Méditations du Pape François à l’occasion des
Journées Mondiales de la Vie Consacrée

Trois questions :
par quoi sommes-nous poussés ?
que voient nos yeux?
que serrons-nous dans nos bras?
Deux personnes âgées, Siméon et Anne, attendent dans le temple l’accomplissement de la promesse faite par Dieu à son peuple : la venue du Messie. Mais leur attente n’est pas passive, elle est pleine de mouvement. Suivons donc les mouvements de Siméon : il est d’abord poussé par l’Esprit, puis il voit le salut dans l’Enfant, et enfin il l’accueille dans ses bras (cf Lc 2, 26-28). Arrêtons-nous simplement sur ces trois actions et laissons-nous traverser par quelques questions importantes pour nous, pour la vie consacrée en particulier.
La première est : par quoi sommes-nous poussés ? Siméon se rend au temple « sous l’action de l’Esprit » (v. 27). L’Esprit Saint est l’acteur principal de la scène : c’est lui qui embrase le cœur de Siméon du désir de Dieu, c’est lui qui ravive dans son âme l’attente, c’est lui qui dirige ses pas vers le temple et rend ses yeux capables de reconnaître le Messie, même s’il se présente comme un pauvre petit enfant. C’est ce que fait l’Esprit Saint : il rend capable de percevoir la présence de Dieu et son œuvre, non pas dans les grandes choses, ni dans les apparences extérieures, ni dans les exhibitions de force, mais dans la petitesse et la fragilité. Pensons à la croix : là aussi, il y a de la petitesse, de la fragilité, aussi du drame. Mais là, il y a la force de Dieu. L’expression « sous l’action de l’Esprit » nous rappelle ce qu’on appelle en spiritualité « motions spirituelles » : ce sont ces mouvements de l’âme que nous ressentons en nous et que nous sommes appelés à écouter, pour discerner s’ils proviennent de l’Esprit Saint ou d’ailleurs. Faire attention aux motions intérieures de l’Esprit.
Alors, demandons-nous : par qui nous laissons-nous principalement mouvoir : par l’Esprit Saint ou par l’esprit du monde? C’est une question à laquelle nous devons tous nous confronter, surtout nous, consacrés. Tandis que l’Esprit fait reconnaître Dieu dans la petitesse et dans la fragilité d’un enfant, nous, nous risquons parfois de penser à notre consécration en termes de résultats, d’objectifs, de succès : nous nous déplaçons à la recherche d’espaces, de visibilité, de nombres : c’est une tentation. Mais l’Esprit ne demande pas cela. Il désire que nous cultivions la fidélité quotidienne, dociles aux petites choses qui nous ont été confiées. Comme la fidélité de Siméon et d’Anne est belle ! Chaque jour ils se rendent au temple, chaque jour ils attendent et prient, même si le temps passe et que rien ne semble arriver. Ils attendent toute leur vie, sans se décourager et sans se plaindre, en restant fidèles chaque jour et en alimentant la flamme de l’espérance que l’Esprit a allumée dans leurs cœurs.
Nous pouvons nous demander, nous, frères et sœurs : qu’est-ce qui motive nos journées? Quel amour nous pousse à aller de l’avant? L’Esprit Saint ou la passion du moment, c’est-à-dire n’importe quoi? Comment évoluons-nous dans l’Église et dans la société? Parfois, même derrière l’apparence de bonnes œuvres, peuvent se cacher le ver du narcissisme ou la frénésie du protagonisme. Dans d’autres cas, tout en accomplissant beaucoup de choses, nos communautés religieuses semblent être animées davantage par la répétition mécanique – faire les choses par habitude, seulement pour les faire – que par l’enthousiasme d’adhérer à l’Esprit Saint. Ça nous ferait du bien, à chacun, de vérifier aujourd’hui nos motivations intérieures, discernons les motions spirituelles, car le renouveau de la vie consacrée passe d’abord par là.
Une deuxième question : que voient nos yeux? Siméon, poussé par l’Esprit, voit et reconnaît le Christ. Et il prie en disant : « Mes yeux ont vu le salut » (v. 30). Voilà le grand miracle de la foi : elle ouvre les yeux, transforme le regard, change la vision. Comme nous le savons à travers de nombreuses rencontres de Jésus dans les Évangiles, la foi naît du regard compatissant avec lequel Dieu nous regarde, en déliant les duretés de notre cœur, en guérissant ses blessures, en nous donnant des yeux nouveaux pour nous regarder nous-mêmes et le monde. Un regard nouveau sur nous-mêmes, sur les autres, sur toutes les situations que nous vivons, même les plus douloureuses. Il ne s’agit pas d’un regard naïf, non, mais sage. Le regard naïffuit la réalité ou feint de ne pas voir les problèmes. Ils’agit au contraire d’un regard qui sait “voir à l’intérieur” et “voir au-delà”; qui ne s’arrête pas aux apparences, mais qui sait entrer aussi dans les fissures de la fragilité et des échecs pour y percevoir la présence de Dieu.
Les yeux âgés de Siméon, bien que fatigués par les années, voient le Seigneur, ils voient le salut. Et nous? Chacun peut se demander : que voient nos yeux? Quelle vision avons-nous de la vie consacrée? Le monde la voit souvent comme un “gaspillage” : “Mais regarde, ce garçon si doué devenir Frère”, ou bien “une fille aussi douée, devenir sœur… C’est du gâchis. Si au moins il était laid ou elle était laide… Non, ils sont bons, c’est du gâchis”. C’est ainsi que nous pensons. Le monde voit peut-être la vie consacrée comme une réalité du passé, quelque chose d’inutile. Mais nous, communauté chrétienne, religieuses et religieux, que voyons-nous? Sommes-nous tournés vers l’arrière, nostalgiques de ce qui n’existe plus, ou bien sommes-nous capables d’un regard de foi tourné vers l’avenir, qui va au-delà? Avoir la sagesse de regarder – c’est l’Esprit qui la donne – de bien regarder, bien mesurer les distances, comprendre la réalité. Ça me fait beaucoup de bien de voir des personnes consacrées âgées, qui, avec des yeux lumineux, continuent à sourire, donnant de l’espoir aux jeunes. Pensons à tous les moments où nous avons croisé de tels regards et bénissons Dieu pour cela. Ce sont des regards d’espérance, ouverts à l’avenir. Et peut-être cela nous fera du bien, en ces jours-ci, de rencontrer, de rendre visite à nos frères religieux et à nos sœurs religieuses âgés, pour les regarder, pour parler, pour demander, pour entendre ce qu’ils pensent. Je pense que ce sera un bon médicament.
Frères et sœurs, le Seigneur ne manque pas de nous donner des signes pour nous inviter à cultiver une vision renouvelée de la vie consacrée. Il le faut, mais à la lumière, sous les motions de l’Eprit Saint. Nous ne pouvons pas faire semblant de ne pas les voir, et continuer comme si de rien n’était, en répétant les choses de toujours, en nous traînant par inertie dans les formes du passé, paralysés par la peur du changement. Je l’ai dit souvent : aujourd’hui, la tentation de reculer, par sécurité, par peur, pour conserver la foi, pour conserver le charisme fondateur… C’est une tentation. La tentation de reculer et de conserver les “traditions” avec rigidité. Mettons-nous à l’esprit que la rigidité est une perversion, et sous toute rigidité il y a de graves problèmes. Ni Siméon ni Anne étaient rigides, non, ils étaient libres et ils avaient la joie de faire la fête : lui, louant le Seigneur et prophétisant avec courage à la mère; et elle, comme une bonne vieille femme, allant d’un côté àl’autre en disant : “Regardez ceux-ci, regardez cela !”. Ils ont donné l’annonce avec joie, les yeux pleins d’espérance. Pas d’inertie du passé, pas de rigidité. Ouvrons les yeux : à travers les crises – oui, c’est vrai, il y a des crises -, le nombre qui fait défaut – “Mon Père, il n’y a pas de vocations, maintenant nous irons au bout du monde pour voir si nous en trouvons quelques-unes” -, les forces qui diminuent, l’Esprit invite à renouveler notre vie et nos communautés. Et comment ferons-nous cela? Il nous indiquera le chemin. Nous, ouvrons notre cœur avec courage, sans peur. Ouvrons notre cœur. Regardons Siméon et Anne : même s’ils ont un âge avancé, ils ne passent pas leur temps à regretter un passé qui ne reviendra pas, mais ils ouvrent les bras à l’avenir qui vient à leur rencontre. Frères et sœurs, ne gaspillons pas l’aujourd’hui en regardant l’hier, ou en rêvant d’un lendemain qui n’adviendra jamais, mais mettons-nous devant le Seigneur, en adoration, et demandons des yeux qui sachent voir le bien et percevoir les voies de Dieu. Le Seigneur nous les indiquera si nous si nous le demandons. Avec joie, avec force, sans peur.
Enfin, une troisième question : que serrons-nous dans nos bras? Siméon accueille Jésus dans ses bras (cf. v. 28). C’est une scène tendre et pleine de signification, unique dans les Évangiles. Dieu a mis son Fils entre nos bras parce qu’accueillir Jésus est l’essentiel, le centre de la foi. Parfois, nous risquons de nous perdre et de nous disperser dans mille choses différentes, de nous fixer sur des aspects secondaires ou de nous plonger dans les choses à faire, mais le centre de tout c’est le Christ qu’on doit accueillir comme Seigneur de notre vie.
Quand Siméon prend Jésus dans ses bras, ses lèvres prononcent des paroles de bénédiction, de louange, d’émerveillement. Et nous, après de nombreuses années de vie consacrée, avons-nous perdu la capacité de nous émerveiller? Ou avons-nous encore cette capacité? Faisons un examen là-dessus, et si quelqu’un ne la trouve pas, qu’il demande la grâce de l’émerveillement, l’émerveillement face aux merveilles que Dieu fait en nous, cachées comme celle du temple, lorsque Siméon et Anne rencontrèrent Jésus. Si les personnes consacrées manquent de paroles qui bénissent Dieu et les autres, si la joie manque, si l’élan disparaît, si la vie fraternelle n’est que peine, s’il manque l’émerveillement, ce n’est pas parce que nous sommes victimes de quelqu’un ou de quelque chose, la vraie raison est que nos bras ne serrent plus Jésus. Et quand les bras d’un consacré, d’une consacrée ne serrent pas Jésus, ils serrent le vide, qu’ils cherchent à remplir par d’autres choses, mais il y a le vide. Serrer Jésus dans nos bras : tel est le signe, tel est le chemin, telle est la “recette” du renouveau. Alors, quand nous n’embrassons pas Jésus, le cœur s’enferme dans l’amertume. C’est triste de voir des consacrés, des consacrées amers : ils s’enferment dans les plaintes pour les choses qui ponctuellement ne vont pas, dans une rigueur qui les rend inflexibles, dans des attitudes de prétendue supériorité. Ils se plaignent toujours de quelque chose : du supérieur, de la supérieure, des frères, de la communauté, de la cuisine… S’ils ne se plaignent pas, ils ne vivent pas. Mais nous devons serrer Jésus en adoration et demander des yeux qui sachent voir le bien et percevoir les voies de Dieu.Si nous accueillons le Christ à bras ouverts, nous accueillerons aussi les autres avec confiance et humilité. Alors les conflits ne s’envenimeront plus, les distances ne diviseront plus, et la tentation de d’abuser et de blesser la dignité de certaines sœurs ou de certains frères disparaîtra. Ouvrons nos bras au Christ et à nos frères! C’est là qu’est Jésus.
Bien-aimés, renouvelons aujourd’hui avec enthousiasme notre consécration! Demandons-nous quelles sont les motivations qui animent notre cœur et notre action, quelle est la vision renouvelée que nous sommes appelés à cultiver et, surtout, prenons dans nos bras Jésus. Même si nous faisons l’expérience des lassitudes et des fatigues – cela arrive : même les déceptions, ça arrive -, faisons comme Siméon et Anne qui attendent avec patience la fidélité du Seigneur et qui ne se laissent pas voler la joie de la rencontre. Avançons vers la joie de la rencontre : c’est très beau ! Remettons-Le au centre et avançons avec joie. Ainsi soit-il.
2 Février 2022
FÊTE DE LA RENCONTRE :
faire mémoire de notre rencontre fondatrice
pour raviver le premier amour
Aujourd’hui la Liturgie montre Jésus qui va à la rencontre de son peuple. C’est la fête de la rencontre : la nouveauté de l’Enfant rencontre la tradition du temple ; la promesse trouve un accomplissement ; Marie et Joseph, jeunes, rencontrent Syméon et Anne âgés. Tout, en somme, se rencontre quand arrive Jésus.
Qu’est-ce-que cela nous dit à nous ? Surtout que nous aussi sommes appelés à accueillir Jésus qui vient à notre rencontre. Le rencontrer : le Dieu de la vie se rencontre chaque jour de la vie ; non de temps en temps, mais chaque jour. Suivre Jésus n’est pas une décision prise une fois pour toutes, c’est un choix quotidien. Et le Seigneur ne se rencontre pas virtuellement, mais directement, en le rencontrant dans la vie, dans la vie concrète. Autrement, Jésus devient seulement un beau souvenir du passé. Lorsqu’au contraire nous l’accueillons comme Seigneur de la vie, centre de tout, cœur battant de toute chose, alors il vit et revit en nous. Et il nous arrive aussi ce qui arrive dans le temple : autour de lui tout le monde se rencontre, la vie devient harmonieuse. Avec Jésus on retrouve le courage d’aller de l’avant et la force de rester solides. La rencontre avec le Seigneur est la source. Il est important alors de revenir aux sources : retourner par la mémoire aux rencontres décisives qu’on a eues avec lui, raviver le premier amour, peut-être écrire notre histoire d‘amour avec le Seigneur. Cela fera du bien à notre vie consacrée, afin qu’elle ne devienne pas temps qui passe, mais qu’elle soit temps de rencontre.
Si nous faisons mémoire de notre rencontre fondatrice avec le Seigneur, nous nous apercevons qu’elle n’est pas arrivée comme une question privée entre nous et Dieu. Non, elle s’est épanouie dans le peuple croyant, à côté de nombreux frères et sœurs, dans des temps et des lieux précis. L’Evangile nous le dit, montrant comment la rencontre se passe dans le peuple de Dieu, dans son histoire concrète, dans ses traditions vivantes : dans le temple, selon la Loi, dans le climat de la prophétie, avec les jeunes et les aînés ensemble (cf. Lc 2, 25-28.34). Ainsi la vie consacrée : elle s’épanouit et fleurit dans l’Eglise ; si elle s’isole, elle se fane. Elle mûrit lorsque les jeunes et les aînés marchent ensemble, lorsque les jeunes retrouvent les racines et les aînés accueillent les fruits. Elle stagne au contraire quand on marche seul, quand on reste fixé sur le passé ou qu’on se jette en avant pour chercher à survivre. Aujourd’hui, fête de la rencontre, demandons la grâce de redécouvrit le Seigneur vivant, dans le peuple croyant, et de faire rencontrer le charisme reçu avec la grâce de l’aujourd’hui.
L’Evangile nous dit aussi que la rencontre de Dieu avec son peuple a un début et un objectif. Elle commence par l’appel au temple et elle aboutit à la vision dans le temple. L’appel est double. Il y a un premier appel « ce qui est écrit dans la Loi » (v. 23). C’est celui de Joseph et Marie, qui vont au temple pour accomplir ce que la Loi prescrit. Le texte le souligne presque comme un refrain, bien quatre fois (cf. v. 22.23.24.27). Ce n’est pas une contrainte : les parents de Jésus ne viennent pas par force ou pour satisfaire une simple formalité extérieure ; ils viennent pour répondre à l’appel de Dieu. Ensuite il y a un second appel, selon l’Esprit. C’est celui de Syméon et Anne. Cela aussi est mis en évidence avec insistance : par trois fois, au sujet de Syméon, on parle de l’Esprit Saint (cf. v. 25.26.27) et on termine avec la prophétesse Anne qui, inspirée, loue Dieu (cf. v. 38). Deux jeunes accourent au temple appelés par la Loi ; deux aînés mus par l’Esprit. Ce double appel, de la Loi et de l’Esprit, que dit-il à notre vie spirituelle et à notre vie consacrée ? Que tous nous sommes appelés à une double obéissance : à la loi – dans le sens de ce qui donne bon ordre à la vie – et à l’Esprit, qui fait des choses nouvelles dans la vie. Ainsi naît la rencontre avec le Seigneur : l’Esprit révèle le Seigneur, mais pour l’accueillir il faut la constance fidèle de chaque jour. Même les charismes les plus grands, sans une vie ordonnée, ne portent pas de fruit. D’autre part les meilleures règles ne suffisent pas sans la nouveauté de l’Esprit : loi et Esprit vont ensemble.
Pour mieux comprendre cet appel que nous voyons aujourd’hui dans les premiers jours de vie de Jésus, au temple, nous pouvons aller aux premiers jours de son ministère public, à Cana, où il transforme l’eau en vin. Là aussi, il y a un appel à l’obéissance, avec Marie qui dit : « Tout ce qu’il [Jésus] vous dira, faites-le » (Jn 2, 5). Tout. Et Jésus demande une chose particulière ; il ne fait pas tout de suite une chose nouvelle, il ne procure pas de rien le vin qui manque – il aurait pu le faire –, mais il demande une chose concrète et exigeante. Il demande de remplir six grandes amphores de pierre pour la purification rituelle, qui rappellent la Loi. Il voulait dire de transvaser environ six cent litres d’eau du puits : du temps et de la fatigue, qui paraissaient inutiles, puisque ce qui manquait ce n’était pas l’eau mais le vin ! Pourtant justement de ces amphores bien remplies « jusqu’au bord » (v. 7), Jésus tire le vin nouveau. Il en est ainsi pour nous : Dieu nous appelle à la rencontre à travers la fidélité à des choses concrètes – On rencontre toujours Dieu dans le concret – : la prière quotidienne, la Messe, la Confession, une vraie charité, la Parole de Dieu chaque jour, la proximité, surtout avec ceux qui sont dans le besoin, spirituellement et matériellement. Ce sont des choses concrètes, comme dans la vie consacrée, l’obéissance au Supérieur et aux Règles. Si on met en pratique avec amour cette loi – avec amour ! – l’Esprit survient et apporte la surprise de Dieu, comme au temple et à Cana. L’eau du quotidien se transforme alors en vin de la nouveauté et la vie, qui semble plus contrainte, devient en réalité plus libre. (…)
La rencontre qui naît de l’appel, culmine dans la vision. Syméon dit : « Mes yeux ont vu le salut » (Lc 2, 30). Il voit l’Enfant et il voit le salut. Il ne voit pas le Messier qui accomplit des prodiges, mais un petit enfant. Il ne voit pas quelque chose d’extraordinaire, mais Jésus avec ses parents, qui portent au temple deux tourterelles et deux colombes, c’est-à-dire l’offrande la plus humble (cf. v. 24). Syméon voit la simplicité de Dieu et accueille sa présence. Il ne cherche pas autre chose, il ne demande pas et ne veut pas davantage, il lui suffit de voir l’Enfant et de le prendre dans ses bras : « nunc dimittis, maintenant tu peux me laisser m’en aller » (cf. v. 29). Dieu lui suffit comme il est. En lui il trouve le sens ultime de sa vie. C’est la vision de la vie consacrée, une vision simple et prophétique dans sa simplicité, où on tient le Seigneur devant les yeux et entre les bras, et rien d’autre ne sert. La vie c’est Lui, l’espérance c’est Lui, l’avenir c’est Lui. La vie consacrée est cette vision prophétique dans l’Eglise : c’est un regard qui voit Dieu présent dans le monde, même si beaucoup ne s’en aperçoivent pas ; c’est une voix qui dit : “Dieu suffit, le reste passe” ; c’est une louange qui jaillit malgré tout, comme le montre la prophétesse Anne. C’était une femme très âgée, qui avait vécu de nombreuses d’années de veuvage, mais elle n’était pas maussade, nostalgique ou repliée sur elle ; au contraire, elle survient, loue Dieu et parle seulement de Lui (cf. v. 38). J’aime penser que cette femme ‘‘bavardait bien’’, et contre le mal du papotage elle serait une bonne marraine pour nous convertir, car elle allait d’un endroit à un autre en ne faisant que dire : ‘‘C’est lui ! C’est cet enfant ! Allez le voir !’’. J’aime la voir ainsi, comme une femme du quartier.
Voilà la vie consacrée : louange qui donne joie au peuple de Dieu, vision prophétique qui révèle ce qui compte. Quand c’est ainsi, elle fleurit et devient un rappel pour tous contre la médiocrité : contre les baisses de profondeur dans la vie spirituelle, contre la tentation de jouer au rabais avec Dieu, contre l’accommodation à une vie facile et mondaine, contre la lamentation – les plaintes –, l’insatisfaction et le fait de pleurer sur son sort, contre l’habitude du “on fait ce qu’on peut” et du “on a toujours fait ainsi” : ce ne sont pas des phrases en accord avec Dieu. La vie consacrée n’est pas survivance, ce n’est pas de se préparer à l’‘‘ars bene moriendi’’ : cela, c’est la tentation d’aujourd’hui face à la baisse des vocations. Non, elle n’est pas une survivance, elle est vie nouvelle. ‘‘Mais… nous sommes peu nombreux…’’ – c’est une vie nouvelle. C’est une rencontre vivante avec le Seigneur dans son peuple. C’est un appel à l’obéissance fidèle de chaque jour et aux surprises inédites de l’Esprit. C’est une vision de ce qu’il importe d’embrasser pour avoir la joie : Jésus.
2 Février 2019
FÊTE DE LA RENCONTRE :
rencontre générationnelle,
car jamais de prophétie sans mémoire,
jamais de mémoire sans prophétie
Quarante jours après Noël, nous célébrons le Seigneur qui, en entrant dans le temple, va à la rencontre de son peuple. Dans l’Orient chrétien, cette fête est précisément désignée comme la ‘‘Fête de la rencontre’’ : c’est la rencontre entre le Divin Enfant, qui apporte la nouveauté, et l’humanité en attente, représentée par les anciens du temple.
Dans le temple se produit également une autre rencontre, celle entre deux couples : d’une part les jeunes gens Marie et Joseph, d’autre part les anciens Siméon et Anne. Les anciens reçoivent des jeunes gens, les jeunes gens se ressourcent auprès des anciens. Marie et Joseph retrouvent en effet dans le temple les racines du peuple, et c’est important, car la promesse de Dieu ne se réalise pas individuellement et d’un seul coup, mais ensemble et tout au long de l’histoire. Et ils trouvent aussi les racines de la foi, car la foi n’est pas une notion à apprendre dans un livre, mais l’art de vivre avec Dieu, qui s’apprend par l’expérience de ceux qui nous ont précédés sur le chemin. Ainsi, les deux jeunes, en rencontrant les anciens, se retrouvent eux-mêmes. Et les deux anciens, vers la fin de leurs jours, reçoivent Jésus, le sens de leur vie. Cet épisode accomplit ainsi la prophétie de Joël : « Vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions » (3, 1). Dans cette rencontre, les jeunes voient leur mission et les anciens réalisent leurs rêves. Tout cela parce qu’au centre de la rencontre se trouve Jésus.
Regardons-nous, chers frères et sœurs consacrés. Tout a commencé par la rencontre avec le Seigneur. D’une rencontre et d’un appel, est né le chemin de consécration. Il faut en faire mémoire. Et si nous faisons bien mémoire, nous verrons que dans cette rencontre nous n’étions pas seuls avec Jésus : il y avait également le peuple de Dieu, l’Église, les jeunes et les anciens, comme dans l’Évangile. Il y a là un détail intéressant : tandis que les jeunes gens Marie et Joseph observent fidèlement les prescriptions de la Loi – l’Évangile le dit quatre fois – ils ne parlent jamais ; les anciens Siméon et Anne arrivent et prophétisent. Ce devrait être le contraire : en général, ce sont les jeunes qui parlent avec enthousiasme de l’avenir, tandis que les anciens gardent le passé. Dans l’Evangile c’est l’inverse qui se passe, car quand on rencontre le Seigneur, les surprises de Dieu arrivent à point nommé. Pour leur permettre d’avoir lieu dans la vie consacrée, il convient de se rappeler qu’on ne peut pas renouveler la rencontre avec le Seigneur sans l’autre : ne jamais laisser quelqu’un derrière, ne jamais faire de mise à l’écart générationnelle, mais s’accompagner chaque jour, mettant le Seigneur au centre. Car si les jeunes sont appelés à ouvrir de nouvelles portes, les anciens ont les clefs. Et la jeunesse d’un institut se trouve dans le ressourcement aux racines, en écoutant les anciens. Il n’y a pas d’avenir sans cette rencontre entre les anciens et les jeunes ; il n’y a pas de croissance sans racines et il n’y a pas de floraison sans de nouveaux bourgeons. Jamais de prophétie sans mémoire, jamais de mémoire sans prophétie ; et il faut toujours se rencontrer.
La vie frénétique d’aujourd’hui conduit à fermer de nombreuses portes à la rencontre, souvent par peur de l’autre. – Les portes des centres commerciaux et les connexions de réseau demeurent toujours ouvertes -. Mais que dans la vie consacrée ceci ne se produise pas : le frère et la sœur que Dieu me donne font partie de mon histoire, ils sont des dons à protéger. Qu’il n’arrive pas de regarder l’écran du téléphone portable plus que les yeux du frère ou de s’attacher à nos programmes plus qu’au Seigneur. Car quand on place au centre les projets, les techniques et les structures, la vie consacrée cesse d’attirer et ne communique plus ; elle ne fleurit pas, parce qu’elle oublie ‘‘ce qu’elle a sous terre’’, c’est-à-dire les racines.
La vie consacrée naît et renaît de la rencontre avec Jésus tel qu’il est : pauvre, chaste et obéissant. Il y a une double voie qu’elle emprunte : d’une part l’initiative d’amour de Dieu, d’où tout part et à laquelle nous devons toujours retourner ; d’autre part, notre réponse, qui est la réponse d’un amour authentique quand il est sans si et sans mais, quand il imite Jésus pauvre, chaste et obéissant. Ainsi, tandis que la vie du monde cherche à accaparer, la vie consacrée renonce aux richesses qui passent pour embrasser Celui qui reste. La vie du monde poursuit les plaisirs et les aspirations personnelles, la vie consacrée libère l’affection de toute possession pour aimer pleinement Dieu et les autres. La vie du monde s’obstine à faire ce qu’elle veut, la vie consacrée choisit l’obéissance humble comme une liberté plus grande. Et tandis que la vie du monde laisse rapidement vides les mains et le cœur, la vie selon Jésus remplit de paix jusqu’à la fin, comme dans l’Évangile, où les anciens arrivent heureux au soir de leur vie, avec le Seigneur entre les mains et la joie dans le cœur.
Que de bien cela nous fait, comme à Siméon, de tenir le Seigneur « dans les bras » (Lc 2, 28) ! Non pas seulement dans la tête et dans le cœur, mais dans les mains, en tout ce que nous faisons : dans la prière, au travail, à table, au téléphone, à l’école, auprès des pauvres, partout. Avoir le Seigneur dans les mains, c’est l’antidote contre le mysticisme isolé et l’activisme effréné, car la rencontre réelle avec Jésus redresse aussi bien les sentimentalistes dévots que les affairistes frénétiques. Vivre la rencontre avec Jésus, c’est aussi le remède à la paralysie de la normalité, c’est s’ouvrir au remue-ménage quotidien de la grâce. Se laisser rencontrer par Jésus, faire rencontrer Jésus : c’est le secret pour maintenir vivante la flamme de la vie spirituelle. C’est la manière de ne pas se faire absorber par une vie morne, où les plaintes, l’amertume et les inévitables déceptions prennent le dessus. Se rencontrer en Jésus comme frères et sœurs, comme jeunes et anciens, pour surmonter la rhétorique stérile des ‘‘beaux temps passés’’ – cette nostalgie qui tue l’âme -, pour faire taire le ‘‘ici plus rien ne va’’. Si on rencontre chaque jour Jésus et les frères, le cœur ne se polarise pas vers le passé ou vers l’avenir, mais il vit l’aujourd’hui de Dieu en paix avec tous.
À la fin des Évangiles, il y a une autre rencontre avec Jésus qui peut inspirer la vie consacrée : celle des femmes au tombeau. Elles étaient allées rencontrer un mort, leur chemin semblait inutile. Vous aussi, vous allez à contre-courant dans le monde : la vie du monde rejette facilement la pauvreté, la chasteté et l’obéissance. Mais, comme ces femmes, vous allez de l’avant, malgré les préoccupations concernant les lourdes pierres à enlever (cf. Mc 16, 3). Et comme ces femmes, les premiers, vous rencontrez le Seigneur ressuscité et vivant, vous l’étreignez (cf. Mt 28, 9) et vous l’annoncez immédiatement aux frères, les yeux pétillants d’une grande joie (cf. v. 8). Vous êtes aussi l’aube sans fin de l’Église : vous, personnes consacrées, vous êtes l’aube sans fin de l’Eglise ! Je vous souhaite de raviver aujourd’hui même la rencontre avec Jésus, en marchant ensemble vers lui : et cela donnera de la lumière à vos yeux et de la vigueur à vos pas.
2 Février 2018
FÊTE DE LA RENCONTRE :
avec Jésus au milieu de son peuple,
héritiers des rêves de nos pères
Lorsque les parents de Jésus ont porté l’Enfant pour accomplir les prescriptions de la Loi, Syméon, « sous l’action de l’Esprit » (Lc 2, 27), prend l’Enfant dans ses bras et commence à louer. Un cantique de bénédiction et de louange : « Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël » (Lc 2, 30-32). Non seulement Syméon a pu voir, mais il a eu aussi le privilège d’embrasser l’espérance attendue, et cela le fait exulter de joie. Son cœur se réjouit parce que Dieu habite au milieu de son peuple ; il le sent chair de sa chair.
La liturgie d’aujourd’hui nous dit qu’avec ce rite (quarante jours après la naissance) « Jésus […] se conformait […] à la loi du Seigneur, mais [que], en vérité, il venait à la rencontre du peuple des croyants » (Missel Romain, 2 février, Monition de la procession d’entrée). La rencontre de Dieu avec son peuple suscite la joie et renouvelle l’espérance.
Le chant de Syméon est le chant de l’homme croyant qui, à la fin de ses jours, peut affirmer : c’est vrai, l’espérance en Dieu ne déçoit jamais (cf. Rm 5, 5), il ne trompe pas. Syméon et Anne, dans leur vieillesse, sont capables d’une nouvelle fécondité, et ils en témoignent en chantant : la vie mérite d’être vécue avec espérance parce que le Seigneur garde sa promesse ; et Jésus lui-même expliquera cette promesse dans la synagogue de Nazareth : les malades, les prisonniers, ceux qui sont seuls, les pauvres, les personnes âgées, les pécheurs sont invités, eux aussi, à entonner le même chant d’espérance ; Jésus est avec eux, il est avec nous (cf. Lc 4, 18-19).
Ce chant d’espérance, nous l’avons reçu en héritage de nos pères. Ils nous ont engagés dans cette ‘‘dynamique’’. Sur leurs visages, dans leurs vies, dans leur dévouement quotidien et constant, nous avons pu voir comment cette louange s’est faite chair. Nous sommes héritiers des rêves de nos pères, héritiers de l’espérance qui n’a pas déçu nos mères et nos pères fondateurs, nos aînés. Nous sommes héritiers de nos anciens qui ont eu le courage de rêver ; et comme eux, aujourd’hui, nous voulons, nous aussi, chanter : Dieu ne trompe pas, l’espérance en lui ne déçoit pas. Dieu vient à la rencontre de son peuple. Et nous voulons chanter en nous introduisant dans la prophétie de Joël : « Je répandrai mon pouvoir sur tout esprit de chair, vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions » (3, 1).
Cela nous fait du bien d’accueillir le rêve de nos pères pour pouvoir prophétiser aujourd’hui et retrouver ce qui un jour a enflammé notre cœur. Rêve et prophétie ensemble. Mémoire de la façon dont ont rêvé nos anciens, nos pères et mères et courage pour poursuivre, prophétiquement, ce rêve.
Cette attitude nous rendra féconds, nous, personnes consacrées, mais surtout elle nous préservera d’une tentation qui peut rendre stérile notre vie consacrée : la tentation de la survie. Un mal qui peut s’installer peu à peu en nous, dans nos communautés. L’attitude de survie nous fait devenir réactionnaires, peureux ; elle nous enferme lentement et silencieusement dans nos maisons et dans nos schémas. Elle nous projette en arrière, vers les exploits glorieux – mais passés – qui, au lieu de susciter la créativité prophétique issue des rêves de nos fondateurs, cherchent des raccourcis pour fuir les défis qui aujourd’hui frappent à nos portes. La psychologie de la survie ôte la force à nos charismes parce qu’elle nous conduit à les ‘‘domestiquer’’, à les ramener ‘‘à portée de main’’ mais en les privant de cette force créatrice qu’ils ont inaugurée ; elle fait en sorte que nous voulons davantage protéger des espaces, des édifices ou des structures que rendre possibles de nouveaux processus. La tentation de la survie nous fait oublier la grâce, elle fait de nous des professionnels du sacré mais non des pères, des mères ou des frères de l’espérance que nous avons été appelés à prophétiser. Ce climat de survie endurcit le cœur de nos aînés en les privant de la capacité de rêver et, ainsi, stérilise la prophétie que les plus jeunes sont appelés à annoncer et à réaliser. En peu de mots, la tentation de la survie transforme en danger, en menace, en tragédie ce que le Seigneur nous présente comme une opportunité pour la mission. Cette attitude n’est pas propre uniquement à la vie consacrée, mais à titre particulier nous sommes invités à nous garder d’y succomber.
Retournons au passage de l’évangile et contemplons de nouveau la scène. Ce qu’a suscité le chant de louange en Syméon et Anne, cela n’a pas été, bien sûr, de se regarder eux-mêmes, d’analyser et de revoir leur situation personnelle. Cela n’a pas été de s’enfermer de peur que quelque malheur ne puisse leur arriver. Ce qu’a suscité le chant a été l’espérance, cette espérance qui les soutenait dans la vieillesse. Cette espérance s’est vue récompensée dans la rencontre avec Jésus. Lorsque Marie dépose dans les bras de Syméon le Fils de la Promesse, le vieillard commencer à chanter, il fait une “liturgie”, il chante ses rêves. Lorsqu’elle met Jésus au milieu de son peuple, celui-ci trouve la joie. Oui, il n’y a que cela pour pouvoir nous redonner la joie et l’espérance, seulement cela nous préservera de vivre dans une attitude de survie. Uniquement cela fécondera notre vie et maintiendra vivant notre cœur. Mettre Jésus là où il doit être : au milieu de son peuple.
Nous sommes tous conscients de la transformation multiculturelle que nous traversons ; personne n’en doute. D’où l’importance que la personne consacrée soit insérée avec Jésus dans la vie, dans le cœur de ces grandes transformations. La mission – en conformité avec chaque charisme spécifique – est de nous rappeler que nous avons été invités à être levain de cette masse concrète. Certes, il peut y avoir des ‘‘farines’’ meilleures, mais le Seigneur nous a invités à faire lever la pâte ici et maintenant, avec les défis qui se présentent à nous. Non par une attitude défensive, non poussés par nos peurs, mais les mains à la charrue, en cherchant à faire croître le grain souvent semé au milieu de l’ivraie. Mettre Jésus au milieu de son peuple signifie avoir un cœur contemplatif, capable de discerner comment Dieu marche dans les rues de nos villes, de nos villages, de nos quartiers. Mettre Jésus au milieu de son peuple signifie prendre en charge et vouloir aider à porter la croix de nos frères. C’est vouloir toucher les plaies de Jésus dans les plaies du monde, qui est blessé et désire et demande à ressusciter.
Nous mettre avec Jésus au milieu de son peuple ! Non comme des activistes de la foi, mais comme des hommes et des femmes qui sont continuellement pardonnés, des hommes et des femmes unis dans le baptême pour partager cette onction et la consolation de Dieu avec les autres.
Nous mettre avec Jésus au milieu de son peuple, car « nous ressentons la nécessité de découvrir et de transmettre la “mystique” de vivre ensemble, de se mélanger, de se rencontrer, de se prendre dans les bras, de se soutenir, de participer à cette marée un peu chaotique qui [avec le Seigneur] peut se transformer en une véritable expérience de fraternité, en une caravane solidaire, en un saint pèlerinage… […] Si nous pouvions suivre ce chemin, ce serait une très bonne chose, très régénératrice, très libératrice, très génératrice d’espérance ! Sortir de soi-même pour s’unir aux autres » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 87) non seulement fait du bien, mais aussi transforme notre vie et notre espérance en un chant de louange. Mais cela, nous ne pouvons le réaliser que si nous faisons nôtres les rêves de nos pères et les transformons en prophétie.
Accompagnons Jésus pour qu’il rencontre son peuple, pour qu’il soit au milieu de son peuple, non pas dans la lamentation ou dans l’anxiété de celui qui a oublié de prophétiser parce qu’il ne prend pas en charge les rêves de ses pères, mais dans la louange et dans la sérénité ; non pas dans l’agitation mais dans la patience de celui qui se fie à l’Esprit, Seigneur des rêves et de la prophétie. Et ainsi, nous partageons ce qui nous appartient : le chant qui naît de l’espérance.
2 Février 2017