, et qu’on n’a rien compris, une fois de plus, faire ce qu’il demande : quitter le jeu. Retourner au pays, partir très loin. Faire savoir, avec beaucoup d’amertume dans la voix, que, puisque c’est comme ça, on va reprendre des activités qui nous éloigneront certainement de lui, et pour longtemps ! « Vado piscari ».
    Ne pas se faire trop d’illusions sur nos capacités à cacher notre déception, et occuper ses mains comme on peut.

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