Le pape François dévoile les secrets de la confession.
Au cœur du Carême, le Pape donne de précieux conseils aux confesseurs du monde entier.

« N’oublions jamais qu’il n’existe aucun péché que Dieu ne puisse pardonner ! Si le confesseur n’a pas fait cette chose laide que confesse le pénitent, c’est simplement par la grâce de Dieu. Moi, prêtre, est-ce que j’aime autant le Seigneur que cette petite vieille ? Même le plus grand pécheur qui vient devant Dieu pour demander pardon est terre sacrée… »

Le pape François dévoile les secrets de la confession

Les conseils que le pape François vient de donner aux prêtres du monde entier, à travers son discours aux participants au cours annuel sur le for interne proposé aux nouveaux et futurs prêtres par le tribunal de la Pénitencerie apostolique, valent tout l’or de la miséricorde.

On y retrouve un Pape qui se sait et se sent pécheur « comme tout le monde » et qui invite tout prêtre à marcher sur cette voie de l’humilité ;  un Pape formé à l’école de Thérèse de Lisieux, qui, entre le ni-ni de la rigidité et du laxisme, recentre toujours la vie chrétienne sur l’infinie miséricorde de Dieu. Voici, traduits et présentés par Aleteia, les principaux passages de ce précieux discours, cadeau fait aux prêtres sur la route qui mène vers Pâques.

Seul ce qui est soustrait à la divine miséricorde ne peut être pardonné

N’oublions jamais, autant comme pénitent que comme confesseur, qu’il n’existe aucun péché que Dieu ne puisse pardonner ! Aucun ! Seul ce qui est soustrait à la Divine Miséricorde ne peut être pardonné, de même que quiconque se soustrait au soleil ne peut être ni illuminé ni réchauffé.

La confession : pas une torture mais une rencontre libératrice

La confession ne doit pas être une « torture », mais [au contraire], tous devraient sortir du confessionnal avec le bonheur dans le cœur et le visage rayonnant d’espérance, même si parfois – nous le savons – il est mouillé par les larmes de la conversion et de la joie qui en dérive. Le sacrement (…) ne doit pas devenir un interrogatoire lourd, fastidieux et envahissant. Ce doit être au contraire une rencontre libératrice et riche d’humanité, à travers laquelle on puisse éduquer à la miséricorde, ce qui n’exclut pas, et même comporte, le juste engagement de réparer, autant que possible, le mal commis.

Faire grandir la relation personnelle avec Dieu

Ainsi, le fidèle se sentira invité à se confesser fréquemment et apprendra à le faire le mieux possible, avec cette délicatesse d’âme qui fait tant de bien au cœur – et même au cœur du confesseur ! De cette façon, nous les prêtres, nous faisons grandir la relation personnelle avec Dieu, afin que le Règne d’amour et de paix de Dieu se dilate dans les cœurs.

Ni laxisme, ni rigidité

Si souvent, on confond la miséricorde avec le laxisme (mot qui résume l’expression utilisée par le Saint-Père : « l’essere confessore di manica larga », intraduisible comme telle en français, ndlr). Mais réfléchissez à ceci : un confesseur miséricordieux n’est, ni un confesseur laxiste, ni un confesseur rigide. Aucun des deux. Le premier parce qu’il dit : « Allez, ça, ce n’est pas un péché, allez allez, Dieu pardonne tout ! ». L’autre parce qu’il dit : « Non, la loi dit… ».

Comme le Bon Pasteur, qui a pris sur Lui la brebis perdue

[En fait] aucun des deux ne traite le pénitent comme un frère, ne le prend par la main et ne l’accompagne dans son parcours de conversion ! Au contraire, le miséricordieux l’écoute, lui pardonne, il s’en charge et l’accompagne, parce que oui, la conversion commence – peut-être – aujourd’hui, mais elle doit continuer avec persévérance… Il le prend sur lui, comme le Bon Pasteur qui va chercher la brebis perdue et la prend sur Lui.

Un confesseur qui prie, qui pleure et se sait pécheur

La miséricorde signifie se charger du frère ou de la sœur et les aider à marcher (…) et qui peut faire cela ? Le confesseur qui prie, le confesseur qui pleure, le confesseur qui se sait plus pécheur que le pénitent. Et s’il n’a pas fait cette chose laide que confesse le pénitent, c’est simplement par la grâce de Dieu. Miséricordieux, c’est être proche et accompagner le processus de conversion.

Se laisser éduquer par l’âme sainte et l’enfant prodigue

À vous les confesseurs, je dis : laissez-vous éduquer par le sacrement de réconciliation. Combien de fois il nous arrive d’écouter des confessions qui nous édifient ! Des frères et des sœurs qui vivent une authentique communion personnelle et ecclésiale avec le Seigneur et un amour sincère pour les frères. Des âmes simples, des âmes pauvres en esprit, qui s’abandonnent totalement au Seigneur, qui font confiance à l’Église et donc, aussi au confesseur. Il nous est aussi souvent donné d’assister à de vrais miracles de conversion. Des personnes qui depuis des mois, voire des années, sont sous la domination du péché et qui, comme l’enfant prodigue, font un retour sur eux-mêmes et décident de se relever et de retourner à la maison du Père pour implorer le pardon.

Examiner sa conscience, à la lumière de son ministère

Combien pouvons-nous apprendre de la conversion et du repentir de nos frères ! Ils nous poussent à faire nous aussi un examen de conscience : moi, prêtre, est-ce que j’aime autant le Seigneur que cette petite vieille ? Moi prêtre, qui a été fait ministre de sa miséricorde, suis-je capable d’avoir la miséricorde qui est dans le cœur de cet pénitent ? Moi, confesseur, suis-je disponible au changement, à la conversion, comme ce pénitent au service duquel j’ai été mis ?

Ministre de la réconciliation par pure grâce de Dieu

Quand on écoute les confessions sacramentelles des fidèles, il faut toujours garder le regard intérieur tourné vers le ciel, vers le surnaturel. Nous devons avant tout raviver en nous la conscience que personne n’est placé dans un tel ministère de par ses propres mérites. Ni à cause de ses compétences théologiques ou juridiques, ni grâce à ses qualités humaines ou psychologiques. Nous avons tous été constitués ministres de la réconciliation par pure grâce de Dieu, gratuitement et par amour, et même, vraiment par miséricorde. Moi qui ai fait ceci, ceci et cela, maintenant, je dois pardonner.

Même la façon d’écouter l’aveu des péchés doit être surnaturelle

(…) L’expérience de la honte : moi, en entendant ce péché, cette âme qui regrette avec tant de peine, tant de délicatesse d’âme, suis-je capable d’avoir honte de mes péchés ? (…) Nous sommes ministres de la miséricorde grâce à la miséricorde de Dieu. (…) Si je n’ai pas fait cela, si je ne suis pas tombé dans ce vilain péché ou si je ne suis pas en prison, c’est seulement par pure grâce de Dieu ! Et non par mes propres mérites. Et cela, nous devons le ressentir au moment de l’administration du sacrement. Même la façon d’écouter la confession des péchés doit être surnaturelle : écouter de façon surnaturelle, de façon divine, respectueuse de la dignité et de l’histoire personnelle de chacun, pour qu’il puisse comprendre ce que Dieu veut de lui.

Même le plus grand pécheur est une terre sacrée

L’Église est appelée à « initier ses membres – prêtres, personnes consacrées et laïcs – à cet “art de l’accompagnement”, pour que tous apprennent toujours à ôter leurs sandales devant la terre sacrée de l’autre » (Evangelii Gaudium, 169). Même le plus grand pécheur qui vient devant Dieu pour demander pardon est « terre sacrée », et moi-même, qui dois lui pardonner au nom de Dieu, je peux faire des choses plus laides que celles qu’il a faites. Tout fidèle repentant qui s’approche du confessionnal est « terre sacrée », terre sacrée à cultiver avec dévouement, soin et attention pastorale.

Marie, Mère de Miséricorde et refuge des pécheurs

Confions-nous à l’intercession de Marie, Mère de Miséricorde et refuge des pécheurs. Elle sait comment nous aider, nous les pécheurs. J’aime beaucoup lire les histoires de saint Alphonse Marie de Ligori et les différents chapitres de son livre Les gloires de Marie : ces histoires de Marie, qui est toujours le refuge des pécheurs et comment Dieu peut tous leur pardonner. Qu’elle nous enseigne cet art !

Aleteia, Elisabeth de Baudoüin

14.03.2015